Wanre del' Wyrdffel [Topic terminé > suite à Ûru'Baen]

[Si t'es plus sympathique quand 'es crevé, je veux que tu sois fatigué plus souvent! lol!

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Tallagh avait esquissé un sourire quand elle répéta la formule de protection de la lame, fraîchement, elle se moquait éperdument de cette épée et elle en avait une autre dans son sac. Une autre qu’elle n’utiliserait pas même si elle savait qu’elle pourrait s’y habituer en plein combat, cette épée avait appartenu à son frère, et si elle était physiquement capable de s’en servir, le mental ne suivrait pas. En plus, Tallagh ressemblait à son frère, comme si le fait que la rapière dans son sac ait appartenu à son frère ne suffisait pas.

Si Elyon avait compté sur le déséquilibre de la cape de Tallagh pour entraver les mouvements de son entraîneur, elle avait vite abandonné ce maigre espoir. Il avait posé sa cape, donc elle ne pouvait plus compter sur ça. Elle n’avait à présent plus vraiment l’espoir de gagner ce combat, elle si elle voulait éviter d’autre bleus et oedèmes, elle ferait mieux d’abandonner dès maintenant le combat. Elle ne le ferait pas. Il était hors de question qu’elle abandonne, d’abord parce qu’elle était arrivée en retard ce matin et qu’elle voulait se racheter en montrant à son entraîneur de quoi elle était capable. Elle voulait gagner son estime ! Enfin, elle nota un tout petit détail, il avait une broche de très mauvais goût pour retenir sa cape, s’ils restaient amis, elle lui en offrirait une autre pour son anniversaire ! XD

Sa seule consolation fut de la voir grimacer en recevant le coup, et elle allait avoir besoin de consolation. Il hocha la tête, signe qu’il était trop occupé à réfléchir sur une stratégie pour se donner la peine de formuler une réponse correcte, et elle n’aimait pas ça. Etrangement, elle avait un très mauvais pressentiment, et il ne s’agissait pas d’une simple impression. Avant qu’elle ait eu le temps de dire « Au secours ! » ce qui en y réfléchissant bien n’était pas une durée très difficile à dépasser, Tallagh se rua vers elle et lui porta un coup sur l’épaule, la contraignant à changer de main pour tenir son épée. Bien évidemment, ce changement l’handicapait beaucoup puisqu’elle retombait sur sa main blessée. Toujours sans avoir pu réagir, elle tenta un dérisoire mouvement de défense intuitif en voyant l’épée de son entraîneur s’approcher dangereusement de son ventre, sans trop de résultat.

Enfin, il se mit en garde, réfléchissant visiblement à autre chose, ce qui laissait à Elyon le temps de revoir sa stratégie d’attaque. Elle n’avait plus l’effet de surprise, pas assez d’endurance pour le vaincre en longueur et plusieurs facteurs étaient également à revoir. D’abord, elle fatiguait mais ne piocherait pas dans l’énergie de Saphir, car elle était bien déterminée à gagner seule et laisser Saphir être fière d’elle sans qu’il n’y ait eu à bouger. Depuis le début du combat, quelque chose la tracassait. Un infime petit détail qui lui permettrait d’avoir l’avantage, et qu’elle n’arrivait malheuresement pas à cerner. Elle se décala légèrement, sentant le soleil entrer dans son zénith, il manquait plus que ça !
Elle plissa les yeux à la manière d’un chat éblouit par la lumière et réalisa que si le soleil l’incommodait, il en était peut-être de même pour Tallagh. Ca y est, elle l’avait son idée ! Comme toujours, elle bondit vers Tallagh, lui assena un coup d’épée que bien évidemment il para, il était évident qu’en attaque frontale, elle n’aurait aucune chance de le battre, mais si elle l’attaquait par derrière... Oui, ce n’était pas une stratégie honorable, mais disons qu’elle compensait la différence d’heures d’entraînement... Et le fait qu’Elyon ait appris sur le tas, Tallagh avait dû avoir une meilleure formation, elle se rappelait très bien que lorsqu’il lui avait dit son nom à Teirm, il était empreint de noblesse, et puis il n’avait pas été contrarié qu’elle lui déchire sa cape, ce qui prouvait bien qu’il avait les moyens de s’en racheter une autre, de toute façon la précédente n’était pas d’excellent goût, mais il devait s’agir de la nouvelle mode de la noblesse.

Toujours était il qu’Elyon emploierait un moyen peu orthodoxe et qu’il n’aurait pas dû lui suggérer cette idée. Après cette attaque, elle se retrouva poussé vers le côté vu qu’elle avait choisit un petit angle pour son attaque frontale. Ce petit décalage lui permit de se retrouver derrière Tallagh, continuer à le distraire d’un coup d’épée peu efficace, et surtout, ramasser de sa main libre la cape qu’il avait laissé choir sur le sol. Au moment où il était censé se retourner, elle lui envoya la cape en pleine figure et tandis qu’il était dans une semi-obscurité temporaire lui assener plusieurs coups d’épée. D’abord, deux au bras, puis en autre vers le flanc, et elle en profita pour tirer la cape vers elle...avant de passer derrière Tallagh et lui faire perdre son équilibre au moyen d’un petit coup derrière les genoux, si avec ça il ne tombait pas, c’est qu’il avait trop d’équilibre pour qu’elle parvienne à le déstabiliser. Elle était donc dans le dos de Tallagh et resta en mouvement pour éviter de refaire la même erreur. Malheureusement, le soleil l’empêchait de voir ce qui était arrivé à Tallagh, elle espérait donc qu’il ne proclame une petite pause, surtout qu’elle n’avait plus vraiment d’idées pour espérer le berner encore une fois.

Elyon était courageuse, ça, il était forcé de le reconnaître. Il faisait chaud et, sous ce soleil de plomb, le maniement de l’épée fatiguait vite. Tallagh avait l’habitude, mais il pensait que ce n’était pas le cas d’Elyon, et il l’admirait pour cela. Elle était têtue et combative, et ça lui plaisait bien ! Les deux combattants se tournaient autour, chacun observant l’autre, quand la jeune fille se lança à l’attaque. Elle attaqua de front, et Tallagh sentit aussitôt qu’elle mijotait quelque chose. Il ne la connaissait pas depuis longtemps, mais il pensait l’avoir assez étudié pour se douter qu’elle préférait ruser plutôt que de se ruer à corps perdu.

Et il avait vu juste : elle se glissa derrière lui et, au moment où il se tournait vers elle, elle lui lança sa cape au visage, l’aveuglant au passage. Le dragonnier ne réagit pas assez vite, un peu déstabilisé, et Elyon en profita pour se déchaîner contre lui, avant de le déséquilibrer en frappant dans ses genoux. Le dragonnier se laissa tomber et, veillant à bien tenir sa lame éloignée de son corps, effectua un roulé-boulé qui lui permit de s’éloigner d’Elyon avant de se relever doucement pour lui faire face. Il n’était pas à bout de souffle et se campa devant la jeune fille, sa lame d’argent à nouveau dressée devant lui, défiant Elyon du regard tout en se frottant le bras avec sa main libre. D’un petit sourire, il la complimenta.

Tu combats bien. Tu comptes un peu trop sur la ruse, et pas assez sur le combat en lui-même, mais tu es douée. J’espère que tu t’y connais en stratégie, parce que tu risques d’en avoir besoin plus tard !

Ajouta-t-il en s’approchant d’elle, son épée levée, et en lui assénant un coup de taille visant son bras. Le coup ne porta pas, car Elyon para avec habileté, mais Tallagh enchaîna les assauts, sans même laisser le temps à sa petite recrue de respirer. Il voulait lui montrer qu’être habile et rusée, c’était bien, mais qu’il fallait avoir tout de même un minimum de technique de combat pour espérer s’en sortir vivant… à moins de fuir, mais il n’avait pas l’intention d’entraîner une lâche.

Bien évidemment, dit-il un peu hors d’haleine, reculant pour observer la jeune fille, un dragonnier combat la plupart du temps à dos de dragon, et même à terre, c’est assez rare qu’il combatte seul. Mais ça peut toujours servir.

Dit-il en se ruant au combat, frappant à nouveau l’épée d’Elyon sans autre ambition que de la faire reculer…et se fatiguer. C’est sur, il avait un avantage sur elle : le physique, l’entraînement, cela comptait pour beaucoup. Et si Elyon était habile, elle ne savait pas se battre comme il était en train de le faire, en utilisant simplement sa force physique. Elle n’en aurait pas besoin, il l’espérait de tout cœur, mais un dragonnier doit savoir se battre, et il était bien forcé de lui enseigner, car elle ne pourrait pas toujours faire preuve d’autant d’astuce.

Pas trop fatiguée, j’espère ?

Demanda-t-il en donnant un coup d’épée un peu plus violent que les autres, qui l’entraîna droit sur Elyon, leurs deux épées s’entrechoquant dans une pluie d’étincelles bleutées, à cause du sort de protection qui les entouraient. Tallagh se trouvait tout près du petit visage d’Elyon, et ses yeux bruns plein de gaieté dévisageaient la jeune fille. Repoussant doucement l’épée de sa jeune Apprentie (ça fait un peu Star Wars^^) de sa main gantée, il pencha la tête sur le côté avec un sourire amusé, avant de baisser son arme.

Je crois que ça suffira pour l’instant.

Constata-t-il en passant sa main libre dans ses cheveux, essayant sans grand succès de remettre de l’ordre dans sa tignasse brune. Il était trempé de sueur, après avoir ébouriffé ses cheveux plus qu’autre chose, il rangea son épée dans son fourreau, ôtant ses gants pour passer ses mains sur sa nuque tout en souriant à Elyon.

Je pensais devoir entraîner une novice, mais je crois que je t’ai mal jugé. Désolé. Pour me faire pardonner, je t’offre une gourde pleine d’eau fraîche… je suppose que tu n’en as pas pris, je me trompe ?

Lança-t-il avec un sourire légèrement moqueur, dévisageant la jeune fille avec bonne humeur.

Elyon ne s'attendait pas à ce que Tallagh tombe, elle s'attendait à un bref revirement de situation, hé ben non! Elle fut très satisfaite de le voir tomber à terre, et il effectua un roulé-boulé très artistique. Et amusant aussi. Mais elle n'eut pas le temps de rire, il se releva _trop vite_ au goût le son apprentie et recommença à l'attaquer, malgré ce fichu soleil. Elle n'aimait pas l'idée que le combat allait continuer, elle transpirait légèrement et surtout, le soleil n'avait jamais eu d'effet positif sur sa peau, plutôt des coups de soleil. Elle avait donc abandonner l'idée de se faire bronzer après avoir eu plusieurs coups de soleil, sur les jambes notamment et avoir dû monter sur le dos de Saphir, un vrai supplice. Et elle n'était pas prête de recommencer. Pour ne pas voir Saphir gaspiller son énergie, elle avait préféré attendre que le temps finisse par soigner ces vilaines marques rouges.

Autant dire qu'elle avait eu du mal à voler à dos de dragon pendant un certain temps, bien trop long pour Saphir qui la voyait souffrir sans se plaindre, toujours obsédée par cette même idée de ne pas l'inquiéter, c'était mignon mais lassant à la fin. Il ne lui avait jamais dit de peur qu'elle prenne la mouche, façon de parler car elle avait la phobie des insectes, excepté les coccinelles, à croire que les petits trucs rouges et pois noirs la rassuraient. Cette phobie amusait terriblement Saphir quand il la voyait se faire chasser à son tour par un ours à qui elle avait tenté de voler son repas, ce qui arrivait parfois quand elle marchait dans une forêt. Et elle n'avait pas peur devant un mammifère trois plus gros qu'elle, même si elle prenait la fuite et se faisait poursuivre. Mais laissons là les petits tracas de la vie d'Elyon, car il y aurait beaucoup trop à dire pour un seul post.

D'ailleurs, la voix de Tallagh la tira de ses pensées, elle ne lui répondit pas qu'elle comptait sur la ruse car en principe, elle n'avait pas d'adversaire avec qui entraîner ses "talents" de bretteuse. Avec de la pratique, elle arrivait à un bon niveau d'escrime, mais elle ne pouvait pas compter sur des adversaires. Saphir qui aurait été ravi de jouer ce rôle dut malheureusement abandonner cette idée, l'épée d'Elyon ou celle de son frère, pourtant plus grande, pouvait à peine lui servir de cure-croc. Tallagh parla de stratégie, elle n'osa pas non plus répondre. Elle se voyait mal lui dire qu'elle s'était passionnée de stratégie le jour ou plutôt où elle avait pu piquer dans la maison d'un riche partisan de l'Empire. En fait, elle avait toujours ce livre dans son sac. Mais il était hors de question qu'elle montre le contenu dudit sac à Tallagh, trop de choses volées, quasiment que de ça en fait.

Elle para le coup d'épée qu'il voulut lui assener. Avec une facilité étonnant...il la ménageait? Tiens, non. Il enchaîna plusieurs assauts, décidant visiblement de faire durer le duel en longueur. Ce qui n’était pas avantageux pour Elyon, son épée pesait lourd et ses bras commençaient à l’élancer depuis un bon moment. La respiration de la jeune fille prit un rythme frénétique et elle s’efforça de ne pas le laisser paraître. D’abord, pour Saphir, inutile de l’inquiéter, avec un peu de chance, le duel finirait avant qu’elle ne s’évanouisse. Ensuite, parce que si elle défaillait lors du premier entraînement, Tallagh la ménagerait pour les autres. Et c’était hors de question.

Elle acquiesça quand il parla de combat à terre, en solitaire ou non, laissant croire qu’elle était trop occupée à réfléchir et pas trop fatiguée pour répondre. Quand il lui demanda en rigolant si elle n’était pas trop fatiguée, elle prit sur elle pour éviter de lui rétorquer « bien sûr que si, crétin, j’en ai pas l’air du tout, je sue à grosse gouttes sous ce foutu soleil et tu réponds à tous mes assauts depuis plusieurs minutes, l’épée que je porte et particulièrement lourde et tu voudrais que je sois en pleine forme ? » Mais elle commençait à le trouver sympathique et n’avait pas envie de le blesser en lui disant ça, même si elle était crevée.
Aussi, les mots « Je crois que ça suffira pour l’instant. » lui parurent merveilleux et elle résista tout juste à l’envie de montrer sa joie, qui aurait peut-être aboutie à une démonstration de ridicule et d’euphorie frénétique.

Elle rangea avec satisfaction son épée dans son fourreau, s’assit tranquillement contre Saphir qui était toujours allongé et lui sourit, signe que malgré tout elle était heureuse avant de se rendre compte qu’il serait temps de s’occuper de ses cheveux et l’était lamentable dans lequel ils se trouvaient. En combattant, elle ne s’était pas rendue compte que le petit ruban qui lui avait permis de les nouer en queue-de-cheval s’était emmêlé dans sa tignasse noirâtre. Tout en gardant un minimum de dignité (s’efforçant de ne pas grimacer) elle enleva le petit élastique, se servit de sa brosse pour défaire les quelques nœuds rebelles pour renoua ses cheveux, consciente qu’elle n’aurait pas l’après-midi de répit, ni le reste de la matinée pur flâner. Elle put se relever sans tituber et répondre à Tallagh, dont la dernière proposition était très alléchante.

-Eh bien non, d’habitude je passe mes journées sur le dos de Saphir ou en foret, alors j’ai la possibilité de boire tranquillement dès que je voies un point d’eau, d’ailleurs Saphir à lui aussi besoin de se désaltérer, alors cela ne le gênes pas de se poser pour que je puisse boire.

Tallagh regarda Elyon s’installer à côté de son dragon, le petit Saphìr qui ne le portait pas dans son cœur, et se glissa aux côtés de Tal’, qui ouvrit à peine un œil pour le regarder s’installer, avant de se replonger dans sa somnolence. Le dragon vert aimait bien se chauffer au soleil, et Tallagh ne pouvait s’empêcher de le comparer à un chat, enfin, un énorme chat à écailles, bien sur. Le jeune dragon adorait le soleil, la sieste, et il était fier et indépendant, exactement comme les petits félidés qui traînaient dans les maisons, chassant les rats et autres animaux nuisibles aux réserves des hommes. Il le comparait à un chat, certes, mais aurait échangé un milliard de ces bestioles contre un petit Talenka.

Sa réflexion le fit sourire et, s’appuyant sur les écailles chaudes du dragon, il se releva pour sortir deux gourdes des rabats de la selle. Elyon lui avait répondu qu’elle n’emportait jamais d’eau, et le jeune homme se fit la réflexion qu’il était devenu très prévoyant. Il réfléchissait avant, maintenant, et même s’il lui arrivait de partir à l’aventure, cela s’avérait de plus en plus rare. La plupart de ses excursions avec Tal’ étaient planifiées longtemps à l’avance, et les missions étaient toujours traitées avec prudence. Tallagh se demanda à quoi ça tenait : il avait pris de l’âge, des responsabilités, il était devenu plus sérieux…

C’est Père qui aurait été fier de moi

Soupira-t-il doucement, sans même se rendre compte qu’il avait parlé à autre voix.

Secouant la tête pour évacuer la nostalgie qui semblait soudain l’habiter, il tendit sans mot dire une gourde à Elyon, de peur que sa voix ne tremble un peu. Il était furieux contre lui-même de penser à ça, furieux aussi contre son père… Enfin, ce n’était pas le moment d’y penser, ça non, il avait des préoccupations beaucoup plus importantes en ce moment, comme Elyon par exemple. Juché sur le dos de Tal’ endormi, il regardait Elyon d’un air pensif, l’observant se recoiffer en essayant de ne pas grimacer, et cela le fit sourire. Il ne pouvait s’empêcher de s’attacher à elle, petit à petit, et cela ne s’avérait pas très bon pour la suite des événements, comme lui avait fait si judicieusement remarques la masse endormie sous ses pieds, un peu plus tôt.

Se sentant un peu réconforté, il descendit de son perchoir et, après une caresse amicale à Talenka, s’approcha d’Elyon qui avait fini de se recoiffer. Il jeta un coup d’œil aux crocs de Saphìr en passant devant le dragon, pas par peur, non, car il savait que le jeune compagnon d’Elyon ne lui ferait rien, mais plutôt par habitude. Disons qu’il faisait toujours attention aux personnes en qui il n’avait pas une totale confiance, et il savait que Saphìr entrait dans cette catégorie. D’ailleurs, cette impression devait être réciproque, le dragonnier et le dragon de son apprentie n’allait pas devenir les meilleurs amis du monde, ça, c’était sur !

Il se glissa donc aux côtés d’Elyon et, clignant des yeux dans le soleil, lui annonça la suite du programme.

Après, si tu es partante, on va voir comment vous volez, tous les deux. Je sais qu’il fait un peu chaud, mais on ne peut pas choisir le temps ! Alors, on se repose un peu, je laisse à ce gros paresseux le temps de se réveiller, et on décolle. Ca marche ?

Tout en parlant, il avait glissé un regard affectueux à Talenka, qui, allongé sur le flanc, avait relevé la tête en entendant son nom. Le dragon vert se releva lentement et s’ébroua, avant de grogner méchamment à l’adresse de son dragonnier qui éclata de rire. Un peu vexé, Tal’ s’approcha et colla son museau contre la poitrine du dragonnier, qui lui pinça gentiment les oreilles avant de le repousser. Tallagh se tourna ensuite vers Elyon, mais son jeune compagnon lui asséna un bon coup de tête, faisant trébucher le dragonnier qui tomba à genoux. Tallagh se tourna vers son ami avec le sourire, et annonça avec résignation.

Un partout.

Tal’ grogna avec satisfaction et retourna s’allonger, se laissant tomber sur l’herbe douce qui poussait dans la petite vallée. Epoussetant ses vêtements, Tallagh se tourna vers Elyon, le sourire aux lèvres.

Excuse moi. Il déteste que je parle de lui quand il ne peut pas se défendre, alors, je me fais un plaisir de le faire. Donc, le programme te convient ? Si tu as quelque chose à dire, n’hésite pas. Je ne mords pas, tu sais.

Dit-il en se penchant vers Elyon en tirant avec affection sur les mèches noires de la jeune fille. Cela ne le dérangeait pas qu’elle le voit jouer avec Tal’, après tout, les dragons étaient des êtres pensants, et il accordait à Tal’ la même attention qu’à un autre être humain. Etait-ce une faiblesse d’entretenir une telle complicité avec Talenka, son petit frère, comme il le surnommait avec affection ? Il ne le pensait pas, non. Ses liens avec Tal’ étaient quelque chose qui leur permettait à tous les deux de continuer à vivre, de servir leur pays et de protéger ses habitants. Le jeune Parjure ne cachait pas les liens étroits qu’il entretenait avec Tal’, et ce dernier était plutôt demandeur de marques d’affection.

Mais en tout cas, Tallagh voulait être clair : Elyon avait son mot à dire dans cet entraînement. Il était son instructeur, certes, mais pas de la même façon qu’on l’avait instruit, lui, dans la douleur et les cris. Avec Elyon, il voulait entretenir une vraie complicité, et pas être simplement un prof. Il le savait, il avait autant à apprendre d’elle qu’elle de lui, et comment mener à bien cette mission s’il n’y avait pas d’échange ? Bon, par contre, si jamais Jendaï ou même le Roi avait vent de ce qu’il faisait, il se ferait sérieusement remonter les bretelles, mais personne n’irait le leur raconter, n’est-ce pas ?

Elyon fronça les sourcils en entendant Tallagh murmurer quelques mots à propos de son père. Maintenant qu’elle y réfléchissait, elle ne savait rien sur lui et sa famille. Enfin, hormis le fait qu’il était noble e que son nom de famille était Malden et qu’il était dragonnier, bien évidemment. Elle ne pensa pas « parjure » mais dragonnier, elle n’acceptait pas le premier mot. Elle ne s’y ferait sans doute jamais. Mais elle n’avait aucune information sur sa famille, ni son entourage, il était le dragonnier de Talenka, et elle ne lui connaissait pas d’autres proches. Il en avait s’était sûr, pas nécessairement de sa famille, mais il n’était pas seul au monde. Elle n’eut pas le temps d’en faire part à Saphir, Tallagh qui s’était approché annonça la suite du programme. Elyon se retourna immédiatement vers Saphir avec un grand sourire aux lèvres.

