Rencontre 'pv Arya'

[J'espère que ça va te plaire! Very Happy

]

La forêt était silencieuse, et seuls les chants des oiseaux venaient troubler sa quiétude. Rien n’aurait pu déranger ce tableau idyllique : les arbres bougeant lentement au gré du vent, le bruit glougloutant d’un petit ruisseau qui se frayait un chemin à travers les fleurs et les herbes, non, rien n’aurait pu déranger ce paisible endroit. Enfin, rien, si ce n’est un hurlement soudain, qui se répercuta comme un cri de tonnerre. Cri de douleur, cri de souffrance ? Pas exactement…

Tallagh se tenait debout sur la selle du gigantesque dragon vert, les pieds joints, inspirant avec bonheur l’air frais qui lui fouettait le visage. Ca n’aurait rien eu d’extraordinaire, si ce n’était que le dragon était en plein vol, et qu’il était plutôt haut, survolant la Crête à grands battements réguliers. L’humain était debout, tenant sur le dragon par la seule force de sa volonté, luttant contre le vent qui le faisait osciller. Il l’avait déjà fait, mais jamais si haut : heureusement pour lui, le dragonnier avait un sens inné de l’équilibre, et la selle de cuir se prêtait assez bien à ce genre d’exercices stupides.

Toujours riant, s’amusant à défier la pesanteur, Tallagh jeta un coup d’œil vers la vallée… avant de vite relever la tête. Ce n’était pas tout à fait la même sensation que de voler assis, bien installé, ça, c’était clair.

**Monte plus haut**

Sans rechigner, s’efforçant de conserver un vol régulier, le dragon obéit, prenant un peu plus d’altitude. Bien sûr, d’ordinaire, les deux compagnons volaient beaucoup plus haut, mais d’habitude, le dragonnier ne faisait pas le clown, jouant les équilibristes au-dessus du vide avec un total mépris de la pesanteur.

**Tu es sûr de ton coup ? C’est peut-être un peu dangereux**

Avec un soupir, le garçon se laissa tomber sur la selle, ses cheveux volant au vent.

**Tu as gagné, rabat-joie. Mais avoue que j’ai fait des progrès**
**Oui, j’avoue, même si je ne comprend pas trop à quoi cela sert**
**A rien, mais j’aime bien cette sensation**
**Je te trouve vraiment inconscient, parfois**
**Oh, ça va, arrête de jouer les protecteurs, ça ne te vas pas du tout**
**Je n’ai rien contre les loopings et la vitesse, mais ça, c’est de l’inconscience**

Tallagh soupira, boudeur. Talenka était devenu beaucoup trop sage, depuis quelques temps. L’influence de Shruikan, ou tout simplement parce qu’il grandissait ? En tout cas, il était nettement moins enclin à faire l’imbécile, au grand désespoir du jeune humain.

**Arrête de faire la tête, gamin. On va aller manger un morceau, ça ira mieux après**
**Comment ça, gamin ? C’est nouveau ?