*Ah, c’est pas toujours les mêmes qui travaillent !*
*Ben si, tu fais rien !*
*Tu oses dire ça alors que je viens de m’entraîner à l’épée ?*
*Oui, je suis réaliste !*
*Non, de mauvaise foi !*
*Réaliste !*
*Non !*
*Si !*
*Non !*
*Si !*
*Non !*
*Si !*

Et leur petit duel aurait pu durer plus longtemps si un mouvement de Talenka ne les avait pas surpris, avec assez de délicatesse pour ne pas blesser, il venait de faire tomber son dragonnier. A la vue de Tallagh tombant à genoux, Elyon et Saphir éclatèrent de rire, cela faisait un bon moment qu’ils n’avaient pas pu rire ensemble. Depuis quelques temps, ils voyageaient seuls et chacun taquinait l’autre et riait à ses dépens avant qu’il ne lui rende la pareille. Autant dire que les fous rires n’étaient plus courants, mais ils avaient assez d’humeur pour ne pas se vexer du rire de l’autre. Parfois, ils reconnaissaient s’être montrés ridicules, mais souvent un petit moment après l’évènement. Il fallait dire que si Saphir avait été humain, tout aurait été plus facile, Elyon et lui auraient pu se défendre à armes égales, mais d’un autre côté, ils n’auraient jamais été si proches, et n’auraient pas non plus eu l’occasion de voler. Et ils adoraient parcourir le ciel. Surtout qu’Elyon n’allait pas vraiment vite sur de longues distances. Mais Saphir ne pouvait pas lui reprocher, la spécialité de sa dragonnière était le sprint, elle se faisait régulièrement poursuivre ce qui lui donnait l’occasion de s’entraîner...et d’amuser Saphir avant qu’il ne se décide à intervenir.
Tallagh qui reprit la parole redevint le centre d’attention d’Elyon et Saphir, lequel dut se retenir de rire quand le parjure ajouta qu’elle pouvait lui parler et qu’il ne mordait pas. En fin de compte, il éclata quand même de rire. A ses risques et périls car Elyon lui donna un coup de pied dans la patte, pas méchamment, presque affectueux juste pour lui dire d’arrêter. Sans qu’elle s’y attende, Tallagh tira gentiment sur l’une de ses mèches de cheveux. Elle était un peu surprise que Tallagh se montre si familier avec elle mais cela ne la dérangeait pas, il était vraiment gentil, et elle aurait des remords en quittant l’Empire, c’était sûr. IL était plus sympathique qu’il ne l’avait laissé pensé à Teirm. De son côté Saphir arrêtat de pouffer de rire, ce qui était un bon début s’il voulait éviter un autre coup de pied. Elyon demanda à Saphir de se tenir tranquille, sans qu’il daigne lui obéir _il préféra jouer au dragon offusqué, rôle qui lui convenait à la perfection_ elle adressa un sourire à Tallagh avant de lui répondre malicieusement :

-Je le sais. Si j’avais cru que tu mordais, je ne pense pas que j’aurais accepté cette idée de duel, même si c’est plus moi qui me retrouvait dans ton dos que l’inverse !

Elle entreprit ensuite de commencer à voler, puisque rappelons-le, il faisait chaud et qu’elle ne voulait pas être la seule à bosser. Et puis il se la coulait douce depuis tout à l'heure, à se faire bronzer alors qu'il était couvert c'écailles et qu'elle s'acharnait depuis tout à l'heure à s'entraîner contre quelqu'un qui avait toutes les chances de l'emporter alors qu'il faisait une chaleur pas croyable!

*Allez, debout ! Gros fainéant !*
*Non, je suis très bien allongé !*
*Peut-être mais tu me porteras sur ton dos que tu le veuilles ou non!*
*Je sais pas...je vais y réfléchir et je te donne ma réponse plus tard, d’accord ?*

Elle s’agrippa à une patte de Saphir et essaya de la tirer, sans résultat bien évidemment. Elle essaya donc une autre stratégie qui lui éviterait de se fatiguer. Donc, une excellente stratégie!

*Saphir, je te rappelles que si tu ne te lèves, pas je serais obligée d’aller squatter sur le dos de Talenka en compagnie de Tallagh ...*
*Vas-y, je t’en pries.*
*Et tu sais que ma mort entraînes la tienne...*
*Je vois pas ce que tu veux dire par là.*
*Eh bien, monter sur le dos d’un dragon que je ne connais pas vraiment pourrait être dangereux, surtout que je m’attire continuellement des ennuis...et qu’il s’agit du dragon d’un parjure qui nous accompagnera.*

Saphir qui était d’un naturel jaloux ne supporta pas qu’un de ses compatriotes autre que lui puisse avoir la chance d’avoir sa dragonnière sur le dos, même si ce n’était pas vraiment un privilège, à bien y réfléchir. Mais il se leva, même s’il avait tenté de la faire marcher, il savait autant bien qu’Elyon qu’il ne la laisserait pas partir seule dans ses conditions. Bah oui, elle s’attirait un nombre impressionnant de problèmes ! Il fut donc rapidement debout et attendit qu’Elyon lui passe sa selle, et lui fasse un commentaire désagréable sur l’impression qu’elle avait, selon laquelle il aurait pris du poids. Ce qui était totalement bien sûr ! (Enfin, si on le croyait lui). Elle arriva fort heureusement à boucler la sangle, de toute façon, il s’agissait d’un modèle cheval de trait XXXXXXL donc, Saphir avait quand même des chances d’être à la bonne taille. Elle grimpa ensuite sur le dos de Saphir, il lui suffisait pour ça de prendre l’une de ses pattes pour point d’appui. Une fois hissée sur le dos de son compagnon à écailles, elle annonça à Tallagh et Talenka.

-Nous sommes prêts !

Tallagh ne s’offusqua pas quand Elyon éclata de rire, suite à la petite blague de Tal’. Il n’était pas vexé, il faut dire qu’il l’avait cherché, et il savait qu’Elyon ne se moquait pas méchamment. Et, à la vue du regard malicieux de Saphìr, Tallagh était prêt à parier que le dragon de la jeune fille trouvait ça amusant, lui aussi. Il esquissa un sourire, avant de regarder Tal’ d’un air affectueux. Le petit dragon était, si on excepte sa fiancée, la seule personne sur qui il pouvait compter, le seul à le comprendre et à partager les moindres instants de sa vie. Même Louve ne pouvait comprendre certains points de sa vie, d’ailleurs, et Tallagh songea avec un peu d’amertume que si Talenka n’était pas là, il n’aurait pu se confier à personne… tout ça parce que les secrets qu’ils connaissaient mettaient en péril ceux qui les connaissaient.

**Elle te manque ?**
**Un peu, oui. Beaucoup, en fait. Heureusement que tu es là**
**Tu avais prévu de rentrer à la maison, ce soir, non ?**
**Ouais. Mais est-ce que Louve sera là, c’est une autre question**
**Pour l’instant, occupes-toi de ta leçon. Chaque chose en son temps**

Le jeune Parjure acquiesça, et exposa à Elyon le reste du programme. La jeune fille le regarda d’un air malicieux, avant de lui faire remarquer qu’elle se retrouvait plus longtemps derrière lui que le contraire. Tallagh ne répliqua rien, parce qu’il savait que c’était vrai, mais qu’il savait également qu’Elyon n’était pas encore de taille à le battre. Elle y parviendrait, il le savait, mais pas aujourd’hui. Il l’observa en train d’essayer de faire lever le petit Saphìr, avec quelques difficultés semblait-il. Pas étonnant, si le dragon avait le même caractère que sa dragonnière, ils n’étaient pas sortis de l’auberge !

Mais le jeune homme n’intervint pas, se contentant de la surveiller de loin au cas où elle aurait besoin d’aide tout en sellant Talenka, qui se laissa faire de bonne grâce. Remerciant le dragon d’une tape sur sa peau écailleuse, Tallagh se tourna vers Elyon qui, après un instant, parvint à ses fins. Le dragonnier ne pouvait s’empêcher de la regarder faire, un sourire plaqué sur les lèvres. Il la trouvait adorable, à essayer ainsi de se démener pour seller Saphìr qui semblait avoir décidé de ne pas se laisser faire. Examinant de loin la selle de la jeune fille, Tallagh ne put s’empêcher de demander au dragon.

**Tal’ ? Tu penses qu’en remontant la piste avec les artisans du coin, on pourra retrouver le parcours d’Elyon ?**
**Comment ça ?**
**Une selle de cette taille, cela nécessite une commande spéciale. Je vais faire passer le mot dans les garnisons, pour qu’on interroge les artisans tanneurs. J’aimerais vraiment savoir d’où elle vient**
**Et risquer de la vexer en enquêtant sur elle ?****Faudrait savoir ! Je croyais que tu ne voulais pas que je m’attache !**
**Elle est ton apprentie, et enquêter sur son dos…****Je lui poserais la question et, si elle ne répond pas, je ferais passer le mot. Ca te va ?**
**A vos ordres, capitaine**

D’une bourrade, Tallagh lui fit comprendre qu’il n’aimait pas ce titre, que le dragon semblait affectionner ces derniers temps, et grimpa d’un bond souple sur sa propre selle, observant Elyon qui lui annonça que son dragon et elle étaient prêt. Tal’ était prêt également et, d’un signe de la main, le dragonnier annonça à Elyon qu’elle pouvait prendre son vol. Avant de décoller, il lui fit ses dernières recommandations.

C’est juste pour voir comment toi et Saphìr, vous vous débrouillez. Suivez Tal’, et faites ce qu’il fait. Ce n’est pas une course, c’est juste pour voir si vous êtes capable de suivre.

**Compris, Tal’ ? Ce n’est pas une course**
**Compris, cap’taine !**

Le dragonnier ne releva pas, et indiqua au dragon de prendre son envol, ce que fit Tal’ sans rechigner. Les deux compagnons adoraient voler, et ils se complétaient si bien que la plupart du temps, Tallagh n’avait même pas besoin de guider l’énorme reptile : celui-ci savait d’avance ce que voulait son dragonnier, et se faisait un plaisir de devancer ses demandes.
Talenka s’éleva lentement dans le ciel sans nuage, sans paraître affecté le moins du monde par la chaleur suffocante. Battant des ailes avec régularité, il atteignit rapidement le niveau d’altitude requis, et resta en vol stationnaire en attendant le jeune dragon d’Elyon.

Poussant un puissant grognement, le dragon vert monta ensuite en chandelle, ses ailes puissantes propulsant son corps haut dans le ciel, avant d’effectuer un looping arrière parfait. Son dragonnier, bien fixé par les sangles de la selle de Talenka, le laissa gérer son vol comme il l’entendait. Tal’ voulait épater la galerie ? Libre à lui ! Le dragon vert enchaîna en virant brusquement sur la droite, repliant à demi son aile pour éviter d’être déséquilibré par le vent, et plongea sur Saphìr, légèrement en retrait en dessous de lui. Talenka poussa un nouveau grognement de défi et continua son plongeon, les ailes le long du corps, dépassant Saphìr avant de stopper sa descente, en ouvrant ses ailes qui vibrèrent sous la pression du vent.

Elyon fut rassurée de ne pas voir Tallagh se vexer. Pas même quand Saphir esquissa un sourire, un large sourire d’ailleurs. Le dragon pensait certainement que c’était bien fait pour lui ! Elle remarqua la façon dont le parjure regardait son dragon. Un regard plein d’affection. Ils s’entendaient très bien malgré leurs petits désaccords.

*Un peu comme moi et Saphir*

Mais si elle décela un peu de mélancolie dans le regard de Tallagh, elle ne lui en fit pas part. Après tout, il ne se renseignait pas sur elle, donc elle n’avait pas à le faire sur lui. Elle aimait bien cette idée de franchise entre maître et élève, même si de ce côté elle n’avait plutôt rien à dire. En fait, elle s’en voulait de ne pas lui révéler la vérité.
Il était gentil et protecteur, mais s’il apprenait qu’elle était plus du côté des Vardens que du roi, il le serait sans doute moins. Et même jusqu’au jour où elle quitterait le plus furtivement possible l’Empire, elle voulait garder dans sa mémoire l’image d’un Tallagh sympathique, voire même gentil. En fait, elle avait déjà oublié le petit incident de tout à l’eure. Il s’était emporté, oui, mais pour la protéger. Un peu comme le frère qu’elle avait perdu. Plus le temps ou plutôt la journée passait, plus elle trouvait Tallagh gentil et attentionné. C’était une mauvaise idée, elle le savait bien, mais elle ne pouvait pas ‘empêcher de le considérer un peu comme son frère. Et l’amitié mêlée d’admiration qu’elle lui portait passerait pour une mauvaise idée au yeux de Saphir et certainement ceux de Tallagh, elle garda donc ça pour elle.

Elle fut tirée de ces pensées en voyant qu’il venait de finir d’observer Talenka et qu’il acquiesçait. Le parjure et son dragon venaient certainement d’avoir une conversation mentale. Bien qu’elle sache que cette conversation devait soit les concerner Saphir et elle soit être tellement privée que ni Talenka ni son « maître » ne voulaient en parler en présence de leurs jeunes recrues.
Mais Elyon ne leur demanda pas de quoi ils parlaient, elle l’apprendrait peut-être plus tard, et elle ne voulait pas risquer d’être impolie. Après tout, Tallagh était issu d’une famille noble et déjà qu’ils étaient bien loin des us et coutumes de la noblesse depuis ce matin, ce n’était pas la peine de s’en éloigner encore un peu. Et puis, elle se demandait déjà de qui il avait parlé quand il lui avait donné à boire il avait dit quelque chose comme... Fabrication elfe. J’en connais une qui va me tuer si elle sait que je lui ai pris...puis la parjure ne se souvenait pas du reste, mais ce n’était pas grave. Le « elle » l’intriguait, le fait que Tallagh ait piqué quelque chose a quelqu’un aussi.

*Elyon, prépare-toi, on décolle !*
*Hein ? Ah oui.*
*Toi, tu penses à autre chose, je me trompe ?*
*Pas du tout.*
*Allez, raconte tout à ton gentil dragon !*
*J’ai pas de gentil dragon !*
*Fais pas l’andouille ! Je suis très gentil, et l’sais !*
*Bon, d’accord, je pensais à la personne dont Tallagh parlait tout à l’heure ?*
*Jendaï ?*
*Non quelqu’un d’autre...Zut, fait rattraper Talenka, il est déjà trop haut !*

Saphir et sa dragonnière venaient de passer leur conversation à se regarder dans les yeux, ce qui explique qu’Elyon n’était pas vraiment droit sur sa selle et que Saphir n’avait pris son envol. Talenka attendait un peu plus haut et Saphir comme Elyon ne purent se décider à le faire attendre plus longtemps, ils devaient se montrer gentil, mignons et obéissants avec Tallagh et son dragon quelques temps.
Alors que Saphir prenait son envol, Talenka poussa un grognement qui faillit faire tomber Elyon de sa selle. Elle refoula d’ailleurs l’envie de demander qui avait hurlé comme ça, mais le cri ne pouvait venir que d’un dragon et Saphir était calme. Le dragon vert monta en chandelle et effectua un looping. Saphir réprima un soupir.

*Tu es jaloux ?*
*Non, pas le moins du monde !*
*Pourquoi tu n’as jamais tenté un truc pareil ?*
*Dois-je rappeler à mademoiselle qu’elle est la plupart du temps sur mon dos et que si je tente un truc pareil et tombe de sa selle ?*
*...*
*Et qu’elle n’as pas besoin de moi pour perdre son équilibre, surtout que ma selle s’abîme ?
*Pas la peine d’être désagréable !*
*J’énonce les faits comme ils sont !*

Saphir se prit un petit coup de poing d’Elyon mais il ne put s’empêcher d’en rire, il n’avait pas vraiment mal. Elyon n’avait pas frappé trop fort et il était protégé par ces écailles. Et puis, le poing d’Elyon avait pour lui la taille d’un gros insecte, alors il ne souffrait que de l’équivalent d’une piqûre.

*N’empêche, quel frimeur !*
*Fais en autant alors !*
*Pour que tu tombes et te transformes en bouillie de dragonnière ? Non merci, je t’ai et je te garde sur mon dos !**Possessif ! Mais là, j’ai pas à m’en plaindre ! On a de la chance que ce ne soit pas une course*
*C’est vrai, on aurait dû la perdre pour paraître inoffensifs, et l’idée ne me plaît pas*
*Tu sais pourtant qu’il faut se montrer normaux et pas extraordinaires aux yeux de Tallagh et Talenka, ne faire que le strict minimum des efforts pour le surprendre s’ils nous pourchassent quand nous partirons.*
*Oui, mais ça m’énerves ! Au fait, tu veux aller te réfugier où pendant quelques temps ?*
*Beirland ou Vroeangard.*

Talenka enchaîna quelques figures tandis que Saphir stationnait à une hauteur convenable, gardant tranquillement Elyon sur son dos. En le voyant foncer près d’eux, Saphir vit que le dragon n’essaierait que de l’intimider, il resta donc stoïque puisque son entraîneur ne cherchait pas à faire tomber Elyon. Puis il s’éloigna un peu et Saphir nota qu’il était descendu relativement bas. Il jeta un regard à Elyon qui comprit aussitôt sa pensée « Tu crois que si on n’était resté en bas il se serait quasiment écrasé pour tenter de nous intimider ? » Cette pensée les fit sourire. Mais Saphir se décida à suivre le frimeur qui lui servait d’entraîneur, (Elyon aurait aussi pu dire la même chose XD) puisque c’était la consigne donnée par Tallagh, aussi grotesque qu’ait été le comportement excessif de son dragon. Les ordre sont les ordres, surtout quand il s'agit d'une petite ballade trnaquille et pas fatiguante. Le temps que Saphir rattrappe et suive Talenka, Elyon aurait tout le temps de réviser mentalement cette partition de solfège qu'elle 'entraînait à jouer. Partition volée contrairement à la flûte qui était un cadeau de son frère. Donc, elle éviterait de parler musique avec Tallagh, de toute façon, elle espérait qu'parès ce petit vol, Saphir et elle ait un peu de temps libre.

Frimeur ? Talenka ? Absolument ! Disons que le jeune dragon n’avait guère l’occasion de se mesurer à ses semblables et que, étant le plus jeune des compagnons de son espèce au sein de l’armée du Roi, il passait plutôt son temps à montrer ce qu’il valait plutôt qu’à épater la galerie. Le jeune humain qu’il portait sur son dos aurait pu dire de même, quoique, ces derniers temps, il avait appris à fracasser les crâne de ceux qui se moquaient de lui, s’entraînant un certain respect parmi les hommes du Roi. Et le respect, c’était ce qu’il cherchait à obtenir en entrant dans l’armée, le respect et la reconnaissance. Mais bon, comme on ne peut pas tout avoir, le respect, c’était déjà pas mal.

Néanmoins, le dragonnier ne put s’empêcher de faire remarquer avec un sourire que son petit compagnon en faisait beaucoup. Il avait été tenté de dire, trop, mais il savait d’avance que Tal’ se serait vexé. Il se vexait pour un rien, ces derniers temps, et Tallagh aurait aimé comprendre pourquoi. Mais ce n’était pas le moment de chercher à percer les mystères de la dure caboche du dragon, et Tallagh préférait employer son énergie à quelque chose de plus intéressant, comme d’observer Ely et son dragon.

Ils étaient plutôt calme, assez impressionnant quand on avait pu voir Elyon en action. Malgré toute l’amitié qu’il éprouvait pour elle, le jeune homme ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle lui cachait quelque chose, et quelque chose de plutôt important, vu son attitude. Mais il avait renoncé à lui tirer les vers du nez pour ne pas compromettre leur relation (de maître à élève, d’égal à égal, hein^^) naissante. Après tout, il le saurait quand elle aurait décidé de lui dire, et pour cela, il fallait tout d’abord obtenir sa confiance.

**Cap’taine ?**
**Tal’ ? Tu ne veux pas arrêter avec ça, ça devient légèrement lassant !**
**Tu préfères demi-portion ?**

Demanda le dragon avec une pointe d’ironie. Battu, le dragonnier soupira et finit par capituler

**Quoi ?**
**Ils bougent. Tu voulais observer, c’est bien ça ?**
**Oui. Mais évite d’en faire trop, j’aimerais les garder en vie, si possible !**
**C’est toi qui décide**

Acquiesça le dragon en calmant ses acrobaties aériennes, pour se contenter de plonger vers le sol et de voler en rase-mottes, tandis que son compagnon humain observait avec intérêt le vol de Saphìr et de sa petite protégée. On avait beau donner tous les défauts que l’on voulait à Tallagh, il était observateur, et remarqua aussitôt qu’Elyon n’avait pas la tête à ce qu’elle faisait. Elle se reposait sur Saphìr pour gérer son vol, ce qui était louable, mais elle oubliait qu’un bon dragonnier n’est jamais seul : elle aurait du se concentrer sur le vol de son dragon, et non pas se perdre dans ses pensées.

Tallagh aussi le faisait, bien sur. Mais bon, il n’était pas question de lui, en ce moment. Et d’ailleurs, il le faisait de moins en moins. Conséquences du fait qu’il avait eu quelques problèmes en se montrant aussi tête en l’air ? Certainement !

**Tal’, fait demi-tour et fonce sur eux. Essaye de passer au-dessus de Saphìr, en vol inversé (genre Maverick avec le Mig, l’appareil photo en moins Xd)**
**Ca marche, cap’taine**

Tallagh soupira. Au début, ce surnom l’amusait, mais à force, cela ne le faisait plus vraiment rire. Et où Tal’ avait-il été péché ça, encore ? Les deux compagnons ne se trouvaient que rarement avec les officiers, et encore plus rarement Talenka.

Mais sans se soucier de l’énervement de son petit humain, le dragon vert effectua un brusque demi-tour vers Saphìr et, au dernier moment, roula sur le ventre. Avec son élan, il passa au-dessus d’Elyon et de son dragon, tandis que Tallagh, qui en avait profité pour tirer son épée, en donna un léger coup sur le bras d’Elyon. Il n’avait pas eu le temps de protéger la lame, mais de la façon dont il avait appuyé celle-ci sur le bras de sa jeune protégée, elle ne devait être qu’écorchée. Il n’y était pas allé fort : c’était plus pour lui montrer qu’elle devait se concentrer sur ce qu’elle faisait plutôt que de penser à autre chose. Espérant que la leçon avait porté ses fruits, il indiqua d’une caresse à Tal’ qu’il était temps de se poser, et le dragon ne se le fit pas dire deux fois.

Plongeant vers le sol, il rouvrit les ailes et se posa doucement sur l’herbe verte, étendant ses ailes pour laisser à son dragonnier la place de descendre. Celui-ci sauta à terre et, récompensant son ami d’une gratouille sur le museau, il ôta ses gants et leva la tête pour observer l’arrivée de Saphìr et de sa dragonnière.

[Petit veinard! Tu as la chance de pouvoir lire mon premier "souvenir" de rp, si tu comprends pas, va voir ma fiche!]

Elyon regarda quelques instants Talenka se pavaner dans le ciel, il était amusant, mine de rien. Elle ne demanda pas à Saphir d’en faire autant, il en était capable et elle tenait à rester sur sa selle. Autant éviter de s’écraser par terre, son dragon aurait tout le temps de voler vite quand ils s’enfuiraient. Même si avec un peu de chance personne ne les poursuivrait, Elyon comptait partir de nuit et le plus rapidement possible ; quoi de plus normal ? Elle voulait éviter à Saphir de prendre trop de risques. Surtout que c’était elle qui l’attirait dans cette galère.
Avant qu’elle ne s’en rende vraiment compte, Talenka fonça sur elle et Saphir qui dut également être surpris car il ne chercha pas à esquiver quoi que ce soit. Il poussa d’ailleurs un cri de surprise. Elyon aussi eut des raisons d’être surprise. Tallagh lui assena un coup d’épée quand il se retrouva à sa hauteur. Elle le reçut à l’épaule et constata qu’il n’avait pas protégé sa lame, c’était bien la peine de l’avoir enguelée quand elle ne l’avait pas fait ! Il lui montrait le mauvais exemple ! Saphir ne put s’empêcher de prendre des nouvelles de sa dragonnière.

*Ca va ?*
*Oui, mais je m’y attendais vraiment pas !*
*Il faudra que je fasse des reproches à Tallagh un de ces jours, ça commence à bien faire ce comportement !*
*T’inquiètes pas je survivrais et...*

Elle n’ajouta rien, coupée en plein milieu de sa phrase, elle venait de toucher sa blessure.. Saphir un peu perturbé, était elle sur le point de s’auto-corriger pour une future bêtise qu’elle comptait dire ? Ou... Il effectua un virage qui lui permit de se retourner et observer sa dragonnière. Et voir ce qu’il n’aurait jamais voulu voir. Il reconnut le regard vide d’Elyon, pas ça, pas maintenant en plein vol ! Et si, hélas !
Le regard bleu d’Elyon se fit lointain, simultanément, elle fut agitée de quelques soubresauts qui ressemblaient autant à des spasmes qu’à des frissons. Elle ne capta plus la voix mentale de Saphir qui tâchait de la ramener à la réalité. Lentement, elle s’effondra de moitié sur le dos de son dragon, un miracle qu’elle ne tombe pas. Elle tenta de lui dire quelque chose avant de sombrer dans cet état second, les mots moururent su ses lèvres, laissant Saphir seul.

*Je bascule encore...*

*

Ca y est, j’ai l’impression de tomber, tout est flou et gris. Peu à peu, les contours se précisent, je me redresse dans ma chute. Je continues de filer droit vers le sol. Je ne m’inquiète pas. Lentement, ma course ralentit, je suis bien droite comme si je descendais un escalier, mais il n’existe pas, c’est la seule différence. Je pose un pied par terre, je remarque que je suis pieds nus, comme la dernière fois, je sais pas pourquoi. Je pose mon pied sur des feuilles mortes. Elles ne craquent pas. Dans cette espèce de rêve, je n’existe pas, je suis comme un fantôme. Je vois les autres, mais ils ne me voient pas. Je n’existe pas vraiment. Mais je ne veux pas y exister. J’avance, je suis toujours aussi légère. Enfin, aussi c’est beaucoup dire vu que c’est à peine la deuxième fois ? J’essaye de ne pas penser à Saphir, plus vite j’aurais vu ce que je dois voir ici, plus vite je me réveillerais. J’essaye aussi de ne pas penser à Tallagh, si Saphir a atterri, ils me poseront des questions à mon réveil. D’ici là, il faut que je voie ce souvenir. Je ne sais pas où je suis. Donc, c’est un souvenir de mon frère. On dirait une forêt, même si je connais bien l’Alagaësia, je suis sûre de ne pas être venue ici. J’avance lentement, je viens de percevoir un bruit de voix, et je ne sais pas qui je vais voir. Mon frère et son dragon ? Ou Alex avec quelqu’un d’autre ? Je me faufile entre deux arbres. Je ne peux pas passer à travers comme un vrai fantôme. Je reconnais la silhouette de mon frère. J’ai perdu une grande partie de mes souvenirs, mais il m’est toujours aussi familier, je ne cherche pas à percer les méandres de ma mémoire, je n’y arriverais pas. Il n’est pas seul. Un autre homme se tient face à lui, je ne le connais pas, et je ne l’aie jamais vu. Mon frère et lui ne doivent pas être en bons termes car ils commencent à se battre. Je reconnais dans la paume de mon frère l’épée que notre père lui a fabriqué. Je ne me rappelles plus le nom que mon frère lui avait donné, « justice» je crois. Alex esquive avec beaucoup de souplesse une attaque et en assènes une autre à son adversaire. Du plat de l’épée, il le repousse violemment. L’autre tombe. Il se relève et mon frère évite de justesse une attaque, avant de riposter bien plus durement. L’autre saigne, il assène à mon frère un coup à l’épaule. Je vais disparaître et me réveiller. Je devais voir ce coup, je ne sais pas pourquoi. Les contours s’effacent peu à peu, j’ai l’impression de rejoindre le ciel, voler de mes propres ailes et une voix me surprends. Je regardais le ciel, je regarde de nouveau l’endroit où mon frère et l’autre se battaient. Celui-ci est amoché, autant que mon frère, ils doivent être à peu près du même niveau. L’autre lui jette un regard plein de haine et ne lui dit qu’un seul mot. Traître.

*

Elyon se réveillât sur le dos de Saphir. Elle n’était pas tombée de Saphir, il était en train d’atterrir. Elle se redressa, Tallagh devait être surpris, même si Saphir n’est sûrement visible que depuis quelques minutes, il aura eu tout le temps de la voir allongée sur le dos de Saphir ; quoique le terme « vautrée » soit plus exact.

*Je suis réveillée*
*Enfin ! Qu’est ce qui s’est passé ?*
*J’ai vu un souvenir...*
*Ca je le sais, mais qu’as-tu vu ?*
*...*

Elyon lui raconta rapidement ce qu’elle avait vu, sans préciser le dernier mot. Elle était partie quasiment juste après, mais son frère n’avait rien répondu. L’autre avait il raison de la traiter de traître ? Son frère travaillait pour les Vardens, alors pourquoi ce mot ? Il les aurait...trahis ? Elle revint vite à ses pensées présentes. Rassurer vite fait Tallagh et lui donner un prétexte autre qu’elle ait subit d’un magicien plus puissant un sort.

-C’est rien, t’en fais pas. Juste un petit malaise. Peut-être une insolation, on aurait pas dû monter si haut...

Elle lui adressa le sourire le plus convaincu qu’elle put. Elle espérait qu’il ne voudrait pas en savoir plus.

Tallagh n’avait pas quitté la jeune femme du regard, après s’être posé. Et ce qu’il vit le laissa perplexe. Après son petit survol d’Ely et de son dragon, il avait vu la jeune femme se redresser, signe qu’elle avait du comprendre la leçon. Mais là, elle semblait comme… à la dérive. Saphìr venait tout juste de se poser, et le dragonnier ignorait depuis combien de temps elle était dans cet état.

Sa petite explication, à savoir ou une insolation, ne prenait pas. Le jeune homme avait certainement plus d’expérience qu’Elyon en ce qui concernait le vol à dos de dragon, surtout parce qu’il était plus vieux qu’elle. Pas de beaucoup, c’est sur, mais il avait tout de même suffisamment d’expérience pour savoir que ce n’était pas une insolation. Par contre, il ne savait pas ce que cela pouvait bien être. La seule explication qui tenait à peu près la route était un malaise, mais pourquoi ? Pour quelle raison avait-elle perdu connaissance en plein vol ? Une chose lui disait qu’Elyon le savait, mais qu’elle ne voulait pas le lui dévoiler. Pourquoi ?

"Ouais, si tu le dis…"

Sa voix semblait déçue et Tallagh s’en voulut de lui montrer. Il faisait confiance à Elyon, pourquoi elle ne semblait-elle pas partager ce sentiment ? Ils étaient dans le même bateau, dans le camp de l’empereur, et ce qu’ils savaient l’un de l’autre pouvait peut-être servir un jour. Mais en même temps, Tallagh ne se voyait pas vraiment lui reprocher de faire des secrets : il en avait aussi, et certains dont d’autres vies que la sienne dépendaient. Enfin, bref, cela aurait été plutôt malvenu de sa part, donc il s’abstint de toute réflexion.

"Si jamais ça te reprend, préviens moi. Pour l’instant, je pense qu’on va s’arrêter là, c’est d’accord. Je n’aimerais pas avoir ta mort sur la conscience."

Dit-il en souriant, se tournant vers Talenka pour lui ôter sa selle, avant de passer sa main sur les écailles vertes du dragon, en une caresse que celui-ci appréciait tout particulièrement. Une fois le dragon remercié, Tallagh se tourna vers sa jeune apprentie. Il devait lui dire ce qu’il avait pensé d’elle, c’était son rôle de formateur, non ? Et en plus, avec un peu de chance, cela montrerait à Elyon qu’elle pouvait se confier à lui, en cas de besoin.

"J’ai bien aimé m’entraîner avec toi. Malgré ta technique de combat un peu particulière, tu es très douée, et surtout, tu es là où on ne t’attend pas. Et ça, en combat, c’est vraiment une bonne chose. Le seul reproche que j’aurais à te faire, c’est que tu n’es pas encore assez solide, mais ça aussi,je pense que ça viendra avec le temps."

Le jeune homme se passa la main dans les cheveux avant de sourire à la jeune fille.

"Deuxième partie, qui concerne aussi Saphìr. Mais ça, c’est Tal’ qui s’en chargera, il est bien meilleure prof que moi. Elyon, en vol, ne laisse pas ton dragon se diriger au gré de ses envies. Tu dois échanger, communiquer : vous ne devez jamais être seuls, vous devez sans cesse être deux. Ne te repose pas sur lui, car ce n’est pas ça, une équipe. Et vous êtes une équipe. Reste attentive pour deux, et surtout, ne te perds pas dans tes pensées : concentre toi sur l’ennemi, les alentours, la magie…sur tout, mais pas sur toi. Oh, et la prochaine fois que quelque chose ne va pas, redescend. Je ne veux pas d’une élève à moitié dans les vapes, d’accord ?"

Il se tourna vers le dragon, qui projeta ses pensées dans tous les esprits, donnant de sa voix graves ses propres commentaires sur le vol de Saphìr.

**Tu es agile, rapide, peut-être pas assez endurant, mais nous n’avons pas volé assez longtemps pour en être sur. Par contre, et ce n’est que mon avis, toi et ta dragonnière cachaient quelque chose. Vous êtes bien plus fort que ce que vous voulez faire croire, et vous ne vous donnez pas à fond ? Pourquoi ? Je l’ignore encore, mais j’espère bien le découvrir !**

Tallagh lança un regard noir à son compagnon. Pourquoi fallait-il tout le temps qu’il se mêle de tout ? Le dragonnier comptait gagner la confiance d’Elyon, pas la voir fuir en courant !

Elyon s'arrangea pour lancer le regard le plus innocent qu'elle put en contre-plongée à Tallagh. Ce qui n'était pas bien difficle vu leur différence de taille. Même si cela ne lui plaisait pas, elle devait reconnaître qu'il avait bien une tête de plus qu'elle. Le "Ouais, si tu le dis…" n'était pas convaincut. Il y avait tout de même de quoi ne pas l'être. Tallagh était certainement dragonnier depuis plus lontemps qu'elle et n'avait sans doute pas écouté beaucoup d'autres explications aussi peu crédibles que celle-ci. Mai c'était le seul truc qu'Elyon avait pu improviser vu la situation. Même si elle éytait embêtée de mentir à Tallagh, elle n'avait pas le choix. Et puis elle n'avait pas envie de lui avouer la vérité car elle n'osait pas imaginer sa réaction. Oui, elle avait gaffé quand ce magicien l'avait attaquée, elle n'avait pas pu se défendre. Mais surtout elle ne voulait pas parler de son frère.

La voix de Tallagh lui avait parue déçue, et elle s'en voulait. Elle n'avait pas encore le courage d'être plus honnête avec lui et s'en voulait. Ca lui faisait de la peine de lui mentir, il était un peu son nouveau frère. En beaucoup moins apprécié, mais elle doutait d'arriver à s'attacher à quelqu'n autant qu'à son frère. Même Saphir n'en était pas là. Et ça lui faisait mal de se dire que Tallagh avançait plus vite de ce côté-là que Saphir. C'était peut-être pour ça qu'elle n'en parlait pas à son dragon.
Elyon fut encore plus dépitée quand il commanda la fin de l'entraînement. Pour ne pas avoir sa mort sur la conscience. Et le petit ton avec lequel il avait dit de le prévenir si ça reccomençait la rendait encore plus tirste. Crétibn! Il aurait pas pu être insupportable, ne serait-ce que trente secondes? Au moins elle n'aurait pas été triste à l'idée de le trahir! Elle ne put que répondre un seul mot qui elle l'espérait l'éviterait d'en faire suivre d'autre.

-D'accord.

Elle n'avait pas parlé vraiment fort, en fait si vous voulez tout savoir ce mot ressemblai plus à un soupir prononcé comme ça. Mais elle n'avait pas le moral. Elle n'avait encore une fois pas été capable de se protéger toute seule. Elle s'en voulait tellement. Mais hors de question qu'elle se mette à pleurer ici comme une gamine capricieuse. Elle essaya de penser à autre chose et regarda Tallagh poser la selle de son compagnon écailleux. Il serait temps d'en faire de même.

Elle se dirigea vers Saphir, défit l'une des sangles avant de faire le tour de son dragon pour déboucler l'autre. Avec toutefois moins d'entrain que d'habitude. Elle était d'habitude presque joyeuse car le fait qu'elle enlèves sa selle à Saphir signifiait généralement qu'une nouvelle journée s'était finie et qu'elle allait enfin piquer un somme!^^ Elle dut se mettre sur la pointe des pieds pour défaire la sangle de droite. La sangle en question était déjà haute mais la selle avait un peu tourné. Enfin, elle enleva la selle de Saphir sans devoir demander de l'aide à Tallagh, ce qui aurait pour elle été le comble de l'humiliation.

D'ailleurs en parlant de Tallagh, il reprit la parole. Ses quelques compliments firent sourire Elyon. Pour un parjure il était décidément trop gentil. Elle prêta tout de même attention aux quelques défauts qu'il toruvait à sa technique de combat. Il faudrait qu'elle mette les bouchées doubles de ce côté.

-Merci. Je pourrais te répondre que toi aussi tu combats bien, mais c'est une évidence. D'ailleurs c'est pour ça que c'est toi l'entraîneur. T'en fais pas pour moi, je suis plus solide d'habitude...là c'est un cas spécial. Tu verras plus tard. Je vais faire des efforts, t'aura rien à redire!

Elle pensait à changer son pansement quand le Parjure reprit la parole, décidément, il en avait des chose à dire! Elle ne l'avait jamais vu aussi bavard! Il fallait dire qu'elle ne l'avait pas vu beaucoup. Quand elle entendit que les reproches s'adressaient plus à Saphir qu'à elle, elle se détendit, réfléchissant au meilleur moyen de changer son pansement pour quelques chose qui tienne. Les os n'étaient heuresement pas abîmés, donc l'atelle c'était bien trop. Elle avai se faire u nouveau bandage, plus serré.
Saphir accepta sans broncher la critique de Tallagh. Il ne l'aimait pas mais devait le respecter. Il était déjà parjure et c'était déjà moqué quoique gentiment d'Elyon. Et puis Elyon s'attachait trop à lui. Autant de raisons pour ne pas l'aimer. Surtout la dernière même s'il prétendait le contraire.

Il jeta un regard en coin à Elyon qui éoutait distraitement Tallagh. Elle n'avait jamais aimé rester à écouter quelque chose de rébarbatif. Elle voulait découvrir les choses d'elle même, pas apprendre dans les livres ou de la parole de quelqu'un d'autre. Sauf celle de son frère. Mais il n'était bien évidemment plus là pour lui enseigner ce qu'il savait. Rire des questions tantôt compliquées tantôt si simple qu'il avait du mal à croire qu'elle ne les lui ait pas posées avant. A cause de ça, elle n'aimait pas écouter des critiques ou apprendre patiemment. Saphir sursauta.

Talenka venait de le contacter par pensée, il ne s'y attendait pas le moins du monde. Et n'apprécia pas qu'il lui dises que lui et sa dragonnière ne se donnent pas à fond. Et alors? Lui non plus! Il n'avait rien fait d'autre que frimer! Le fait qu'il veuille en savoir plus avait inquiété Saphir. Elyon et lui étaient plutôt nomades. C'était s'il parlait aux forains qu'il risquait de découvrir quelque chose. Elyon avait développé un petit système D, basé autour d'un échange mutuel de services. Ils la connaissaient sous un faux nom, mais Tallagh risquait d'agvoir la présence d'esprit de la décrire plutôt que la nommer. Dans ce cas, ils étaient mal.

Saphir n'en fit pas part à sa dragonnière, par chance, elle ne suqattait pas ses pensées. Il répondit à Talenka.

*Tu as bien vu qu'Elyon n'était pas vraiemnt en état de se donner à fond pusqu'elle s'est évanouie. Je ne vais pas la forcer se faire mal. Elle aurait très bien pus tomber de mon dos tout à l'heure en vol. Hors de question que je la laisse prendre encore des risques pareils.*

Ce n'était qu'une explication de routine, mais il espérait qu'elle suffirait.
Elyon fouilla dans son sac et y trouva la bandelette de tissu qui ferait office de pansement. Elle défit l'autre, la roula avec précauton car elle était imbibée de sang et enroula l'autre. Pour avoir une main libre afin de faire le noeud, elle dut tenir une extrémité du tissu entre ses dents mais ne s'en formalisa pas. Elle espérait que Tallagh ne lui fasse pas le reproche de lui demander de l'aide. Hors de question de lui être redevable. En tenant le le bout du tissu entre ses quenottes, elle arriva de l'autre main à faire un joli petit noeud papillon qui força le pansement improvisé à tenir.

Tallagh avait entendu le soupir d’Elyon et, à vrai dire, il voyait aussi que, depuis qu’elle était descendu du dos de Saphìr, elle était bizarre, comme…déprimée. Pourtant, il ne s’était rien passé en vol qui puisse expliquer ce soudain changement d’humeur, du moins, il n’en avait pas l’impression. Mais il se retint de faire le moindre commentaire, ce qui, comme commenta Talenka dans la tête de son dragonnier, relevait du miracle. Elyon allait mal ? Très bien, si elle voulait parler, se confier, il était là. Mais si elle ne voulait rien lui dire, il n’allait pas insister : c’était à elle de faire le premier et, à la façon dont elle lui avait répondu, elle ne le ferait pas maintenant.

Tallagh continua donc à sourire et à plaisanter, bref, à rester lui-même, sans donner l’impression à Elyon qu’il essayait de la consoler. D’abord, parce qu’elle pourrait mal le prendre, ensuite, pour essayer de mettre entre eux deux cette fameuse « distance » prônée par le dragon vert. Mais le dragonnier ne pouvait s’empêcher de lui jeter quelques coups d’œil tandis qu’elle dessellait Saphìr, histoire de vérifier si sa soudaine déprime ne se transformait pas en crise de larmes. Le jeune homme ne connaissait pas grand-chose des filles : il était fils unique, et les seules demoiselles qu’il avait fréquenté de toute son enfance étaient des gamines de haute noblesse, capricieuse et, le plus souvent, geignardes. Avec Louve, c’était encore différent : pas qu’elle ne soit pas une fille, ça, elle en était une, mais elle était une elfe, enfin à moitié, ce qui compliquait encore les choses.

Oui, la vie de Tallagh était très compliquée, et avec l’arrivée des enfants, la soudaine passion du Roi pour la recherche d’un œuf dont nul ne trouvait la trace, le fait de devoir mentir à ses amis… Bref, sa vie s’était encore plus compliquée. Mais il ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter pour Elyon : qu’est-ce qu’il lui était arrivé, là haut ? Elle ne semblait pas être le genre de jeune fille à changer d’avis pour un oui ou pour un non, donc, il s’était passé quelque chose. Seulement, ni Talenka, ni son dragonnier ne pouvait deviner quoi.

La promesse d’Elyon arracha un sourire au jeune homme, qui cessa de se préoccuper de l’humeur de sa protégée et termina sa petite leçon, s’adressant cette fois plus à Saphìr qu’à Elyon. Il voyait bien que la jeune fille se désintéressait complètement de ses paroles : il avait eu pas mal de profs aussi, et il savait d’expérience que rien n’est plus barbant que d’écouter quelque chose dont on se fiche royalement, et s’abstint de toute critique. Quant Tal’ prit le relais, il le laissa faire et observa discrètement Elyon, qui cherchait quelque chose dans son sac.

La réponse de Saphìr, relié par l’esprit de Talenka, le laissa perplexe. Elle s’était évanouie en vol, d’accord, a cadrait bien avec ce qu’elle avait expliqué auparavant, mais ça ne répondait toujours pas à la question : Pourquoi ? Que s’était-il passé ? Tallagh décida d’épargner à Elyon le fait de la torturer avec des questions, et se rabattit sur Saphìr, son compagnon à ses côtés.

**Pourquoi s’est-elle évanouie ? C’est la première fois que ça lui arrive, ou non, je sais que tu veux la protéger, mais j’ai besoin d’un peu plus de renseignements. Malgré ce que dit Tal’, on ne va pas aller fouiner partout, d’accord ? Mais j’ai besoin de réponses, pas de vagues mots arrachés par la force. **

**Comme le dis mon dragonnier, intervint Talenka, nous n’allons pas fouiner partout si nous avons les réponses que nous cherchons. Tu dois bien comprendre que nous ne pouvons pas accorder notre confiance à n’importe qui. Donc, nous voulons savoir ce qui arrive à Elyon, pourquoi, et comment. **

**Tu peux voir ça avec Elyon, bien sur, mais si, comme je pense, tu veux la protéger, il faudrait peut-être mieux ne pas tout lui dire, pour l’instant. Enfin, c’est toi qui vois. **

Termina Tallagh avant de se diriger vers la jeune parjure, qui était en train de se débattre avec son pansement, mais elle avait terminé avant qu’il n’arrive près d’elle. Il jeta un coup d’œil sur l’ancien bout de tissu, rougi par le sang, mais ne reprocha rien à la jeune fille. Si elle voulait se débrouiller seule, après tout, que pouvait-il bien faire ? L’obliger à lui faire confiance ? Si ça marchait ainsi, ce serait bien plus facile que ce ne l’était actuellement, malheureusement, on ne pouvait pas forcer quelqu’un à vous accorder sa confiance. Il lança tout de même, du ton le plus doux qu’il puisse trouver, celui qu’il utilisait d’habitude avec les jumeaux quand il leur expliquait pourquoi il devait partir pendant toute une semaine.

Je suis un très bon guérisseur, pas aussi bon qu’un médecin, mais je me débrouille très bien. Au cas où ça t’intéresse pour la prochaine fois, je suis là. Bon…

Il s’assit sur l’herbe auprès d’Elyon, levant les yeux vers le ciel dégagé.

Encore désolé de m’être énervé ce matin. En tout cas, je peux te promettre que ça n’arrivera plus. On se retrouve ici, demain matin, aucun problème ?

Mais à la vérité, même s’il venait de prendre congé de la jeune fille, il culpabilisait un peu de la laisser dans cet état. Ce n’était pas très responsable de sa part, mais comment faire pour la dérider si elle ne voulait pas ? Tallagh se décida finalement de lui laisser le choix : ils n’étaient pas très loin de la capitale et, à la limite, il pouvait toujours l’inviter à passer la soirée en sa compagnie. De toute manière, le dragonnier avait encore à faire à Ûru’Baen, et il n’avait pas prévu de rentrer passer la soirée chez lui. Un dîner, un verre ou deux, et au moins, il ne culpabiliserait plus : il aurait fait tout ce qui était en son pouvoir pour dérider Ely !

Elyon était dans une situation qui ne lui plaisait pas. Elle ne courrait aucun risque mais la situation ne lui plaisait pas. Tallagh se doutait bien de quelque chose, il n’était pas assez bête pour voir qu’elle n’allait pas très bien. Dommage d’ailleurs, une désertion dans la boîte crânienne de son entraîneur, aurait évité à l’élève de Tallagh des explications, alors que maintenant, elle savait qu’elle n’y couperait pas. Elle n’avait vraiment pas de chance. Bon il ne la forçait pas, il essayait de jouer le rôle du grand frère de remplacement, sans avoir l’air d’avoir pitié d’elle. Une très bonne stratégie, mais pas dans le cas d’Elyon. Elle aurait préféré qu’il lui dise franchement qu’il voudrait savoir ce qui se passe. Qu’il lui fasse confiance plus qu’il ait pitié !
Elle ne supportait pas la pitié que les gens pouvaient avoir envers elle et ces derniers temps, son histoire avait pris un tournant mélodramatique. « La pauvre gamine orpheline mais dragonnière cherchant à retrouver le meurtrier de son frère s’était faite attaquer par un magicien renégat ! Elle était devenue amnésique, pauvre petite chose ! » Voilà la réaction qu’aurait pu avoir Tallagh si elle lui avait dit la vérité. Une des raisons pour lesquelles elle avait évité cette option. L’autre étant qu’il était directement concerné et risquait de se retrouver un chouïa manipulé. Rien qu’un tout pitit pitit peu... Pas de quoi s’en formaliser, non ? Vraiment non ? Ah bon. D’accord, c’est pas un bon argument, je reprendrais la plaidoirie plus tard. J’suis vraiment pas très douée pour ça, faudra que je pense à prendre des cours et...
Toujours est il qu’Elyon ne sut pas tenir sa langue. Elle annonça à Tallagh au mépris de toute diplomatie mais avec un peu d’honnêteté, pour une fois.

-Tu es très sympa, mais si tu as de la pitié pour moi, ne serait-ce qu’une once, arrêtes tout de suite et dis-le moi que j’ailles me chercher un autre entraîneur : je ne supportes pas ce sentiment stupide.

Pour une fois, elle était claire, pas facile à comprendre peut-être, mais claire et honnête. Pitié=pas contente, il n’ y avait pas à chercher plus loin. Saphir était démoralisé, pile quand il croyait qu’elle se tirait de ses ennuis, il fallait qu’elle recommence à s’en attirer. Non, franchement, durant toutes ces années, elle n’avait en rien peaufiné sa diplomatie. A vous désespérer quand vous êtes son dragon et savez que votre vie dépend de la sienne. Surtout quand vous n’avez pas de cheveux à vous arracher parce que vous êtes naturellement chauve.
Elyon attendit un peu avant de se demander comment elle pourrait rester calme en entendant la réponse de Tallagh. Elle ne trouva qu’une façon d’y remédier vu qu’elle était sûre qu’il serait soit désolé pour elle soit curieux d’obtenir des réponses, elle décida de ne pas le laisser en placer une ; malin, non ? Non ? Vraiment pas ? Méchant lecteur !

-Bon, s’cuse pour cette réponse, j’ai un peu les nerfs en pelote.

Elle ne continua pas la métaphore en précisant entre les pattes d’un chat sacrément énervé. Elle était crevée. Déjà que cette matinée n’avait pas été tranquille, il avait fallu pour couronner le tout qu’elle soit tombée dans les pommes. Bon sang, cela ne lui était arrivé que deux fois auparavant. Enfin, en comptant celles de souvenirs. C’était vraiment pas de chance que ça arrive pendant l’entraînement. Surtout qu’elle n’avait rien fait pour mériter ça ! Elle avait vraiment la poisse.
Elle focalisa son attention sur autre chose que sa lassitude, le petit sourire de Tallagh. Ouais, il était content ! Avec un peu de chance il serait assez abruti par cette bonne nouvelle pour oublier de poser des questions...bah quoi, on a bien le droit de rêver ! Et bien en fait...il avait gardé une totale possession de ses moyens. Quand je vous parlais de poisse... Il pensa même à contacter Saphir et pas elle vu qu’elle était plus fermée à n’importe quelle question qu’une coquille Saint Jacques. Malheureusement pour Tallagh, bien qu’ils n’échangeaient pas la moindre parole pour le moment, Elyon était dans l’esprit de son dragon. Elle avait beau s’y attendre, elle était vraiment vexée qu’il n’ait pas tenté de lui demander encore une fois en face. Pas tenter auprès de son dragon ! C’était lâche ! Terriblement lâche !

*Elyon...tu as entendu ?*
*Oui.*
*Je paries que tu es fâchée.*
*Bravo. Tu dis ça à cause de mon air renfrogné où mon ton peu aimable ?*
*Un savant mélange des deux.*
*...*
*Qu’es-ce que tu vas faire ?*
*Que veux-tu que je fasse ? Je vais lui dire la vérité.*

Saphir n’eut pas le temps de lui dire que c’était une très mauvaise idée, qu’il allait découvrir le pot aux roses et... Elyon s’installait sur lui, se hissant grâce à une boucle de la selle et une démonstration de gymnastique très convaincante si elle était là pour prouver qu’elle avait encore des forces et n’était pas démunie. Un zeste d’entrain n’aurait pas été une si mauvaise idée pour compléter ça. Mais on ne peut pas tout avoir, c’est bien connu, non ? Et cette fois, interdit de répondre, lecteur !

-J’aurais préféré que tu me le dises en face, Tallagh. Toi aussi Talenka. C’est un peu contradictoire avec votre discours sur la confiance. Et il aurait du vous venir à l’idée que Saphir ne décidait pas le trajet du vol tout seul puisque j’étais dans ses pensées.

Elle était un peu déçue, mais sa voix ne souffrait d’aucun trémolo. Elle était habituée à maîtriser ses émotions, avec plus ou moins de succès. Là, elle se débrouillait bien. Il fallait dire qu’en ne regardant ni Tallagh, ni son dragon c’était plus facile. Elle fixait l’horizon et laisser ses jambes se balancer dans le vide. Une posture qui lui étrangement familière. Un souvenir se profila. Elle eut ce léger haut-le-cœur et tenta vainement de refouler le nouveau souvenir qui la laisserait évanouie et... Si je vous dis que rien ne s’est passé, vous me croyez ? Non ? Et bien dommage parce qu’elle venait de pourfendre ce souvenir avant qu’il ne la pourfende... Subtile comme tournure de phrase, vous ne trouvez pas ?

-Si tu veux des explications, tu vas en avoir, mais je t’interdis d’avoir pitié de moi. Si je n’ai pas détaillé mon passé, c’est parce que je suis devenue amnésique. Les quelques souvenirs que je t’ai résumés, ce sont Saphir qui me les a révélés. Le reste je n’en sais rien !
Mais je promets de dire la vérité, rien que la vérité !

Demi mensonge. Elle savait plus qu’elle ne voulait en dire. Normal après tout. Tallagh restait son entraîneur parjure.

-J’ai perdu mes souvenirs parce qu’un crétin de mage plus puissant que moi m’as attaquée par surprise quand Saphir était loin de moi et blessé ! Je précise pour ma défense que blessé comme je l’étais, je n’avais pas une chance d’emporter ce combat ! Cet abruti m’a lancé un sort qui m’a fait perdre mes souvenirs. Quand je les retrouve je suis plongée dans une sorte de monde parallèle. Je vois le souvenir comme si je n’étais pas dans mon corps et je me peux rien y changer. Et je m’évanouis quand je retrouve ma mémoire car le choc est terriblement violent. Satisfait ?

Un autre demi mensonge. Avec le précédent, c'en faisait un entier. Le truc du mage, c’était vrai idem pour les souvenirs. Mais elle ne précisait pas qu’elle retrouvait aussi ceux de son frère. Elle venait de préciser un peu avant qu’elle dirait la vérité
Bon, si vous êtes un lecteur attentif et cultivé, vous savez que la formule exacte était « toute la vérité ». Elle n’avait pas menti. Restait à savoir si c’était bien ou non pour une Parjure. Enfin, apprentie, ne l’oublions pas, ce détail sera utile plus tard, vous vous en apercevrez.
Elyon regarda Tallagh dans les yeux, un grand sourie aux lèvres. N’importe qui aurait pu supposer qu’elle avait juste le cœur plus léger. Mais elle avait le cœur plus léger et une idée derrière la tête. Si Tallagh l’avait connue aussi bien que Saphir, il aurait regretté d’avoir voulu prolonger la conversation. Et aurait ces jambes à son cou pour éviter la question.

-Maintenant que j’ai été honnête, à toi de l’être ! Alors, elle s’appelles comment ta petite amie elfe ? Au fait, c’est pas contraire aux ordres du roi, ça ?

Elyon avait une excellente mémoire, peut-être pour remplacer celle qu’elle avait perdue. Et elle se souvenait que Tallagh avait dit en souriant lorsqu’il lui tendait son outre « Fabrication elfe. J’en connais une qui va me tuer si elle sait que je lui ai pris, mais j’arriverais bien à m’arranger. C’est nourrissant, et ça réveille en douceur. » . Un petit détail qui n’avait pas échappé à Elyon, aussi affamée qu’elle était. Ce qui expliquait qu’elle affiche un sourire triomphant.

[J’ai vu ça… chapeau, Ely ! Remarque, moi aussi je fais des sacrifices : pour te répondre, je loupe le début de Dr House snif]

Bizarrement, alors que Tallagh était sur ne pas avoir fait ou dit une bêtise, Elyon ne semblait tellement déprimée, mais plutôt…énervée. Et contre lui, comme il ne tarda pas à le comprendre. La jeune fille l’accusait de la prendre en pitié, et le dragonnier songea un instant à démonter à grands cris cette injustice. Justement, non, il n’avait pas pitié d’elle ! Il cherchait à comprendre, voilà tout ! Sans la bousculer, sans l’obliger, il voulait juste comprendre. Il se montrait gentil et prévenant, et tout ce qu’Ely trouvait à dire, c’est qu’il était plein de compassion ! Bravo, ça donnait envie de jouer les gentils grands frères, génial !

Mais au lieu de hurler, le jeune homme laissa Elyon continuer sa diatribe, et un silence s’installa entre eux, chacun se demandant quoi répondre à l’autre. Ce fut finalement Elyon qui rompit le silence, en s’excusant de ses propos précédents. Mais elle avait beau invoquer la fatigue, le stress ou même une maladie mentale passagère [Mais non, je ne pense pas au Dr House Xd], Tallagh n’oubliait pas ce qu’elle avait dit et, se tournant vers elle, il l’observa avec un sourire avant de lui répondre d’une voix tranquille.

Tu crois que j’ai pitié de toi, c’est ça ? Tu crois que parce que je me préoccupe de ta santé, j’éprouve de la pitié pour toi ? Désolé de te dire ça, mais tu te trompes sur toute la ligne. Je m’inquiète, et c’est pas vraiment la même chose. Mais si tu veux chercher quelqu’un d’autre, quelqu’un qui se fichera de savoir pourquoi, en dix minutes, tu peux passer de la déprime à la joie de vivre, dis-le ! Je te donne même une liste, si tu veux.

Sur ses mots, le jeune homme détourna les yeux, et contacta le dragon de la jeune fille, le front appuyé sur les écailles de Talenka. Si on lui avait dit qu’avoir une apprentie serait aussi compliqué que ça, il aurait refusé, ça c’était sur ! Enfin, s’il avait pu refuser, étant donné qu’on lui avait confié cette tâche sans vraiment lui laisser un quelconque chois, mais s’il avait eu conscience des difficultés que ça impliquait… peut-être qu’il aurait dit oui, après tout. Il avait le goût des défis, des choses nouvelles, et Elyon était on ne peut plus déconcertante. Autant parfois il l’adorait, autant parfois, il avait envie de lui taper sur le crâne pour lui faire comprendre certaines choses. Mais ça, apparemment, c’était le don de toutes les filles : rendre les hommes complètement marteau. Louve n’échappait pas à la règle, Tallagh ne comptait plus le nombre de fois où l’étrangler lui était passé par l’esprit, avant de… la regarder, tout simplement, et de se rendre compte qu’il l’aimait à la folie.

Ah !!! Les filles ! On ne peut pas vivre avec elles, on ne peut pas vivre sans elles… quelle galère !

En parlant de galère, Tallagh ne se doutait pas encore des ennuis dans lesquels il s’était fourré en parlant à Saphìr. Il avait vaguement l’idée qu’Ely, quand elle l’apprendrait, réagirait assez mal, mais disons qu’il avait un peu espéré être loin quand elle le découvrirait ? Lâche ? Non, prudent. On ne sait jamais de quoi une demoiselle en colère est capable !

Mais de toute façon, c’était bien trop tard. Ely reprit la parole, d’une voix bizarrement neutre. Beaucoup trop neutre pour être tout à fait naturelle, soupçonna d’ailleurs Tallagh. Mais son attention ne se focalisa pas longtemps sur la voix de sa jeune apprentie, mais plutôt sur ses paroles. Qu’il trouva particulièrement blessante, et auxquelles il ne put s’empêcher de répliquer avec fougue.

Je t’ai demandé des explications, et tu m’as envoyé balader ! Je veux des réponses, tu comprends ? Je suis désolé, mais comment tu veux que je t’entraîne en ne sachant rien de toi ? J’ai essayé, je te promets, mais je n’y arrive pas. C’est un mal, mais je n’y peux rien !

Elyon finit donc par tout lui raconter, du moins, en partie. Le dragonnier avait lui-même bien trop de secrets pour croire honnêtement qu’Elyon lui disait tout, mais ce qu’elle lui révéla le laissa un peu… honteux. Il n’aurait pas du rouvrir cette plaie, elle semblait trop récente et, ce qu’il voulait éviter par dessus tout, c’était de blesser la jeune femme. Raté, apparemment, mais je n’ai jamais dit que Tallagh était le meilleur, question psychologie. C’était plutôt Talenka qui jouait les Docteur [House ? mais non !] Freud. Il ne dit rien pendant quelques secondes, et formula finalement sa réponse en espérant ne pas blesser Elyon plus qu’elle ne l’était déjà.

Je te l’ai dit, je n’aurais jamais pitié de toi, je n’ai aucune raison d’en avoir. La pitié, c’est pour les faibles, et tu es tout sauf ça. La pire chose qui pourrait t’arriver, venant de moi, c’est que je joue les protecteurs. Mais je ne te prendrais jamais en pitié, jamais.

Je ne voulais pas te blesser, même si, à la réflexion, c’est vrai que ça y ressemble. Je ne voulais pas te faire du mal, je ne voulais pas te forcer à me révéler, c’est pour ça que j’ai posé la question à Saphìr, pour t’épargner la douleur de me répondre. Je me suis planté quelque part, je l’admets, mais ce n’était pas volontaire.

Ajouta-t-il avec une grimace désolée. Maintenant, il se rendait compte qu’il avait très mal joué son coup, mais il était bien trop tard pour s’excuser. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était s’expliquer, et espérer qu’Elyon comprenne. Il avait fini par avoir une réponse, mais ni Tal’ ni lui n’étaient satisfait de la manière dont ils l’avaient eu. Enfin, le mal était fait, maintenant, tout dépendait de l’apprentie parjure qui… souriait ? Oula, problème.

Tallagh comprenait que, d’une certaine manière, cela avait soulagé la jeune fille de parler, et qu’elle se sentait mieux maintenant. Il aurait pu poser des questions, mais la blessure était encore trop à vif. Pourtant… ce sourire soudain ne lui disait rien qui vaille. Elle avait quelque chose derrière la tête, et le jeune homme aurait bien aimé ne jamais savoir quoi. Elyon finit par cracher le morceau, et Tallagh soupira. Vous avez déjà eu cette impression bizarre, vous savez, lorsqu’il se passe quelque chose de si terrifiant en face de vous que c’est comme si vous n’arriviez plus à respirer ? Comme si soudain, l’air vous fuyait, le temps que vous digériez ce qui vous arrive ? Avoir le souffle coupé, au sens propre… et bien, c’est ce que ressenti Tallagh quand il entendit la question d’Elyon.

Son secret, ce secret si dangereux à trahir avait été éventé. Elle connaissait l’existence de Louve ou, tout du moins, l’existence d’une jeune elfe dans sa vie. L’anneau symbolisant leur union, que Tallagh portait caché sous sa tunique, sembla lui brûler comme une langue de flamme tandis qu’il s’efforçait de demeurer impassible. Mais peine perdu : on voyait bien que la question l’avait sonnée.

Le dragonnier releva finalement la tête, regardant Elyon droit dans les yeux, la main crispée sur le pommeau de son épée. Comment l’avait-elle appris, et surtout, allait-elle le raconter ? Si jamais le Roi apprenait ça, si jamais… Il tuerait Elyon. Si jamais elle ne lui jurait pas de se taire, il la tuerait. Peu importe comment, peu importe son dragon, peu importe même les explications à fournir… elle ne vivrait pas assez longtemps pour répandre ce secret.

Talenka s’était relevé, des flammes menaçantes flamboyant dans ses yeux. Il se tenait prêt à soutenir son dragonnier, même s’il devait pour ça y laisser la vie. Pour Louve, pour les enfants, mais surtout pour Tallagh, il était prêt à tout. Ce fut finalement le jeune Parjure qui lui posa sa main sur le museau, dans un geste de calme. Ses épaules s’étaient affaissées, il avait lâché son épée, et regardait Elyon d’un air accablé. Tallagh venait de comprendre quelque chose : ce secret, si jalousement gardé, ne pouvait rester inconnu à jamais. Il devait parler, et il devait le faire avec une personne à qui il accorderait toute sa confiance. Elyon, son apprentie ? Peut-être… elle lui avait parlé de confiance, quelque minutes auparavant, c’était le moment pour le jeune homme de lui accorder la sienne.

D’un ton étrangement rauque, il finit par avouer à la jeune fille dans un murmure. Son air miséreux contrastait étrangement avec le sourire triomphal d’Elyon, mais pourtant, il la regarda droit dans les yeux. Sa main était de nouveau posée sur la garde, prête à faire jaillir la lame si Elyon tentait quoi que ce soit.

Moi aussi, j’ai mes secrets, et si certains parviennent aux oreilles du Roi, je ne donne pas cher de ma peau. Mais je ne suis pas un traître, ça, je ne laisserais personne le penser. Si je te raconte, qui me dit que tu n’iras pas tout raconter à Galbatorix ? Rien, hormis le fait que je pense pouvoir te faire confiance. Est-ce que je me trompe ?

Demanda-t-il doucement, avant de se rapprocher d’Elyon pour commencer son histoire.

Elle s’appelle Louve, et nous sommes mariés, depuis un peu plus de quatre ans maintenant. C’est une elfe, et elle ne porte pas l’empereur dans son cœur. Tu veux savoir pourquoi je ne parle jamais d’elle, pourquoi je ne raconte pas à tout le monde à quel point je suis fier d’être son mari ? Parce que je l’aime, voilà tout.

Et oui, moi, le méchant Parjure, je suis amoureux d’une elfe. Fou amoureux, même. Satisfaite ?

Demanda-t-il, imitant la conclusion d’Elyon un peu plus tôt.

Elyon fut rassurée d’entendre Tallagh expliquer qu’il n’avait pas pitié d’elle. Ca faisait plaisir. Au moins il ne chercherait pas à trop s’occuper d’elle. Elle n’aimait pas qu’on s’occupe trop d’elle. Elle avait besoin de solitude pas qu’on la protèges. De toute façon, la dragonnière de Saphir avait ses secrets. Et elle ne risquait pas d’en parler à Tallagh. Il ne devait pas se douter qu’elle le trahirait. Elle ne faisait pas ça par gaieté de cœur. Elle le trouvait vraiment gentil et attentionné, un peu déconcertant mais elle n’avait rien à dire sur le sujet. Elle avait bien changé de comportement, rien qu’aujourd’hui. Distante, gênée, mal à l’aise, rassurée... Elle avait de quoi tracasser Tallagh.

Quand il reparla, la belle assurance d’Elyon faillit disparaître. Lui aussi voulait la protéger. D’abord Saphir, et maintenant Tallagh. Elle n’aurait bientôt plus de liberté! Bon, il était normal qu’en tant qu’entraîneur il ait besoin de réponses. Il avait de quoi ne pas être convaincu par le discours qu’elle lui avait débité. Mais elle n’avait pas menti. Durant la deuxième explication. Avec un peu de mensonge par omission. Un tout petit peu...
Tout est relatif, ne l’oublions pas.

Tallagh la regardait maintenant avec un léger sourire. Il devait apprécier les confidences. Il était inquiet, voilà tout. Passer en dix minutes de la déprime à la joie... Oui, elle en était capable. Elle n’avait eu là qu’un petit coup de blues, un écart peu commun. En général, elle s’efforçait de ne pas laisser ses sentiments transparaître. Elle refoulait absolument tout. Ne jamais laisser apparaître ses émotions pour qu’on ne s’occupe pas d’elle. Elle voulait n’être dépendante de personne. Elle voulait n’avoir besoin d’aucune aide. Ne pas avoir besoin d’être consolée. En fait, Saphir lui-même ne savait rien des doutes de sa dragonnière. Quand elle s’autorisait quelques larmes, ç’était toujours en l’absence de Saphir dans les parages si possible en pleine nuit quand son dragon roupillait car en général, elle l’utilisait comme oreiller.
Oui, elle n’avait pratiquement pas de moyens d’extérioriser ses sentiments. Parfois elle chantait un peu, quand elle s’ennuyait à force de marchait tandis que Saphir chassait, trop loin pour l’entendre. Alors seulement elle coupait le contact mental et poussait la chansonnette. Aussi, elle était un peu surprise de voir Tallagh, parjure-bras-droit du roi être si démonstratif. Enfin, vu son grade on ne risquait pas de lui manquer de respect, il en avait de la chance.

-Ca ira, je préfère t’avoir comme entraîneur plutôt qu’un des stupides autres soldats. On dirait qu’ils sont produits à la chaîne, aucune personnalité, tous plus fayots les un que les autres.

Elle se demanda si elle n’en avait pas dit un peu plus qu’elle ne l’aurait dû. Tallagh était parjure. Et il allait se douter qu’elle n’aimait vraiment pas l’Empire. En même temps, vu le comportement qu’elle avait eu aujourd’hui, ce petit écart passerait pour une attitude je-m’en-foutiste. Il est vrai qu’elle n’avait pas fait preuve de beaucoup de motivation et force de caractère aujourd’hui, mais bien qu’étant une narratrice mal payée, j’admets qu’elle a des excuses. D’abord, elle ne sait pas comment se comporter en présence de Tallagh. Elle aurait envie d’être naturelle et s’affirmer, mais elle lui devait le respect et toutes ces petites bagatelles protocolaires et il risquait de découvrir ses points faibles, ce qu’elle ne voulait pas car Saphir aussi aurait été informé. Lui aurait reprocher de tout garder pour elle et elle serait bientôt amenée à trahir Tallagh. Malgré ce que ça lui coûterait.

En parlant du Parjure, il s’énervait, quoique je trouve personnellement que le terme « s’indignait » soit mieux choisit. Ne vous en déplaise, moi ça me plaît, et je garde cette formulation. C’est un des rares avantages de mon métier et... Comment ? Je m’égare ? Encore ? Bon, je reprends. Tallagh s’indignait.

-Je sais bien que tu n’y peux rien. J’avais pas envie d’expliquer un truc pareil, tu comprends ? Je comprends que t’es préféré demander à Saphir, il est plus loquace que moi, mais j’aurais préféré que tu m’en parles. Bon, j’aurais peut-être pas répondu tout de suite, mais j’aurais répondu. Peut-être demain, peut-être tout à l’heure. Peut-être dans un mois... J’ai pas l’habitude de parler de moi, mes motivations ou mes sentiments.

Tout était vrai, mais elle n’avait pas précisé que c’était parce que personne ne l’écoutait. Et qu’elle était dans un double jeu très inconfortable et difficile à expliquer. Mais de ce côté, elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle. D’un autre côté, venger son frère était devenu sa raison de vivre. C’est loin d’être sain comme motivation, mais elle n’en avait pas d’autre. Quelles auraient d’ailleurs être ses envies ? Lutter contre l’Empire ? Bof, elle était insignifiante et le savait très bien. Et si elle mourrait, Saphir aussi, donc ça limitait ses possibilités.

*J’aurais peut-être pas du toucher cet œuf...*

C’est Tallagh qui la tira de ses pensées en prenant de nouveau la parole, décidément, ça devenait une habitude !

-Merci pour le compliment. Pour les protecteurs, ce n’est pas la peine, Saphir est déjà là. Bon, c’est sympa de ne pas avoir voulu me faire de la peine. Mais Saphir est souvent dans mes pensées et vice-versa...pense y la prochaine fois.

Elle essaya de sourire, sans grand succès, elle n’était pas d’humeur. Ce fut quand Tallagh s’expliqua qu’elle fut ravie. Talenka s’était relevé prêt à s’en prendre à Saphir et/ou sa dragonnière. A noter que blesser Elyon était plus stratégique et...zut, je vais perdre mon boulot à force de dire des trucs pareils. Oubliez ce que vous venez de lire.
Pour que Talenka, si rationnel et sûr de lui, il y avait fort à parier qu’elle apprenne quelque chose de très intéressant. Tallagh commença par dire qu’il n’était pas un traître...Dommage. Auquel cas, il n’aurait pas fait la bêtise de l’avouer à Elyon.
Ainsi, elle avait un nom : Louve. Et ils étaient mariés depuis quatre ans, il ne s’agissait donc pas d’un complot pour atteindre les Vardens en soutirant des informations à l’une d’netre eux. Car les elfes aimaient rarement l’Empire. Elyon mit une minute à lui répondre.

Elyon attendit un peu avant de répondre. Elle avait un moyen de faire chanter Tallagh, et pas qu’un peu, il avait même prétendu être fier d’être son mari. De toute évidence, il tenait à cette Louve comme la prunelle de ses yeux.
10 secondes.
Il y avait fort à parier qu’il soit prêt à tout pour la protéger. On n’avait pas d’idée de ce que les gens peuvent faire pour protéger les êtres qui leur sont chers. Toutes sortes d’action qui regrettent quand il retrouve leur lucidité obstruée par l’amour.
20 secondes.
Si elle pouvait manipuler Tallagh, elle manipulait aussi son dragon. Et d’ailleurs, manipuler seulement Tallagh était très intéressant. Il était le bras droit du roi. Avec un peu chance, priver le roi d’une partie de ses forces pouvait le déstabiliser et permettre un putsch. 30 secondes.
Elyon était rancunière, très rancunière.
40 secondes.
A supposer qu’elle avoue ça au roi, Tallagh serait destitué de ses fonctions, et il n’y avait que deux personnes qui pouvaient les récupérer. L’inférieur hiérarchique de Tallagh et une personne pistonnée par le roi. Et Galbatorix ne soupçonnait personne. Devinez qui était l’inférieur hiérarchique de Tallagh ? Elyon. Et en dénonçant son supérieur, elle ferait preuve d’initiative et franchise envers le roi, quoi de mieux pour prendre la place de Tallagh dans les bonnes grâces du souverain d’Alagaësia ?
50 secondes
Il lui suffirait de faire croire à Tallagh qu’elle ne dirait rien au roi et l’informer dès ce soir, elle était très douée pour mentir. D’ailleurs, elle s’exerçait depuis des années. Et si elle n’avait pas de mérite, elle avait au moins de l’expérience. Et ce serait une bonne vengeance pour le comportement qu’avait eu Tallagh depuis qu’ils se connaissaient. Il avait été odieux et elle était rancunière.
60 secondes.
Elyon sauta à bas du dos de Saphir où elle était assise pour se placer devant Tallagh, un sourire aux lèvres. Elle voyait bien qu’il avait eu la main crispée sur la poignée de son épée, prêt à la dégainer en cas de besoin. N’y tenant plus,elle exprima pour une fois ses sentiments....
...

La suite au prochain épisode !

Nan ! Sérieux ! XD Elle contempla Tallagh, le regardant droit dans les yeux, que dis-je ? Le défiant du regard consciente de sa position de force. Elle ménagea son effet quelques secondes avant de s’exprimer.

-C’est trop mignon ! Je croyais pas que t’étais du genre à te marier ! Franchement t’avais l’air d’un coureur de jupons quand t’es devenu mon entraîneur ! T’en as toujours l’air d’ailleurs. Enfin c’est trop chou que tu aies épousé une elfe ! Tous mes vœux avec quatre ans de retard, mais c’est rien dans une vie ! T’aurais pu me le dire quand même ! Bon ok, t’as pas de preuve de ma bonne foi, sauf que je suis réellement contente pour toi, mais ça, ça doit pas compter à tes yeux. Non, je sincèrement heureuse pour toi et ne t’inquiètes pas, le roi n’en saura rien, personne n’en aura rien. Au fait, c’est peut-être trop demandé, mais tu me la présentes quand ?
Elyon était vraiment ravie pour Tallagh. Pour une fois qu’elle était sincère.
Saphir contemplait la scène, sa petite Elyon, folle de joie pour le méchant parjure...y avait pas un problème quelque part ? Enfin, si elle était contente pour lui, tant mieux. Non, ce n’était pas mieux en y réfléchissant. Elle aurait encore plus de mal à quitter l’Empire. Histoire de ne pas briser un instant de bonheur pour Elyon et de stupéfaction pour Tallagh, il resta muet.

Tallagh sourit à la réponse d’Elyon : ainsi donc, elle ne portait pas les soldats dans son cœur. Cela aurait pu être considéré comme une traîtrise, et si Tallagh en avait éprouvé l’envie, Elyon aurait finit sa soirée non pas en plein air, mais enfermée dans un cachot de la cité. Mais en même temps… lui non plus ne portait pas les soldats dans son cœur. A dire vrai, la plupart des soudards étaient stupides et peu intéressants : c’est seulement lorsque l’on grimpait dans la hiérarchie que l’on pouvait rencontrer des personnes plus cultivés, ayant leur propre opinion. Question d’éducation sans doute, ou de moyens financiers, car la plupart de ceux qui possèdent un métier à hautes responsabilités sont issus de la bourgeoisie.

Le dragonnier ne lui en porta donc pas rigueur, elle avait en partie raison… et à la façon dont Elyon le regarda, elle devait sans doute se demander si elle n’avait pas été trop loin. Pour la rassurer, Tallagh agita la main avec un sourire, lui faisait signe qu’il comprenait. Ce que la jeune fille ignorait peut-être, c’est que même parmi les plus fidèles partisans du Roi, certains osaient avoir des opinions contraires. Ils étaient tout dévoués, certes, personne ne mettrait leur loyauté en doute, mais ils pensaient par eux-mêmes. La liberté de parole, au sein même de l’aristocratie, était bannie, mais seulement en apparence. Les gens jasaient, et cela ne pouvait faire qu’avancer les choses. Pourquoi punir Elyon ? Elle devait se montrer prudente, ça ne passerait pas avec tout le monde, mais Tallagh, lui, fit comme si de rien n’était. Il l’avertit tout de même.

Je suis assez d’accord, mais évite de dire ça à n’importe qui si tu ne veux pas te retrouver dans les ennuis.

Puis la jeune fille se défendit d’avoir besoin d’un protecteur, et Tallagh se rendit compte que ses mots avaient dépassé sa pensée. Il n’avait pas vraiment voulu dire à Elyon qu’il se devait de la protéger, de toute façon, comme elle le disait si bien, Saphìr était là pour ça. Le rôle de Tallagh, c’était plutôt de l’aider à se débrouiller toute seule, et pour ça, il aurait fallu qu’il en sache plus sur Elyon. Mais comme elle venait de lui signifier, elle n’était pas prête à parler d’elle, alors, il n’allait pas lui forcer la main.

Au moins, Elyon semblait ne pas lui en vouloir de sa petite erreur d’il y a quelques minutes. En y réfléchissant, il aurait du deviner qu’Elyon capterait au passage ses pensées : Tal’ et lui partageaient souvent les mêmes idées, excepté dans les moments plus intimes de la vie du jeune dragonnier. Mais bêtement, il avait songé que Saphìr cacherait leur petite conversation, et apparemment, ça n’avait pas été le cas. Enfin bon, ce n’était plus la peine de revenir sur cette erreur de jugement, alors, autant passer à autre chose. Et justement, sur cet « autre chose », Elyon avait une petite idée, qu’elle exposa à Tallagh avec un sourire digne du requin dans les Dents de la Mer : machiavélique, intéressé, et surtout, friand d’informations [quoique le requin, c’était plutôt friand de chair humaine, mais je passe sur ce détail car il dessert mes intérêts^^]

Tallagh venait de tout lui avouer, du moins, une certaine partie. Il avait dévoilé sa vie devant cette jeune fille qu’il connaissait depuis très peu de temps, mais à qui il faisait confiance. Et puis, au pire… si elle venait à le trahir, lui, et pas l’Empire, serait-ce un si grand mal ? Si Elyon révélait ce qu’elle savait, il y avait fort à parier que Tallagh n’en saurait rien, sauf lorsqu’il serait trop tard. Il perdrait tout, son honneur, ses titres, ses terres… tout, sauf Louve. Il serait peut-être emprisonné, battu, mis à mort… mais il savait que Louve ne l’oublierais pas.

Et s’il arrivait, malgré tout, à s’en sortir, qui l’interdirait de mener une vie loin de toute cette folie ? Une vie tranquille où, pour une fois, il pourrait parler ouvertement à sa femme, dire réellement à ses enfants ce que faisait leur père. Il pourrait enfin arrêter de mentir à sa famille, à ceux qui lui étaient proches. Une vie banale… qu’il ne pourrait pas supporter longtemps, il le savait.

Si jamais Elyon parlait… sa vie ici serait foutue, il le savait. Peut-être que son père avait raison, finalement. Au lieu de devenir soldat, au lieu de s’engager auprès du roi, pour rendre à l’Empire toute sa grandeur, il aurait mieux fait de tourner commerçant, ou guérisseur. Mais cette brève période de doute s’envola aussi vite qu’elle était venue, et Tallagh redressa la tête : son père avait tort, il était fait pour cette vie. Et même si Elyon parlait, il ne regretterait pas de lui avoir parlé, il ne regretterait rien de ce qu’il avait vécu.

Ses yeux verts se posèrent sur Elyon, dévisageant la jeune fille avec curiosité. Elle prenait son temps pour répondre, et Tallagh crut voir une lueur calculatrice dans les yeux pourtant si doux de sa protégée. Elyon serait-elle assez cupide pour tout révéler, avait-il eu tort de lui faire confiance ?

**En même temps, tu n’avais guère le choix**
** C’est pas faux. Et de toute façon, je ne regrette pas de tout lui avoir dit**
**Tout, tout, c’est vite dit. Elle ne sait pas encore grand-chose**
**Je ne suis pas suicidaire, non plus. **

Elyon sauta à bas du dos de son dragon, se faufilant d’un pas guilleret vers Tallagh qui, à sa propre surprise, n’était plus vraiment inquiet. Il s’était fait une raison, et savait d’or et déjà que tuer Elyon n’était pas une solution. Si Louve avait été en danger, si les jumeaux avaient été menacés, il aurait attaqué sans hésiter, mais là… Tallagh devait se rendre à l’évidence, sa femme n’avait pas besoin de lui pour se protéger, et protéger les jumeaux. Ils n’étaient pas en danger quand il était absent, et heureusement, car il faut dire qu’il était souvent loin de chez lui. Même si Elyon trahissait sa confiance, Louve n’en subirait pas les conséquences, car il ne dirait jamais rien, même sous la torture, et, le temps que l’on trouve leur maison, Louve et les enfants seraient sans doute réfugiés dans la forêt des elfes [Car je ne sais plus comment s’écrit Du machin chose et que j’ai la flemme de chercher Xd], un secret que même Galbatorix, au plus fort de sa puissance, n’avait pas réussi à percer.

Sa jeune apprentie le défiait du regard, et Tallagh la regarda tranquillement dans les yeux. Que croyait-elle, qu’elle lui faisait peur ? Ce n’était pas une petite puce d’un mètre cinquante [arf pardon, soixante^^] qui allait le faire mourir de terreur, non ? Elyon finit par prendre la parole, et Tallagh la regarda, un peu perplexe. Etait-elle sincère ? Son ton n’avait pas l’air ironique, mais sa gaieté, après ce qu’il venait de se passer, semblait…forcée.

Puis la jeune fille imposa ses conditions, et cette fois, ce fut au Parjure de lui adressait un sourire éclatant. Il était lui-même un manipulateur et, même si elle était en position de force, il n’allait pas se laisser faire. Pourquoi, en ce moment, tout le monde pensait être libre de lui donner des ordres ? Il était le bras droit du Roi, alors il fallait cesser de le prendre pour un jeune soldat inexpérimenté !

Je suis un garçon plein de surprise.

Lança-t-il avec un clin d’œil, reprenant pour le moment son rôle du dragueur de service, celui sous lequel il s’était présenté à Elyon pour la première fois. Depuis qu’il connaissait Louve, il s’était drôlement assagi… et l’influence qu’exerçait la jeune elfe sur lui n’avait rien à y voir ! Enfin si, un peu, mais inutile de dire qui décide dans leur couple. En sachant que ce n’est pas Tallagh^^

Et c’est vrai, je n’ai aucune preuve de ta bonne fois. Donc, désolé de te décevoir, mais je ne pense pas que rencontrer ma femme soit la meilleure idée de l’année. Je te remercie de garder mon secret, seulement, une rencontre… c’est une très mauvaise idée.

Hormis le fait que Tallagh ne voyait pas vraiment comment présenter Elyon à Louve, sans que celle-ci ne lui tranche la gorge, il n’avait pas envie de retrouver le portrait de Louve placardé sur toutes les portes. Tant qu’Elyon ne lui aurait pas prouvé qu’elle savait tenir sa langue, hors de question d’imaginer une rencontre.

Histoire d’adoucir sa réplique, le dragonnier lui fit un pauvre sourire, avant de répéter :

Merci, je vois que j’ai eu raison de te faire confiance. Il serait peut-être temps que tu me fasse confiance, toi aussi. Je ne suis pas stupide, je vois bien que, depuis le début, l’idée d’entrer au service de Galbatorix ne t’enchantes pas. Quant à connaître tes motivations… j’avoue que je suis très curieux.

Elyon vit avec soulagement que Tallagh ne faisait aucune allusion sur sa haine envers les soldats. Elle n’en avait pas rencontré trop. Suffisamment d’après ce qu’elle avait expliqué à Saphir. En dehors de ce qu’il avait déjà vécu en sa compagnie. Lesdits soldats s’étaient révélés être des crétins misogynes et...disons « contrariant » la veuve et l’orphelin plus qu’il ne les aidait. Ajoutez à cela qu’Elyon n’aimait pas qu’on lui pose des questions, fâcheuse manie des soldats bas de gamme. Plusieurs rencontres avec ces soldats s’étaient assez mal finies. Pour ne pas dire toutes les rencontres. Quand les soldats avaient tenté de lui soutirer avec trop d’insistance des réponses, ils s’étaient faits mordre. Généralement, Elyon gnaquait les mains, cela lui évitait un adversaire tenant correctement son arme. Ou éviter de se rapprocher un peu trop de la personne qu’elle mordait. Une bonne initiative quand on doit fuir tout de suite après. Mais quand ces disons entretiens se passaient de nuit, il était beaucoup plus facile pour Elyon de prendre la fuite. Il lui suffisait de sauter sur un toit, en principe, les soldats ne suivaient pas. Ou tombaient presque tout de suite après avoir grimpé. Quand ils s’y arrivaient, ce qui résume l’étendue des compétences impériales, vous ne trouvez pas?

Tallagh agita la main en souriant. Signe de compréhension. Ou d’auto-stop. Mais Talenka ne laisserait certainement pas son dragonnier monter sur le dos d’un dragon inconnu. C’était donc un signe de compréhension. Pas de gâtisme, Tallagh était trop jeune pour perdre une partie de sa raison... Quoique... (Vengeance du mètre cinquante !)
Il était assez d’accord . Mais il lui conseillait d’éviter de dire ça à n’importe qui. Comme si elle ne l’avait pas déjà compris d’elle-même ! Franchement, mais pourquoi la prenait-il pour une gamine ! Elle n’en avait pas l’air. Ou juste un peu alors. Enfin, c’était l’intention qui compte, même si ce n’était pas vraiment un compliment. Au moins, ça voulait dire qu’il se souciait d’elle. Plus que de ces vacances, car plus d’apprentie= plus de travail ! Ou alors qu’il avait trouvé une mission tranquille, former les parjures de demain ! Les campagnes de recrutements n’étaient pas très convaincantes, donc autant profiter des quelques dragonniers neutres que l’Empire pouvait rencontrer pour les recruter.
Enfin bref, elle se décida à lui répondre.

-Ne t’inquiètes pas pour ça. De toute façon, je comptes pas connaître d’autres impériaux. Les quelques que j’ai connu m’ont assez déçue comme ça.

Quand elle disait ça, elle pensait bien évidemment à tous les soldats qu’elle avait pu croiser. Des ivrognes misogynes pour la plupart. Alors autant éviter d’en rencontrer si c’était juste pour leur taper dessus. Quoique c’aurait le mérite de la défouler. Mais elle était dans l’Empire. Donc elle ne pouvait se permettre des taper sur ses propres alliées temporaires. Même s’ils ne servaient à rien.

De toute façon, elle était vraiment très bas dans la hiérarchie impériale. Elle était bras droit du bras droit, mais encore faudrait il qu’elle fasse ses preuves. Ce dont elle n’avait pas la moindre envie. D’abord parce qu’elle était flemmarde. Ensuite parce qu’elle ne gagnait rien à se faire connaître. Sinon des ennuis mais ce n’était pas la peine de les attirer. Ils venaient seuls.

*C’est vrai, je suis bien d’accord là-dessus. Tu t’attires toujours les pires ennuis imaginables !*
*Eh ! C'est même pas vrai ! Et puis avoues que je m’en sors toujours !*
*Oui, mais grâce à qui ?*
*A toi, t’es content maintenant que t’as eu la réponse que tu voulais ?*
*Oui, moyennement content, mais ça va.*
* Pourquoi t’es moyennement content et pas content tout court?*
*Parce que tu n’es pas tout à fait sereine, qu’est-ce qui te préoccupes autant ?*
*Rien. Rendors-toi et pose plus de questions!!*

N’empêche, quelque chose contrariait Elyon. Pourquoi Tallagh ne s’était il pad douté qu’elle squatterait l’esprit de Saphir ? C’est vrai, il aurait du s rendre compte qu’elle partageait tout avec son dragon ! Quand elle avait fait son pansement, qui avait aidé, mmh ? Le premier qui répond Tallagh s’en prends une ! XD Tallagh ne s’était pas montré très malin sur ce coup-là. Tôt ou tard, Elyon l’aurait appris. A supposer que Saphir ait eu l’idée de cacher cette conversation. Ce qui était assez improbable. Il sommeillait depuis le début de la journée, et le vol ne l’avait qu’en partie réveillée. Alors Tallagh n’aurait pas du trop lui en demander. Etrange comme Saphir pouvait ressembler à Elyon au saut du lit. Le même air enfariné. Sauf qu’il avait besoin de nettement moins de sommeil. Au grand dépit d’Elyon et sa flemme quasi-légendaire.

Elyon constata Avec surprise que Tallagh n’était franchement pas entier. Elle s’attendait à ce qu’il s’inquiète. Au moins un peu ! Oh, c’était vexant ! Méchant ! Oui, elle savait qu’elle ne faisait pas peur, mais il aurait pu faire un effort ! Même s’il avait une tête de plus qu’elle, se n’était pas une raison pour rester calme et la regarder de haut, ce qui n’était pas bien difficile si on y réfléchit bien. Enfin, elle en avait marre de ne voir aucune leur d’inquiétude dans son regard, mais autant tenter de l’en débarrasser totalement, à supposer qu’il est une once d’inquiétude, en bon mari qu’il était.

-Ton secret sera bien gardé. Je n’ai aucune raison de vouloir le révéler. De toute façon, qui me croirait ? Je suis qu’une gamine chanceuse parce qu’un dragon a éclos pour elle. Personne y croira si j’annonces que t’es un traître.

Elle venait de parler d’une voix blasée. Non pas qu’elle soit déçue qu’on ne s’occupe pas d’elle au sein de l’Empire, loin de là puisque ça l’arrangeait. Elle était juste un brin déçue que Tallagh ne lui fasse pas entièrement confiance. Tout en sachant pertinemment qu’il avait raison. Elle ne lui faisait pas confiance, il avait raison d’en faire de même. N’empêche. Elle aurait bien aimé avoir une épaule sur laquelle pleurer de temps en temps, ou quelqu’un d’attentif pour l’aider et la conseiller. Comme toujours, elle se contenterait de Saphir.

Quand Tallagh annonça qu’il était un garçon plein de surprises, Elyon dut faire un effort pour résister à la tentation de tousser pour le contredire discrètement. Et c’était très tentant ! : p Mais absolument pas stratégique, surtout qu’il était son entraîneur. Enfin, pour l’instant mais ça c’est une autre histoire. N’empêche, elle avait bien envie de le contredire ! Mais elle se retint, pensant qu’elle avait autre chose à faire que l’embêter, quoique...

Mais ce n’était pas l’idéal pour qu’il lui fasse confiance. D’ailleurs il ne lui révélerait rien si elle ne lui prouvait pas qu’elle savait tenir sa langue, c’était trop injuste ! Elle allait se mettre à bouder, tiens ! Le pire, c’est encore qu’il avait raison !

-Le fait que tu m’aies recrutée et te charges de mon entraînement! Ne me dis pas que tu choisis des traîtres parmi tes élèves ? Et sinon...Pas grand-chose mais reconnais que tu ne me donnes aucune chance de te le prouver!

Il fallait au moins qu’il reconnaisse qu’il ne lui laissait pas d’occasion de lui prouver qu’elle était (à peu près) digne de confiance, et il était bien placé pour lui faire de beaux discours après ça !
D’ailleurs, son sourire ne trompait personne, il n’était pas gentil ! Oui, terriblement puéril, mais bon, c’était ainsi dans l’esprit d’Elyon. Tallagh n’était pas sympa de ne lui donner aucune chance. C’est quand il lui demanda ses motivations qu’elle le trouva décidément trop méchant. Enfin, elle n’y arriva pas. Pas parce qu’elle était incapable de se mettre en colère. Non, elle l’était de bien réaliser la situation.

Elle avait l’impression de ne plus rien entendre autour d’elle et d’avoir le souffle coupé. L’impression de retomber dans l’Autre Réalité, aüstra raïs. Elle était complètement déconnectée de la réalité, et Saphir lui demandait ce qui lui arrivait. Elle ne risquait pas de l’entendre. Le dragon se rapprochas de sa dragonnière et la secoua délicatement. Elle s’assit contre lui, ne sachant plus quoi faire.

Plusieurs solutions s’offraient à elle.

a) Faire croire à Tallagh que quand elle était devenue amnésique, elle était déjà dans l’Empire. Le contexte chronologique ne collerait pas, mais tant pis. C’était la solution la plus simple.

b) Fondre en larmes et expliquer entre deux sanglots que tout ça avait rapport avec son frère. Lui sortir un truc abracadabrant qu’il oublierait au fur et à mesure de qu’elle lui expliquerait et qu’il s’évertuerait de la consoler, au moins pour éviter une inondation en Alagaësia.

c) Dire la vérité.

d) Lui dire qu’il n’est pas concerné.

e) Modifier la vérité

Alors, la solution trois est inenvisageable. Trop risquée. Et comment elle lui explique qu’elle veut trahir l’Empire après un truc pareil ? Franchement, son frère était dragonnier Varden et elle, elle choisit l’Empire ? Non, pas logique du tout, il va découvrir le pot aux roses !
Bon, joker ? Oui ? Le 50-50 je suppose. Ah, je le savais ! Dragon, éliminez deux mauvaises réponses. Bien, Elyon, il vous reste

a) Faire croire à Tallagh que quand elle était devenue amnésique, elle était déjà dans l’Empire.

b) Fondre en larmes et expliquer entre deux sanglots que tout ça avait rapport avec son frère.

d) Lui dire qu’il n’est pas concerné.

e) Modifier la vérité

Que choisissez-vous ? E ? C’est votre dernier mot ? Bonne réponse ! Vous gagnez...0 couronnes, juste le droit de rester en vie. Au revoir, et merci d’avoir joué ! (Désolée, ce délire es venu tout seul, et puis c’est moins monotone comme ça !^^)

Elyon pencha donc pour la réponse e. Décidant qu’elle avait perdu trop de temps, elle improvisa.

-Je cherche à rencontrer d’autres parjures. Ils auront sûrement côtoyé mon frère et pourront me parler de lui. De toute façon, je peu pas vivre d’amour et d’eau fraîche et dragonnière contre l’Empire, c’est pas une bonne situation.

Tout en la contemplant, Tallagh souriait. Oui, il la prenait pour une gamine, avec son mètre cinquante [pardon soixante^^], ses cheveux longs toujours en bataille et son sourire juvénile, du moins, quand elle était de bonne humeur. Un instant, il se prit à penser à quoi pouvait bien ressembler son frère, et à quoi pouvait bien ressembler Elyon petite. Elle avait du être adorable, pas étonnant que son frère ne ce sois donné pour mission de la protéger !

Même maintenant, elle était adorable. Si l’on pouvait oublié le côté petite peste qu’elle affichait parfois, Elyon était une jeune femme aux allures de petite fille qu’on avait, presque malgré soi, envie de protéger contre tous les malheurs du monde. Tallagh avait une fâcheuse tendance, depuis qu’il était devenu père, à traiter comme des enfants les plus jeunes de ses camarades, et sa petite protégée n’y faisait pas exception. Mais le parjure se promit de bien faire attention à ce qu’il dirait la prochaine fois, pour éviter de la vexer en la traitant comme une gamine. Il avait tout le loisir de se montrer complètement gâteux avec ses propres enfants, de toute façon !

En écoutant la réponse d’Elyon, le dragonnier sourit, et la question fusa avant même qu’il ait pu la retenir.

Ces impériaux qui t’ont déçu, je fais parti du lot ?

A peine avait-elle franchit ses lèvres qu’il la regrettait déjà et, un peu gêné, se frotta la tête en essayant de rattraper le coup le plus discrètement qu’il pouvait. Assez dur, puisque la question était assez directe, mais on dit bien qui n’essaye rien n’a rien, non ? Avec une grimace, il s’empressa donc d’ajouter.

Oublie, en fait. Je crois que je n’ai pas envie de savoir la réponse.

**Trop tard, petit. **
**Tal ? Tu veux bien me laisser me rendre ridicule tout seul ? Je t’en remercie d’avance. **
**A ta guise. Je reste dans le coin pour ramasser les morceaux**
**Très drôle, je suis mort de rire**

Il regarda Elyon avec un léger sourire, espérant de tout cœur qu’elle allait oublier sa question. Mais bizarrement, elle semblait plutôt prête à faire le contraire de ce qu’on lui demandait, alors, Tallagh se prépara à une réponse moqueuse. En même temps, il l’avait bien cherché… il essayait de se discipliner, mais parfois, son côté impétueux reprenait le dessus, et alors là, attention les dégâts !

Mais en tout cas, le dragonnier fut assez heureux de voir que son stratagème marchait. Non, il n’était pas inquiet pour Louve, enfin si, pour être honnête, mais il avait réussi à bien le dissimuler et, apparemment, Elyon ne s’y attendait pas. Non mais oh, c’est pas parce qu’il est amoureux que Tallagh est forcément stupide ! Oui, bon, il peut être stupide sans être amoureux [pourquoi j’écris ça moi ?], mais là, il était amoureux, et donc [je m’enfonce Xd]. Bref, reprenons. Je disais donc que Tallagh n’était pas stupide [S’il vous plait, arrêtez de rire et restez concentré !], et qu’il savait pertinemment que Louve n’avait pas autant besoin de sa protection qu’il se plaisait à le croire. Mais il s’inquiétait tout de même pour elle, et Elyon n’y voyait que du feu. Mais pour être tout à fait honnête avec la jeune fille, il ne se sentait pas menacé par elle, non. Malgré ses beaux discours sur le fait qu’Elyon n’avait pas prouvé qu’elle était digne de confiance, il se fiait à elle.

Pour ceux qui ont suivi, les beaux discours sur la confiance, c’était plus pour refuser à Elyon de rencontrer Louve que par pure vérité, mais ça, la jolie demoiselle aux cheveux noirs ne le savait pas [ Sois dit en passant, c’est un plus joli surnom qu’Ely lol]. Elyon le rassura à nouveau, histoire certainement d’être sur qu’il ne passerait pas la nuit à s’inquiéter. C’était d’ailleurs drôlement gentil à elle, de s’inquiéter à ce que Tallagh ne s’inquiète pas. [J’ai jamais dit que c’était facile de suivre mes raisonnements ^^], et le dragonnier se sentit, non pas rassuré puisqu’il l’était déjà, mais heureux. Elyon, le nain de jardin qui se trouvait en face de lui, ce petit bout de dragonnier, Elyon, donc, s’inquiétait pour lui. Ou était-ce un stratagème pour gagner sa confiance ? Tallagh ne la pensait pas aussi machiavélique, aussi accueilli-t-il la déclaration de la jeune fille avec un sourire.

Il y a toujours des imbéciles pour prêter l’oreille aux ragots. Mais je doute qu’on te laisse les répandre bien longtemps.

Ce n’était pas une menace, non, loin de là : une simple constatation. Tallagh, comme la plupart des hauts gradés, avaient des amis qui s’arrangeaient toujours pour ne pas laisser libre cours aux rumeurs. Des gens intéressés, qui seraient contrarié de voir le jeune homme mis en péril. Certains complotaient bien sa perte, il en était sur, mais il avait assez d’amis loyaux, et plutôt bien rémunéré, pour faire en sorte de rester en vie. Par contre, si Elyon creusait un peu, si elle obtenait la moindre preuve, là… c’était différent. Donc, autant lui accorder sa confiance et lui révéler une partie du secret, ainsi, elle n’irait pas fouiner et dénicher un autre secret qui, lui serait bien plus embêtant pour l’avenir du dragonnier.

C’est vrai, je ne te donne aucune chance de me prouver que je peux te faire confiance. Ca limite les risques pour moi, et, à la limite, pour toi aussi. Tu veux rencontrer ma femme. Cela se fera sans doute, un jour, mais…pas maintenant.

Un jour, sans doute, où il aurait déjà aplani le terrain. Car Louve pouvait, il le savait, se montrer extrêmement jalouse et possessive. En même temps, il l’adorait comme elle était, dans les moindres détails. Mais faire se rencontrer Elyon et la femme de sa vie… non non, décidément, ce n’était pas une bonne idée. Même si on oublier le côté dangereux de la chose, cela s’avérerait sans doute assez mauvais… surtout pour lui et, bizarrement, il n’était pas prêt à tenter l’expérience. Espérant un peu qu’Elyon lâche prise, même s’il n’y croyait pas trop, il avait changé de sujet, lui demandant quelles étaient ses motivations. Brillant, n’est ce pas ? En plus de lui jouer le couplet « la confiance, ça marche dans les deux sens », il aurait peut-être quelques réponses à ces questions. Une pierre, deux coups, qui dit mieux ?

Apparemment, sa question avait sonné Elyon. Tant mieux, elle oublierait peut-être définitivement cette histoire de rencontre, ce qui l’arrangeait. La jeune fille se laissa tomber contre son dragon, et Tallagh l’imita, callant son dos contre les écailles ventrales de Talenka qui déroula son long cou pour venir chatouiller la nuque du dragonnier de son souffle brûlant. Caressant distraitement le museau offert, Tallagh ne quittait pas Elyon des yeux, attendant de voir ce qu’elle allait répondre.

Elle mit d’ailleurs un certain temps à formuler sa réponse, et la patience n’était le point fort de Tallagh quoique, sur ce point aussi, il avait fait des progrès. Les deux monstres qui lui servaient d’enfants y étaient sans doute pour quelque chose, et le dragon vert aussi, mais une chose était sure. Il en avait, oui, mais pas des masses tout de même. Les miracles, ça n’existe pas XD

La petite demoiselle assise en face de lui finit par répondre, et Tallagh la regarda d’un air pensif, réfléchissant à ce qu’elle venait de lui dire. Elle voulait rencontrer d’autres parjures, des parjures qui connaissaient son frère. Tallagh, lui était sur de ne pas le connaître. En même temps, il ne devait pas être très grand lorsque le frère d’Elyon avait disparu, étant donné que celle-ci n’était pas beaucoup plus âgée que lui. Donc, il ne lui serait pas d’une grande aide. A moins que…

D’un sourire, il acquiesça à la dernière remarque d’Elyon, tout en songeant que c’était pourtant exactement ce que faisait Louve. Mais bon, ce n’était sans doute pas le moment propice pour en parler, aussi, préféra-t-il se reporter sur un sujet moins dangereux, et tout aussi intéressant pour Elyon, il en était sur.

J’étais trop petit pour le connaître, mais je peux peut-être faire quelque chose pour toi. Les clercs du château tiennent un registre de tous les soldats, leur origine, leur arrivée, dans quelle circonstance, bref, tu imagines bien. Donc, ils doivent avoir quelque chose sur ton frère. Je peux toujours voir dans la bibliothèque, je suis sur d’y trouver une trace de… comment il s’appelait déjà, ton grand frère ?

En voyant le regard un peu paumé de Tallagh, Elyon se demanda à quoi son impérial d’entraîneur pouvait penser. Etrangement, elle sentait venir une remarque philosophique à la noix, pour ne pas dire un autre mot que vous aurez tous deviné. Enfin, bref, elle sentait une question ou autre. Il fallait dire qu’elle n’avait pas pris des gants en disant que les impériaux l’avaient souvent déçue. Pour une fois qu’elle était honnête, le résultat était quelque peu raté. Quelque peu, n’exagérons rien !

Mais franchement, avec un regard pareil, à quoi pouvait il penser ? Elle n’eut pas le loisir de se poser plus de questions, car elle venait, à peine de fermer la bouche qu’il répondait déjà. Timing parfait. Réponse moins parfaite. Alors comme ça, il voulait savoir s’il l’avait déçue ? Ha ha ha... il voulait la réponse honnête ou la réponse qui fait plaisir ? Bon, si elle lui reparlait de tout à l’heure, quand il l’avait blessée à la main, elle serait un peu méchante. Et honnête. Si elle ne lui en reparlait pas, elle ne serait pas franche. Dans les deux cas, elle avait intérêt à formuler une réponse diplomate. Ce qui était loin d’être facile pour elle, Saphir pouvait témoigner.
En règle générale, Elyon était trop ou pas assez honnête. Et Saphir en savait quelque puisqu’il la contacta aussitôt mentalement.

*Elyon ? Tu fais attention à ce que tu dis, d’accord ?... Elyon ?*

Trop tard, elle allait parler.

*Même pas capable d’attendre un peu T_T, je sens qu’elle va s’enfoncer.*

Tallagh venait de lui dire qu’il préférait ne pas savoir la réponse. Pour une fois, Saphir était totalement d’accord avec le parjure, enfin une idée intelligente ! Ah il l’aurait presque pris dans ses bras ! Enfin, presque. N’exagérons rien, il n’irait pas jusque là. En fait moins il le côtoierai et mieux il se porterait et... Incroyable. Elyon voulait quand même lui fournir une réponse. Oui, Saphir avait des raisons d’être inquiet.

-Pour être honnête, au début tu m’as beaucoup déçue. J’ai franchement hésité à te donner un coup de pied dans le tibia dès la minute où je t’ai connu. J’ai beaucoup hésité aussi ce matin quand tu m’as fait mal à la main. En fait, si Saphir n’avait pas été là pour me surveiller, je crois que tu aurais mal au tibia. Mais en fin de compte, loin d’être parfait tu te révèles quand même sympathique. J’aurais pu tomber sur un entraîneur plus normal, mais ça m’aurait ennuyée. Je suis plutôt contente de t’avoir comme supérieur. Plutôt.

Ca y est, Elyon venait de fournir une réponse honnête et diplomate. Une première si on en suit le cours de ses souvenirs. C'est-à-dire pas longtemps en fait. Mais bon, elle était assez fière d’elle. C’était assez gentil pour ne pas vexer Tallagh, ce qu’elle tenait à tout prix à éviter et assez honnête. Elle était sincèrement contente d’être son élève.
Etrangement, quand il répondit à l’une de ses paroles par « je doutes qu’on te laisse les répandre longtemps » elle fut tout d’un coup moins rassurée. Etrange, non ? Son instinct d’auto-préservation se développait enf...quoi ? Ce n’est pas ça que vous trouvez étrange ? Le fait que ce soit une menace à peine dissimulée ? Ah bon. Donc, cette phrase pouvait être perçue comme une menace, et c’est d’ailleurs comme ça qu’Elyon la percevait. Visiblement, Saphir aussi.

*Je rêve ou c’est une menace ?*
*Si je te dis que tu rêves, tu me crois ?*
*Pas le moins du monde.*
*Zut.*
*Pourquoi tu essaies de le défendre alors qu’il te menace ?*
*Mais je n’essaies pas de le défendre.*
*Admettons. Toujours est il qu’il te menaces.*
*...*
*Tu dors ?*
*Gros malin, je suis encore debout que je saches ! Comment tu voudrais que je fasse pour dormir dans des conditions pareilles !*
*Ah oui. Je suis tellement habitué à te voir roupiller...*
*Merci.*
*Et qu’es-ce que tu entends par "conditions pareilles" ?*
*Avec un lézard géant et perturbateur dans les parages.*
*Ah bon...eh mais c’est quoi ce sous-entendu !*

Vous l’aurez remarqué, les conversations entre Elyon et son dragon _ou Saphir et sa dragonnière_ tournaient très vite au hors sujet. Ce qui dans le cas présent arrangeais Elyon.
Considérant sans vraiment le vouloir Tallagh comme un grand frère de remplacement (je sais, pas très honorifique comme titre) elle ne voulait pas que Saphir le déteste. Ce qu’elle aurait du faire officieusement. Comment trahir Tallagh si elle le voyait comme son frère, seule personne qu’elle se souvenait avoir apprécié ? Décidément, elle était douée pour se mettre dans de bien mauvaises situations. Pourquoi fallait-il qu’elle retrouve en Tallagh son frère décédé ? Outre la ressemblance physique assez frappante.
D’ailleurs, Tallagh reprit la parle et lui parla de son frère, ce qui vu le contexte actuel n’avait rien d’une coïncidence.
Alors comme ça, il pensait pouvoir faire des recherches. Elyon faillit le remercier immédiatement avant de se rappeler quelque chose. Le souvenir qui avait jaillit dans sa mémoire tout à l’heure. Son frère se faisant traiter de traître pouvait avoir plusieurs significations.
Soit il s’était incrusté dans l’Empire pour mieux le trahir, comme elle. Soit il avait été mercenaire pour le compte de l’Empire. Soit il avait trahi les Vardens pour rejoindre l’Empire. Il y avait deux chances sur trois pour qu’il n’ait pas eu de bonnes relations avec l’Empire. Ce qui explique qu’il se soit fait assassiner par un Parjure.
Mais dans un de deux premiers cas, le problème était que si Tallagh se rendait compte qu’Alexandre avait trahi l’Empire, il soupçonne la petite sœur d’avoir en tête la même idée. Donc, problème. La meilleure solution était la réponse diplomate. Deux fois en si peu de temps... Bizarrement, on pouvait pressentir en connaissant Elyon qu’elle fasse une erreur diplomatique.

-Alexandre. Ou Lloyd. Mais il a eu tellement de surnoms que je ne serais pas étonnée qu’aucun nom de ce registre ne concorde. Dans les seuls souvenirs que j’ai de lui, je sais qu’il était très doué pour dissimuler une partie de la vérité. Si c’est possible, je préfèrerais regarder le registre en question avec toi. Et puis, il s’est sûrement engagé comme mercenaire. Les responsabilités longues durée, c’était sa hantise.

Malgré sa réponse, malgré ses efforts pour rattraper la question stupide qu’il avait posé presque malgré lui, malgré le fait que la réponse d’Elyon ne l’enchantait pas plus que ça, Elyon répondit. Evidemment… si elle ne l’avait pas fait, à la vérité, il aurait été très surpris. Ca lui apprendrait à ne pas réfléchir avant de parler, pourtant, c’était l’une des premières leçons qu’il avait apprise, enfant, et encore une des premières qu’on lui avait répété, tout jeune dragonnier arrivé au service de l’empereur.

"Réfléchi avant d’agir et, si possible, réfléchi encore plus avant de parler."

Les mots de sa mère lui revinrent en mémoire, ces quelques mots qu’elle lui avait glissé alors qu’il venait, pour la énième fois, de se battre avec un des nombreux rejetons de ceux qui assistaient aux banquets de Père. Les deux garçons s’étaient battus pour une stupide question d’honneur, Tallagh lui avait dit que sa sœur ressemblait à une truie, et l’autre n’avait pas apprécié. Le jeune Malden avait gagné, mais à la limite, vu la volée que son père lui avait infligé après son éclatante victoire, il eut été plus heureux de perdre. Quoique…

Mais le dragonnier secoua la tête, se concentrant sur le moment présent. Si la réponse d’Elyon, il s’en doutait, ne lui plaisait pas, il n’aurait qu’à s’en prendre à lui-même. Enfin, on ne se refait pas, et les défauts qu’il avait tout gamin déjà, tendait parfois à ressortir. Il faisait de son mieux pour les oublier, mais parfois, cela lui jouait des tours…

Sa petite protégée répondit donc, et Tallagh ne put s’empêcher de rire quant à la première partie de sa réponse. Effectivement, le jour là, il avait joué le grand jeux, affectant les manières des petits nobliaux qui, il le savait, ferait qu’Elyon le détesterait. Et apparemment, cela avait bien marché, puisqu’elle s’en souvenait encore avec un dégoût certain ! Il pouvait se montrer exécrable parfois, ça c’était sur, et l’exemple de ce matin ne redorait pas son blason. Défaitisme passager, moment de déprime… il aurait mille et une raisons pour justifier de son comportement, mais ne pipa mot, sachant qu’au fond, Elyon avait raison. Talenka le lui répétait assez pour qu’il en soit conscient, d’ailleurs.

Néanmoins, la jeune fille termina sur un compliment, qui fit légèrement rougir Tallagh. Il n’avait pas trop l’habitude des effusions, surtout avec ses hommes, et le « plutôt contente » d’Elyon lui fit chaud au cœur. Le dragonnier essaya maladroitement de dissimuler ce sentiment d’allégresse mais, à l’air désapprobateur de Talenka, il se douta bien que ce n’était pas réussi. Tant pis, de toute façon, il n’était pas de marbre, si ? Son Père l’était, et, comme il le constatait, ça ne lui avait pas réussi, au final. Bredouillant un peu, il finit par remercier la jeune fille, se fichant pour une fois complètement qu’elle se moque de lui.

Ben, euh… enfin. Merci.

Il aurait pu rajouter quelque chose dans le style « je te remercie pour mon tibia », ou « moi aussi je suis content de t’avoir comme apprentie », mais disons que sur le moment, ces phrases lui paraissaient creuses et sans intérêt. Espérant qu’Elyon comprendrait que le merci sous entendait un paquet de chose, il n’ajouta rien d’autre, pas forcément très pressé de se ridiculiser aux yeux de la jeune femme.

Tallagh finit par reprendre contenance, sous les pensées moqueuses de Talenka auquel il n’accorda pas un coup d’œil. Après avoir passé quelques années à se défendre bec et ongles contre les moqueries de l’écailleux couleur de jade, le dragonnier avait finit par comprendre que cela ne servait à rien, sa fureur ne rencontrant que les moqueries renouvelées du dragon. Maintenant, Tallagh appliquait le principe du « la bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe » [aussi connue de notre temps sous le principe : le train de ta bêtise roule sur les rails de mon indifférence ou, pour les accros à Tintin, les chiens aboient, la caravane passe. ExpressionsdébilesdeTallagh.com, et j’en connais un paquet d’autres Xd], c'est-à-dire qu’il l’ignorait purement et simplement, jusqu’à ce qu’il se lasse. Ce qu’il faisait parfois au bout d’un trop long moment au goût de Tallagh, qui finissait par répondre, et les moqueries continuaient.

Mais bref, le dragonnier avait tout de même réussi à changer de sujet, étant donné que celui-ci s’avérait plutôt savonneux. Et il avait réussi à choquer Elyon, ce qui, il devait bien se l’avouer, était aussi plaisant que de parler d’autre chose que Louve, lui ou quelconque autre sujet se rapportant à sa vie privée. Le dragonnier n’était à la vérité pas vraiment friand de se raconter : son enfance avait été plutôt moyenne, son adolescence, assez mouvementée, et sa vie actuelle était… compliquée. Ce qui expliquait qu’il n’avait pas la moindre envie de se dévoiler, ni maintenant, si jamais. Même entre Louve et lui, le sujet était assez tabou, étant donné que sa femme n’éprouvait pas la moindre envie de lui raconter son passé. Ils se taisaient donc et, apparemment, c’était beaucoup plus simple pour tout le monde.

Par contre, l’idée qu’Elyon soit comme lui ne lui effleura pas l’esprit le moins du monde. Oui, Tallagh était légèrement égoïste, mais il faut avouer que ce n’était pas facile de rester ouvert à toutes et à tous en sachant que chacun d’entres eux vous poignarderaient dès que vous tourneriez le dos. C’est pour ça qu’il avait parlé de ces recherches, après tout, Elyon lui avait demandé de l’aider, plus ou moins, non ? Et même si parfois elle lui mettait les nerfs en pelote, le jeune parjure l’appréciait et souhaitait l’aider.

Elyon lui répondit sur ces entrefaites, lui indiquant le vrai prénom de son frère et même son surnom. Pas de surnom, mais bon, Tallagh s’y attendait un peu. Il ne connaissait pas celui d’Elyon, ainsi que celui d’un paquet d’autres soldats. Jurer fidélité à Galbatorix vous permettait de cacher certaines choses et, à la vérité, peu de soldats donnaient leur vrai nom. Pas par défiance envers l’Empire, non, quoique… Mais beaucoup souhaiter cacher leur appartenance à une famille, car beaucoup de famille avait vu fleurir les traîtres. Tallagh ne se voulait pas la face, il avait des oreilles, et les exploits du « tyran » étaient dans toutes les bouches. Mensonges et calomnies, certes, mais il n’empêche que beaucoup croyaient dans les mensonges des Vardens. Pour là où ça les avait mené… ils avaient été défaits, battus, leur reine avait péri. Triste constat du chemin sur lequel mène le mensonge… mais bref, ce n’était pas le sujet.

Tallagh ne dit donc rien à propos de l’absence de nom, au pire, il pourrait peut-être le voir si celui-ci était indiqué sur les registres. Elyon se proposa même de se joindre aux recherches, ce que le dragonnier apprécia, à vrai dire : ils ne seraient pas trop de deux, étant donné l’ampleur du travail. Les registres auxquels il faisait référence contenait les prénoms, noms et descriptif de tous les soldats du roi, pour des questions d’impôts, de recettes, de ban… Ils étaient à jour, aucun doute là-dessus, mais chercher un nom s’apparenterait à rechercher une aiguille dans une botte de foin… entourée de dizaines d’autres bottes. Un fameux travail de recherches en perspectives, et Tallagh espérait qu’Ely n’était pas claustrophobe. Il était descendu une fois dans les cryptes, tout petit, avec son père, et en gardait le souvenir de froids murs de pierres qui vous donnaient l’impression de vouloir vous étouffer… d’obscurs moines qui ne parlaient jamais… de monstres dansants sur les murs à la lueur des lampes. Pas vraiment l’endroit où il reverrait de passer des vacances, mais se voir accorder la confiance d’Elyon valait bien le sacrifice de quelques jours passés dans la pénombre, non ?

On peut toujours essayer de le retrouver, cela n’engage à rien. J’espère juste que tu n’as pas peur du noir ?

Lança-t-il avec un sourire, avant de se rendre compte que sa plaisanterie était à double tranchant. Elyon n’avait sans doute pas peur du noir mais, à chercher des réponses, elle risquait bien de rencontrer des fantômes…

C’est bizarre, Tallagh ne s’était pas étonné qu’elle lui réponde malgré son souhait de ne rien savoir, comme elle ne s’était pas intriguée qu’il refuse de lui présenter sa femme. Ils commençaient à se connaître un peu trop bien. En tout cas, s’il ne voulait pas savoir, il ne fallait pas demander !
C’était pourtant bien simple, quand on connaissait un peu Elyon, surtout qu’il se chargeait de son entraînement et _même si elle était loin de répondre à toutes ces questions_ il aurait pu se douter qu’elle répondrait à celle-ci. D’abord, pour le plaisir d‘avoir trouvé quelqu’un d’autre que Saphir à em....bêter ce qui aidait le dragon à apprécier Tallagh, ensuite parce qu’elle ne voulait pas parler de sa famille. Pour tout rappel, elle était orpheline et amnésique. Pas étonnant qu’elle soit muette concernant sa famille.

D’ailleurs, même Saphir n’en savait pas beaucoup. Elle lui en avait parlé petit à petit, comprenant sans qu’on l’aide qu’en temps que dragonnière, son écailleux devait la connaître et vice-versa. Petit à petit, elle avait été plus encline à en parler. Pourtant, si Saphir pouvait parler aisément du frère d’Elyon, il ne savait quasiment rien de ses parents. Tout en voyant bien que malgré son amnésie, elle lui cachait quelque chose. Et pour qu’elle ne lui en parle pas, il y avait forcément quelque chose dont elle avait honte. Mais quoi, il n’en savait rien. Bah, il fallait espérer qu’elle se remettes à parler, tôt ou tard, mais la connaissant, ce serait plutôt tard.

Allons bon, voilà que Tallagh secouait la tête. Il pouvait l’aide d’un grand coup sur le crâne s’il voulait. Quoique non, après Talenka aurait l’idée de les embêter Elyon et lui. Et il voulait être le seul à pouvoir taper gentiment (hem, hem) sur sa dragonnière. Il la supportait le reste du temps, alors il devait avoir des privilèges ! Si vous pensez que Saphir était aussi mesquin que sa dragonnière, vous avez raison. Pour sa défense, il pouvait toujours dire qu’elle lui avait déteint dessus. Et plaider non coupable.

Ce fut quand Tallagh éclata de rire à la réponse d’Elyon que Saphir se décida à lui prêter attention. A la réponse du Tallagh qui suivrait, pas au Tallagh qui était d’ailleurs sans intérêt. Oui, Saphir adorait le parjure !
Elyon patiemment_ après l’éclat de rire de Tallagh_ qu’il daigne lui répondre. Il était souvent...comment dire ?... Bon soyons francs : ex-é-crable. Il l’avait surtout été à Teirm, en fait, Seyta n’aurait pas été là, elle l’aurait tapé.

Tallagh avait ri il y a quelques secondes, et maintenant, Elyon avait bien envie de faire pareil. D’ailleurs, le fait qu’on lui ait greffé des tomates sur les joues moins que ça ne soit sa couleur habituelle_ y était pour beaucoup. Les joues couleur tomate, il aurait pu éviter. Enfin, passons, ça vaudra mieux pour lui. Remarquez, le sourire niais aussi. Il aurait pu trouver une meilleure introduction pour sa réponse.

Elyon avait franchement envie d’éclater de rire. Pour ne pas le mettre mal à l’aise, elle fit l’effort de se retenir, on voyait qu’il n’était pas habitué à recevoir des compliments, elle pouvait bien tenter un « même pas de Louve ?» (C’est joli, hein quand on enlève le « u » ?) mais Tallagh n’apprécierait certainement pas. Sa femme, c’était la prunelle de ses yeux, voire plus et on pouvait le deviner. Et le comprendre.
Enfin, pour ne pas nous égarer plus sur le sujet, revenons à la réponse (grotesque) de Tallagh !^^ Pas terrible, certes, mais ça venait du fond du cœur ! Pour sa décharge, il n’était pas habitué à ce qu’on le flatte. Normal ! XD (petite crise de sadisme passager, ne pas faire attention. Merci.) Donc, Elyon se décida à répondre.

-Tu devrais arrêter de rougir, je suis sûre qu’on doit te voir à des kilomètres ! Ne t’inquiètes pas, je ne répéterais pas ce moment particulièrement humiliant (et divertissant pour moi) à tes autres subordonnés ! Personne à part nous quatre en comptant Tal et Saphir n’en saura rien, pas même ta femme. Donc maintenant, tu peux arrêter d’être rouge, d’accord ?

Pas super gentil mais elle avait fait de son mieux pour ne pas le vexer, et c’était trop tentant ! Ah, si l’appareil photo avait été inventé... Toujours et il que le petit « merci », oui le petit couinement de la fin, sous-entendait...bah beaucoup de choses. « J’suis heureux d’être ton entraîneur » merci de pas te préoccuper de ma couleur (trop tard) » « te moque pas » « ne le dis à personne, sinon...je...Je me fâches ! » « Pitié, préserves mon honneur, le répètes pas !
Enfin bref, ce petit son valait dire beaucoup de choses. Pour la dernière sous-entedition (super mot, hein ?) c’était un peu raté. Talenka s’employait déjà à se moquer de Tallagh. Et on voyait quez Saphir faisait des efforts pour ne pas en faire de même et rester aussi digne qu’Elyon qui se « contentait » d’afficher un graaaaaand sourire sur son petit visage réjouit!

Mais, hélas, Tallagh finit par reprendre sa teinte habituelle, en passant par un très joli camaïeu de rose. Il fallait dire qu’il semblait ignorer l’état nerveux de son dragon. Il le faisait bien entendu exprès : un grand machin vert de plusieurs mètres de haut et pourvu d’ailes qui se fend la poire, ça ne passe pas inaperçu. Désolé, Talenka, il faut dire les choses comme elle sont. Une minute de silence pour l’écailleux. Merci.

Donc Tallagh retrouvait peu à peu sa contenance, et on lisait dans son regard qu’il étai pressé de changer de sujet. S’il posait trop de questions indiscrètes à Elyon, elle pourrait le complimenter pour le réduire au silence. Très intéressant. Mais pour l’instant, Tallagh se montrait passablement gentil, elle n’allait pas le contredire.

Pendant ce temps, une idée faisait son chemin dans la pettite tête d’Elyon. Elle avait une question à poser à Tallagh. Sur ce point, Saphir et Talenka ne pourraient l’aiguiller, mais Tallagh qui avait du sang noble et tout et tout, il pouvait l’aider. Se rendant tout de même compte que sa question était sans queue ni tête et on ne peut plus bizarre, elle hésita. Pas longtemps.
Saphir regardait sa petit dragonnière quand une incertitude le saisit à la gorge. Elyon avait une idée derrière la tête. D’ailleurs, elle affichait une mine réjouie du plus mauvais augure. Tandis qu’Elyon commençait à parler, le doute rongeait Saphir comme la souris au bout du fromage. (moi aussi j’ai des expressions débiles !)

-Dis, Tallagh...

Ca commençait mal. La souris venait de donner un grand coup de dent.

-..tu ne sais pas où je pourrais trouver un piano ? Juste pour en jouer ?

Si Tallagh ne s’attendait pas à une question, c’était bien celle-là.

Après quelques minutes de réflexion, Elyon se rendit compte que sa question avait de quoi décontenancer le parjure.

-Oublies.

Elle n’allait pas l’embêter avec ses envies mélomanes. Surtout après ce qu’il ajouta. Il allait l’aider. Il allait l’emmener voir ce fameux registre ! Elle allait enfin faire d’une pierre, deux coups ! Retrouver des infos sur son frère, trouver des infos sur les parjures qu’il a fréquentés !

Vous vous souvenez du post précédent où plusieurs choix s’offraient à elle ? Eh ben ça recommençait ! D’abord, il y avait sauter au cou de Tallagh et le remercier en faisant faire une crise de jalousie à Saphir _ce qui multipliait le nombre de chances pour Tallagh d’être transformé en grillade par Saphir (saignant ou à point ?). Se montrer calme, stoïque et pas très crédible. Remercier chaleureusement Tallagh en changeant de sujet avant que Saphir ne le transforme en merguez. Oui, il valait mieux la dernière solution pour tout le monde. Ainsi, Elyon pourrait faire ses recherches, Talenka et Tallagh rester en vie et Saphir n’aurait pas de problèmes de digestion, ou ne gaspillerait une innocente (hem, hem) saucisse.

-Merci ! Et pourquoi tu voudrais que j’aie peur du noir ? ... Saphir, interdiction de dire le contraire !

*Dommage !*

Après ce merveilleux petit commentaire de Saphir qui s’apprêtait à s’endormir, il fallait dire qu’il ne servait pour le moment qu’à la décoration, ce qui l’ennuyait profondément. Enfin, en prêtant l’oreille aux questions d’Elyon, il s’ennuyait tout d’un coup bien moins et aux réponses de Tallagh. Sa petite boutade venait de réveiller le dragon qui était assez fier de lui. Que c’était bon d’embêter un peu Elyon ! La petit dragonnière reprit d’ailleurs la parole, non sans avoir donné un coup de pied peur efficace à Saphir. Elle était trop impatiente pour que Saphir gâche sa joie.

-Alors, on va le consulter maintenant ce registre ?

***

Au fait, tu réponds à Teirm?

Elyon n’avait pas perdu l’occasion de le railler et, curieusement, Tallagh s’y attendait. Il commençait à bien la connaître, la petite, et tant mieux, car il ne se voyait pas confier sa vie à quelqu’un dont il ignorerait les actions et les pensées. Bien sur, de là à dire qu’il la connaissait par cœur, il y avait plus qu’un pas, un abîme même, mais cela valait mieux que rien. Le dragonnier se targuait en effet de connaître ses hommes et leurs réactions, et il ne se trompait guère, il fallait bien l’avouer. Sans doute une des raisons pour laquelle il n’était pas encore mort.

La jeune fille lui assura qu’elle ne le répéterait pas, et Tallagh eut énormément envie de la croire. Mais il restait toujours la possibilité que ça lui échappe, et les rumeurs courraient plutôt vite. Et puis après tout, qu’avait-il à se reprocher ? De rougir sous les compliments d’une demoiselle ? La plupart des hommes du Roi, soudards ou officiers, devaient sans doute en être au même point. Entendre dire d’une fille aussi jolie qu’Elyon qu’elle l’appréciait, ça avait de quoi faire rougir pas mal de monde.

Car, même amoureux de Louve, Tallagh n’était pas aveugle. Elyon était adorable, et même la tenue d’entraînement qu’elle portait aujourd’hui ne pouvait faire oublier ~~ses~~ son charme. En même temps, une dragonnière avait de quoi faire fuir pas mal de prétendants… un dragon de dix mètres de haut, allait savoir pourquoi, ça avait tendance à rebuter l’amoureux le plus transi. Il en avait fait la cuisante expérience avec Adana, d’ailleurs, que les dragons pouvaient s’avérer, en dépit de leur sagesse, d’une jalousie maladive. Heureusement qu’il était trop accro pour avoir peur de la compagne de celle qui était devenu, depuis, sa femme. Sinon, leur histoire n’aurait pas duré bien longtemps… Au pire des cas, si Elyon jasait, il pourrait toujours se défendre en arguant qu’elle était si jolie qu’elle l’avait surprise. La plupart de ceux qui colportaient les rumeurs n’étaient de toutes façons que des paysans machos et arrogeant, et peu lui importait qu’on croie qu’il ait une liaison avec sa petite protégée. Il aimait Louve plus que sa vie elle-même et, même s’il ne pouvait le clamer sur tous les toits, son cœur, lui, le savait.

Il haussa donc les épaules en réponse aux moqueries d’Elyon, jugeant inutile de la remercier à nouveau. Il n’allait pas s’abaisser devant elle chaque fois qu’elle lui promettait quelque chose, non ? Il avait son honneur, et si elle décidait de parler, il ne voyait pas très bien comment l’en empêcher. Il se contenta d’un hochement de tête, ses yeux verts observant avec calme le petit visage de la jeune Parjure et, surtout, le grand sourire qu’elle avait sur les lèvres. Décidément, à chaque fois qu’elle mijotait quelque chose, elle avait ce grand sourire et la mine réjouit. Il se retint de lui sourire en retour, imaginait qu’elle n’apprécierait pas qu’il se moque d’elle, vu qu’elle devait être déjà furieuse qu’il ne prenne pas la mouche à ses commentaires narquois. Néanmoins, Tallagh passa rapidement sur le sujet, préférant choisir un terrain moins dangereux.

Mais ce fut Elyon elle-même qui changea de conversation, pour lui poser une question dès plus bizarre et qui, surtout, n’avait aucun rapport avec ce dont il venait de parler, ni de près, ni de loin. Un peu comme si on parlait sport, et qu’on se mette à parler choucroute : rien à voir. Le dragonnier la fixa d’un air interrogateur [D’aucun diraient ahuri, mais je suis prêt à leur casser la figure^^], une lueur amusée dans les yeux. Il ne s’attendait pas à une telle question, c’est vrai et, le temps de l’analyser correctement pour lui fournir une réponse, Elyon ajoutait déjà qu’il ferait mieux d’oublier le sujet.

Avec un sourire goguenard, Tallagh la dévisagea.

Tu plaisantes ? Tu n’as pas eu l’air d’oublier ma question, tout à l’heure, et je vais me faire un plaisir de répondre à la tienne. Un piano… Je dois pouvoir te trouver ça. Après la… enfin, avec tout ce qui s’est passé, beaucoup de suites du palais ont été hum… disons abandonnées. Je suis sûr qu’en cherchant bien, on devrait tomber sur l’ancienne chambre d’un seigneur mélomane. Je demanderais aux gardes, si tu veux.

Il ne se départit pas de son sourire, tout en se demandant ce qu’Elyon pourrait bien faire d’un piano. Il n’était pas stupide, il savait à quoi servait un piano quand même, mais… Disons qu’une Parjure mélomane, avec en plus des origines plus ou moins douteuses, cela ne courrait pas les rues. Par douteuses, la petite cervelle de Tallagh entendait bien entendu d’origine modeste, hors, on n’apprenait guère aux paysans à jouer de la musique. Une nouvelle question à propos de l’identité d’Elyon : on n’apprenait pas non plus aux paysans à se battre, et elle se débrouillait pas mal dans le maniement d’armes. Donc… d’où venait-elle ? Ce n’était certainement pas la gamine d’un quelconque paysan, et pourtant, son attitude se montrait parfois… Et puis, il y avait son frère, aussi. Un dragonnier… sans nul doute, pas d’origine modeste non plus.

Bien que cette recherche se faisait en priorité pour Ely, Tallagh songea qu’il parviendrait aussi à y trouver son compte. Mais il s’abstint de piper mot, dès fois qu’elle ne soit pas du même avis que lui. Elle voulait un piano ? Il lui en dénicherait un, et saurait bien si elle savait en jouer. De toute façon, cela s’avérait moins difficile que de retrouver son frère.

Le parjure sourit en entendant la réplique de sa petite protégée, et jeta un regard curieux à Saphìr. Au contraire d’Elyon, qui semblait l’apprécier beaucoup plus que la première fois qu’ils s’étaient rencontrés, Tallagh avait l’impression que plus le temps passait, plus le dragon le détestait. Il aurait dû être habitué, depuis le temps… peut-être que sa tête ne revenait pas aux écailleux, tout simplement. A moins que Saphìr ait une dent contre lui pour une autre raison.

**Qu’est-ce que j’ai bien pu te faire, petit vieux, pour que tu ne m’aimes pas ? Est-ce de la jalousie, ou tout autre chose ?**

Il garda néanmoins sa pensée pour lui, préférant découvrir la réponse tout seul plutôt que de poser la question à Saphìr qui, pour le coup, ne l’aurait pas apprécié plus. Mais la demande d’Elyon l’obligea à se concentrer sur l’instant présent, et il la regarda quelques secondes, le temps de reprendre ses esprits.

Maintenant ? Je ne sais pas pour toi, mais moi, j’ai une faim de loup ! Mais si tu veux toujours y aller, pourquoi pas ? Je connais une taverne à Ûru’Baen qui sert la meilleure nourriture de toute la région. Je t’invite, si tu veux, et après, on pourra commencer les recherches. Partante ?

Il jeta un regard vers le ciel, qui commençait petit à petit à s’assombrir. La nuit ne débuterais pas avant quelques heures, ils avaient donc tout le temps de commencer, non ? De toute façon, le dragonnier doutait qu’il trouve les réponses aujourd’hui.

Elyon attendait patiemment une réponse de Tallagh. Hem, hem. « Patiemment » n’était pas le meilleur adjectif dans le cas présent. La dragonnière de Saphir commençait sérieusement à s’impatienter. Franchement, qu’es-ce que Tallagh avait à la regarder comme ça ? Ca la mettait mal à l’aise et s’il n’avait pas été dragonnier, parjure en l’occurrence, il y aurait eu fort à parier que Saphir se serait énervé et lui aurait sorti quelque chose comme « dis donc, p’tite tête, arrêtes immédiatement de regarder ma dragonnière. Quoi que non, tu m’éviteras d’aller me chercher à manger. » Avec tous les sous-entendus possibles. Car il ne fallait pas oublier, que même placide et majestueux comme tous ses congénères, Saphir n’en était pas moins jaloux. Très jaloux quand on s’approchait trop de sa dragonnière.

Il fallait dire qu’il considérait sa dragonnière comme une petite chose à protéger. D’abord parce qu’il en allait de sa vie si elle mourrait, ensuite pour d’autre raisons que voici. La taille d’Elyon et celle de on dragon, avouez qu’il a des circonstances atténuantes pour la considérer comme un petit truc à protéger. La mention à protéger et le caractère de la jeune fille parlent d’eux-mêmes. La polarité magnétique d’Elyon aussi : où qu’elle aille, elle aimante forcément quelque chose qui lui est familier à savoir des ennuis.

Tandis que Saphir continuait de médite sur la meilleure façon d’écarter radicalement un opportun de sa dragonnière, Elyon commençait à se demander pourquoi Tallagh continuait de la fixer en réfléchissant. S’il cela n’avait tenu qu’à elle et qu’elle n’avait pas craint de s’attirer des ennuis _preuve que son instinct de survie commençait enfin à se réveiller_ elle lui aurait rétorqué un gentil mais subtil « Dis, Tallagh, aurais tu par le plus grand des hasard tendance à oublier que tu es marié ? » accompagné d’un grand sourire. Le grand sourire quand elle veut annoncer à Saphir qu’elle comptes seulement dormir 24 heures aujourd’hui et quelle est sûre qu’il est d’accord. Oui ? Merci. Comment ça il n’as pas eu le temps de placer sa réponse? A votre avis, pourquoi c’est subtil ? Enfin, dans le cas présent, elle doutait qu’une bonne blague et un grand sourire réveillent Tallagh. Ni un claquement de doigts comme certains forains arrivent à vous réveiller après vous avoir endormi. Elle pouvait toujours tenter mais le taux de réussite était minuscule.

Mais l’hypothétique réflexion de Tallagh ne pouvait l’excuser de regarder bêtement devant lui ! Vous parlez d’un exemple ! Quoique qu’il se tira de ses pensées en répondant par un haussement d’épaules au sarcasme de la petite dragonnière. Elyon était rassurée. Tallagh se montrait moins bête qu’un simple impérial. Ceci dit, la « prouesse » était loin d’en être une. Pour avoir rencontré une dizaine de spécimens, Elyon se souvenait qu’en général, impérial rimait avec crétin intersidéral. Quoi qu’elle ce soit bien gardée de leur dire, allez savoir pourquoi, mais les gens n’aiment pas qu’on leur dise la vérité. Pour prendre Elyon en exemple, dites lui qu’elle est petite et vous verrez...

Mais si Tallagh était long à la détente, il n’en était pas pour autant idiot. Ce qui d’ailleurs était plutôt incroyable. XD Passons. Il ne semblait pas enclin à oublier sa question. Ce qui dans un sens arrangeait Elyon. Elle s’attendait à cette réaction, et puis, elle voulait un piano ! L’hésitation dans la voix de son entraîneur la surprit. Pourquoi refusait il de donner à la guerre le nom que tous lui attribuaient ? Mais elle ne s’arrêta pas sur ce détail. Le piano et la suite des évènements l’intéressaient plus.

-C’est pas juste de retourner contre moi ce que je te fait subir ! Enfin, si t’as pas peur de passer des heures à expliquer aux gardes, je veux bien que tu demandes !^^ Et merci d’avance, je te pose beaucoup de questions ces temps-ci, et s’en vraiment répondre aux tiennes !

On notera que la dernière affirmation était on ne peut plus véridique. Même si Elyon était un peu gênée de demander autant d’aide à Tallagh, elle ne se plaignait pas qu’il l’aide un peu. C’était comme retrouver Alexandre ! Ca faisait du bien de savoir qu’on pouvait demander de l’aide à quelqu’un d’une tête de plus que vous. Mais rassurez vous, même si Elyon voyait Tallagh en grand frère, elle n’aurait pas été aussi familière qu’elle l’était avec son frère biologique. Sauf si Tallagh avait envie de l’avoir perpétuellement sur le dos. Dans les deux sens du terme, car il n’était pas rare qu’Elyon convainques son frère _d’un grand sourire_ de la porter sur son dos. Elle appréciait ses moments où ils étaient tous les deux et qu’elle regardait le monde de plus haut (quelques centimètres) et elle était juste à côté de son frère auquel à s’agrippait bien, mais pas au point de l’étrangler. Quoique.

Enfin, Tallagh avait beau ne riens savoir, Elyon se promettait de lui en dire un peu plus dès qu’elle pourrait. Et si cette belle tentative de franchise ne comportait aucun risque. Car il fallais éviter de lui dire que son frère était contre l’Empire. Son parjure d’entraîneur se poserait trop de questions sur les motivations de son élève. Et Elyon ne voyait pas comment les esquiver. Surtout que dans ce cas, il s’en poserait encore plus. Franchement, Tallagh aurait pu y mettre du sien en tant soit complètement stupide, naïf, idiot ; ou alors très peu curieux. Enfin, Tallagh était comme ça et vu les questions qu’elle lui posait et les quelques réponses qu’elle daignait lui apporter, il avait de quoi être curieux.

Comment se faisait il que son frère et elle soient dragonniers ? Dans son cas, c’était juste beaucoup de détermination et de chance, mais pour son frère, elle n’en avait pas la moindre idée. Elle se souvenait car elle avait retrouvé ce souvenir que son frère était un beau jour partit de la maison, voulant éviter la campagne de recrutement de l’Empire. Il avait expliqué, tout à fait sûr de lui aux trois membres restant de sa petite famille qu’il était hors de question pour lui d’attendre ici que des impériaux viennent le recruter. Que jurer allégeance au roi durant le temps de son service militaire obligatoire, c’était trahir ces idéaux. Qu’il ne s’abaisserait pas à ça et qu’il était hors de question qu’il côtoies des couards : les autres soldats qui médisaient sur le roi dans son dos sans rien avouer en face à leur supérieurs. Et qu’il avait bien l’intention de participer à changer tout ça. Au moins, Elyon savait de qui elle tirait son caractère buté.

Comment et grâce à qui Elyon avait elle appris la musique ? Elle ne se souvenait pas si c’était comme d’habitude son frère qui c’était chargé de son éducation ou si c’était quelqu’un d’autre. Elle n’était pas certaine qu’Alexandre s’en soit chargé, par qui aurait il appris ? Il lui semblait pour une fois que c’était sa mère. Sa mère dont elle peinait à revoir mentalement le visage et dont elle ne se souvenait pas du nom. Peut-être est-ce Julia, car elle se souvenait bien du prénom sans mettre un visage dessus, mais ça pouvait tout autant être quelqu’un d’autre. Elle n’avait qu’un souvenir sur le piano sur lequel elle avait pu jouer. Un vieux piano dont la peinture s’écaillait mais qu’on pouvait deviner remit à neuf. C’était son frère et elle qu’ils l’avaient trouvé dans la maison d’un marchant arrêté par l’Empire. L’intérieur du piano avait été le refuge d’une famille de rongeurs, mais les deux enfants avaient absolument voulu le rénover, ils l’avaient emmenés dans la grange qui leur servait de refuge transportant les pièces ne à une. De toute façon, la maison du marchand comme la grange étaient dans des lieux peu fréquentés, surtout la grange. Durant des mois, ils avait refait un à un les panneaux de bois manquant, les avaient poli du mieux qu’il pouvaient et assemblés tant bien que mal, ils avaient retendu les cordes en se pinçant fréquemment les doigts. Mais ils avaient été fiers de voir qu’ils pouvaient jouer sur le clavier les quelques notes qu’ils connaissaient. Il semblait ensuite à Elyon qu’ils avaient embêté leur mère _comme d’habitude jusqu’à ce qu’elle soit d’accord_ pour qu’elle leur apprenne le solfège. D’ailleurs, ils avaient réussi puisqu’au bout de quelques quarts d’heures de jérémiades elle avait été contrainte de se mettre dès le lendemain à leur apprendre.

Qu’on ne s’étonnes pas après ça qu’Elyon soit une petite peste : vu que ses parents s’occupaient peu d’elle, elle devait compter sur son frère, se débrouiller seule ou bouder pour avoir ce qu’elle voulait ou espérer qu’on répondes à ses questions. Enfin, quand elle demanda à Tallagh d’aller tout de suite consulter le registre et qu’il lui donna sa réponse, elle réalisa en effet un petit détail. Après qu’elle soit arrivée en retard, vers dix heures et que Tallagh lui ait gentiment offert à manger, elle n’avait plus tard bu qu’un peu d’eau et rien mangé. Ils avaient un tout petit peu oublié de manger à midi et maintenant qu’il lui faisait réaliser ça...elle avait faim ! Heureusement, le dragonnier se proposait pour l’inviter dans une taverne...

-Entièrement d’accord puisque c’est toi qui paies !

Elyon était vraiment heureuse de cette proposition. D’abord parce que comme ça, elle n’irait pas seule et éviterait d’avoir à repousser deux ou trois impériaux complètement ivres qui étaient la fréquentation habituelle des tavernes puisqu’en général, les impériaux évitaient Tallagh. Du fait qu’il connaissait mieux le roi qu’eux et surtout elle acceptait pour la deuxième raison non négligeable : c’était Tallagh qui payait !^^

L’enthousiasme de la jeune Parjure le surprit un peu, mais Tallagh était heureux de pouvoir lui rendre ce petit service. Contrairement à ce qu’elle semblait croire, cela ne lui prendrait pas des heures de palabre, il suffisait simplement de convaincre la bonne personne, au bon moment. Et sans doute d’aligner quelques pièces sur la table, mais pour cela, le dragonnier ne se faisait pas de soucis. Si un piano suffisait au bonheur d’Ely, il lui en offrirait un. Ne serait-ce qu’histoire de lui faire comprendre qu’elle pouvait se confier à lui, et qu’il savait écouter.

Il eut un sourire indulgent à la remarque d’Elyon, et écarta l’excuse d’un geste. C’est vrai qu’il s’efforçait de son mieux de l’aider, et qu’elle ne se montrait pas vraiment coopérative en ce qui concerne le chapitre de son identité. Néanmoins, il n’allait pas l’envoyer balader sous prétexte qu’elle refusait de répondre à ses question, si ? Ca aurait été une spirale infernale, elle refusant de répondre, lui refusant de lui répondre tant qu’elle ne répondrait pas… si ça se trouve, dix ans après, ils en seraient encore au même point !

Mais de toute façon, la jeune fille devait sûrement l’avoir remarquer, excuses et justifications n’étaient pas le point fort de la rhétorique du dragonnier, et il préféra donc ne pas s’étendre sur le sujet. Il ajouta tout de même, histoire de la rassurer.

Je m’en occupes, ne t’en fait pas ! Tant que tu ne me casses pas les oreilles après, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir.

Lança-t-il avec un sourire moqueur, résistant de son mieux à l’envie de rire. Elle ne devait pas se douter à quel point elle était adorable ainsi, avec sa mine résolue et son léger sourire. Mais il ne s’attarda pas à la regarder, sentant dans son dos le regard perçant de Saphìr qui semblait avoir décidé de ne pas le lâcher d’une semelle. En tant normal, Tallagh aurait profité de leur inimité, et de la jalousie quasi-maladive du dragon pour taquiner un peu plus l’écailleux, mais il ne connaissait pas assez Saphìr pour être complètement sur que celui-ci ne lui ferais rien. Et comme il n’avait pas envie de servir de cible au dragon, il recula de quelques pas, détournant son attention sur Talenka qui, lui aussi, avait remarqué le regard meurtrier du compagnon d’Elyon.

Et puis au moins, cela lui laissait le loisir de réfléchir. Réfléchir sur le passé de sa jeune protégée, par exemple. Car il avait beau essayer de réfréner sa curiosité, elle n’en était pas moins là. En tant qu’entraîneur de la jeune fille, il avait presque toutes les clés en mains pour s’assurer de sa fidélité. Du moins, il voulait s’en convaincre, car il savait qu’Elyon dissimulait des choses, des secrets qu’il aurait bien voulu percer. Mais ou était la frontière entre satisfaire sa curiosité et assurer la sécurité ? Le jeune Parjure ne savait pas vraiment, et tant qu’il n’y aurait pas réfléchi à tête reposée, il se sentait incapable de fournir la moindre réponse.

La jeune fille claironna son accord, et Tallagh en fut plutôt satisfait. Il mourrait de faim, et il rêvait d’un bon cuissot de chevreuil, accompagné de pommes de terres et d’une sauce brune et piquante. Au Sanglier Marin, puisque c’est là qu’il avait décidé d’emmener Elyon, la tenancière avait un don pour rendre les plats les plus simples dignes d’un Roi. Le Sanglier Marin… beaucoup plus jeune, Tallagh se souvenait avoir interrogé Martha, qui venait juste de reprendre la tête de l’établissement à la mort de son père, sur le nom de la taverne. Il faut bien avouer que cela sonnait bizarrement : un sanglier n’avait pas le pied marin, non ?

Martha lui avait raconté une splendide histoire avec des héros, des sangliers aux abois, le fils d’un lointain Roi cherchant à ramener en son pays le plus gros sanglier jamais vu de mémoire d’homme. Une histoire, un conte pour enfant qui, pourtant, ne lui avait jamais permit de découvrir la vérité. Enfin, petit, il se figurait que c’était ça, la vérité, mais il avait depuis passé l’âge des contes pour enfants… enfin, sauf pour ceux qu’il lisait à ses propres gosses, les soirs où il était à la maison.
N’empêche, le jeune gamin d’alors était resté fidèle à la taverne et à sa tenancière, et dans cet établissement où se croisaient seigneurs et soudards, il avait de sacrés souvenirs. Sa première cuite, notamment, celle où il avait vomi tripes et boyaux pendant toute une nuit en compagnie de Tomas, un des écuyers de son père. Ses premiers émois, aussi, en faveur de la fille aînée de Martha… Mélia, ou Elia, enfin, un prénom dans ce style. De toute façon, elle était plus grande que lui, et ne l’avait jamais considéré autrement que comme le marmot à qui elle filait en cachette des pains au miel et de la bière coupée d’eau… souvenirs, souvenirs…

J’ai trop de bonnes manières pour laisser les jeunes filles payer.

Dit-il avec un clin d’œil, avant de passer sa main sur les courroies de la selle en cuir pour en vérifier l’attache. Il comptait se rendre à Ûru’Baen, y laisser les deux dragons pour partir tranquillement avec Elyon manger, et visiter ensuite les catacombes où étaient stockés les documents. Mais il restait encore un détail à régler, qui n’avait de détail que l’apparence : Saphìr.

Si bien évidemment je peux manger avec ta dragonnière

Demanda-t-il au dragon, ses yeux rieurs démentant son apparent sérieux. Il connaissait déjà la réponse du dragon, de toute façon ou, pour être plus précis, la réponse de la dragonnière. Cela l’aurait beaucoup étonné que Saphìr n’approuve pas l’invitation, ne serait-ce qu’en apparence, vu l’enthousiasme de la petite Elyon. Mais il tenait à faire les choses dans l’apparence de la courtoisie et du respect mutuel, même s’il se doutait légèrement des sentiments du dragon à son égard.

[Tiens, première panne d'inspiration depuis le début de ce topic, d'habitude j'ai, 36000 trucs à raconter et je dois faire le tri, alors que là, j'ai rien du tout. Va falloir remplir.... Allez, une bonne couche de jalousie de la part de Saphir!^^]

Saphir lança un regard incendiaire au parjure. Dans un seul sens du terme, hélas pour lui. S'il avait pu, il aurait bien cramé tout de suite l'immonde et innommable parjure qu'il haïssait à un point étrange de non-retour. Tout ça pour dire que Saphir avait bien envie de tuer Tallagh tout de suite. Comme il aurait aimé tuer Yassen, mais hélas, il y avait eu Elyon au milieu pour prendre la défense de tueur à gages. Et là, s’il tentait de tuer Tallagh _ce qu’il était sûr de réussir_ Elyon s’interposerait une fois de plus et ça finirait mal pour son matricule. C’aurait aussi été condamner ce pauvre Talenka qui n’avait fait d’autre bourde qu’un mauvais choix sur son dragonnier, pas assez pour le condamner à périr avec lui. Quoique pour le bien de l’humanité, Tallagh aurait du disparaître... U.U

Mais il ne pouvait le cramer, hélas. Il aurait bien aimé. Déjà, Tallagh était parjure, ce qui ne plaidait pas en sa faveur, Yassen qui était tueur à gages n’avait pas non plus trouvé grâce aux yeux de Saphir à cause de son métier. Ensuite, Tallagh fixait sa dragonnière ce qui ne lu plaisait pas, et était sûrement le plus grand motif de sa jalousie. Le troisième et dernier, comme qui il ne suffisait pas de beaucoup pour avoir des envies de meurtre, était que le numéro de Tallagh l’irritait au plus haut point. Ca l’énervait qu’il fasse à sa dragonnière le coup « je suis responsable, tu sais, tu peux compte sur moi, n’hésites pas à te confier. » Aurait il eu la même réaction si Elyon s’était montrée aussi insupportable qu’elle ne l’était d’habitude. Et si elle avait été honnête avec lui.

Comment le parjure aurait réagit en apprenant qu’elle n’avait rejoint l’Empire que pour le trahir et venger son frère ? Surtout venger son frère en fait. Le reste lui importait moins. C’était son frère avant tout, comme d’habitude. Ce qui énervait un peu Saphir, enfin, au moins elle avait un objectif à atteindre.

Elyon regarda Tallagh, ravie. Ouais, elle allait enfin avoir un piano ! Même si ce n’était pas pour très longtemps vu qu’elle allait trahit l’Empire, mais au moins, elle jouerait enfin quelque chose d’autre que la petit flûte qu’elle avait perpétuellement dans son sac. IL n’y avait pas d’autre instrument facilement transportable. Mais au moins, elle jouerait un peu de piano. Elle aurait eu du mal à en trouver si elle vivait encore dans son village natal : Serafew. Enfin, à supposer que le village n’ait pas été détruit comme ça avait été le cas. D’ailleurs, cette pensée l’attrista. Elle aurait bien aimé retourné dans son village, au moins une journée après avoir trahi l’Empire. Juste le temps de prévenir ses proches et prendre quelques affaires. Des vêtements, une épée ou quelques armes dans l’atelier de son père. Demander à son frère si, avec tous les contacts qu’il avait, il ne pouvait pas s’arranger pour la cacher quelques temps. Enfin, c’aurait été possible si elle avait encore eu une famille. La sienne était morte, il y a bien sept ans de cela. Le simple fait de se rappeler qu’elle n’avait plus da famille lui remémora qu’elle n’avait pas de point de non-retour. Juste une petite idée.

En supposant qu’elle retrouve le parjure meurtrier de son frère, elle l’élimine et part illico sur le dos de Saphir en voyage sur une île Alagaësienne. Ou alors elle rejoint les rebelles mais elle se voyait encore mal expliquer qu’elle était une ancienne parjure mais voulait se reconvertir. Allez savoir pourquoi on ne croit pas les parjures. Rien qu’à l’étymologie de leur nom on devrait savoir qu’on peut leur faire confiance, et qu’ils tiennent leurs promesses... Bon, j’ai rien dit, leur nom ne plaide pas en leur faveur. Mais...heu...Ils ont des circonstances atténuantes, non ? Lesquelles, j’aurais plus de mal à vous le dire, attendez que je parte un peu en voyage, et on en reparlera. Donc, Elyon ne savait guère ce qu’elle ferait après avoir trahi l’Empire ; Déjà, qu’elle venge son frère et par la même occasion les anciens habitants de Serafew, paix à leurs âmes, et on verrait. Mais à ce moment, il faudrait qu’elle décide vite. Sauf si elle voulait avoir Tallagh et une flopée d’impériaux sur le dos, ce à qui elle ne tenait pas vraiment.

Enfin, toujours était il qu’elle s’efforça de ne plus penser à ça, s’efforçant de trouver un bon petit résumé de sa vie à fournir à Tallagh, en modifiant tous les détails qui pourraient aider le parjure à comprendre pour quel camp elle était vraiment. Déjà, elle lui fournit une réponse à sa plaisanterie_ pas terrible d’ailleurs_ sur le piano et le fait qu’elle lui casse les oreilles.

-Ne t’inquiètes pas, je sais en jouer, sinon je ne te l’aurais pas demandé !

Elle n’ajouta pas qui lui avait appris, selon toutes probabilités, Tallagh finirait tôt ou tard par lui poser la question, alors à qui bon lui donner déjà la réponse tant que Saphir était là pour le fusiller du regard ? Ils seraient beaucoup plus tranquilles une fois que Tallagh serait hors de portée de patte, crocs et flammes, donc très loin de Saphir qui pouvait avoir des instincts meurtriers dès qu’il était jaloux, bien souvent en fait. Mais ne nous attardons pas sur la jalousie de Saphir, voir les autres topics pour en savoir plus ! ^^ En voyant Tallagh seller son dragon, elle décida d’en faire de même avec le sien, enfin, plutôt réajuster la selle de Saphir. Elle resserra la sangle avec quelques courroies, bien que tendu, le cuir ne céda pas, c’était de la bonne qualité, même si elle ne se souvenait plus où elle l’avait commandé. Elle n’avait jamais posé la question à Saphir, et cela lui importait peu. A quoi bon savoir où elle avait commandé cette selle ? Quand elle serait en trop mauvais état, elle en changerait, il n’y avait rien à savoir de plus. Il ne lui venait pas à l’esprit que son parjure d’entraîneur puisse se renseigner sur Elyon se sachant d’où elle était originaire grâce à cette selle. Tallagh n’était pas assez machiavélique pour faire ça, non ? D’ailleurs, il était gentil pour un parjure. La petite réplique qu’il lança pour montrer que quoi qu’en dise Saphir amusa Elyon.

-Moi, je n’en doute pas, mais Saphir n’est peut-être pas de cet avis.

Par contre, l’autre phrase de Tallagh passa mal pour Saphir qui ne pouvant répondre franchement de tout son vocabulaire fleuri et imagé sous peine de choquer toute personne âge de moins de 81 ans, âge où personne ne va plus vraiment sur des forums rpg susceptibles de contenir ne serait-ce qu’un bout de sa phrase, se contenta de ne rien dire et lancer un regard mi-blasé, mi méchant au parjure qu’il ne portait vraiment pas dans son cœur. Hésitant sur la formulation qu’il allait donner à son hypothétique réponse, Saphir se laisser seller tranquillement par Elyon. Même si la dragonnière avait trouvé un moyen de le monter à cru ce qui ne lui donnait plus l’impression d’être un vulgaire poney taille XXL. Il préférait garder ce moyen sportif hors de la (faible) connaissance de Tallagh et son pauvre petit cerveau, à supposer qu’il en eût un. Et après cette merveilleuse publicité sur Tallagh par Saphir, (achetez Galby ! XD) le dragon se décida à répondre, le plus diplomatiquement qu’il put au parjure, ce qui révélait pour lui d’un exploit.

*Bien sûr que je vais la laisser dîner avec toi. De toute façon, je crois que je n’ai pas vraiment le choix en la laissant t’éviter en sachant que demain, elle te reverra ou lui gâcher une soirée avec pour seul motif ma jalousie. Bon, il est ton où ton restaurant, ou ta taverne puisque je ne sais pas où tu comptes emmener ma dragonnière.*

Bon, ce n’était pas terrible, mais comment croyez vous que Saphir puisse être aimable avec quelqu’un dont il est jaloux ? Déjà qu’être aimable n’était pas son fort. Si Elyon se sentait tout de suite à l’aise avec les humains qui étaient ses semblables, il n‘en était pas de même pour lui. Peut-être parce que ne jamais rencontrer de ses congénères n’avait rien pour lui remonter le moral. S’il avait connu d’autres dragons, il aurait peut-être été plus rassuré. Mais il ne croisait pas souvent ses congénères, surtout depuis qu’il était dragon de parjure. Même si sa petite Elyon ne l’était pas dans l’âme. Un soupir de lassitude, il attendit patiemment qu’Elyon ait vérifié qu’il soit bien sellé pour monter sur son dos et lui parler. Cependant, il lui sembla que sa dragonnière s’apercevait qu’il n’était décidément pas d’humeur à dire quoi que ce soit. Sûrement car elle n’ouvrit pas la conversation, attendait qu’il commence par être moins...énervé...

Saphir décolla et resta en vol stationnaire tandis qu’Elyon, confortablement installée sur son dos attendait que Tallagh et Talenka ne décollent à leur tour. Tallagh avait sûrement une idée pour les dragons qui ne pouvaient pas les accompagner au restaurant. L’endroit où ils allaient les laisser n’était sûrement pas loin de l’endroit où les deux parjures allaient manger. Puis Elyon se souvint que les parjures n’avaient pas de problèmes pour cacher le fait qu’ils soient dragonniers. Après tout, on les payait pour l’être. Elyon décida donc, pour une fois de poser la mitaine qui cachait d’ordinaire sa gedwëy ignasia.

[Dis, t'as vu l'heure à laquelle tu réponds?
Au fait, elles étaient bien tes vacances?]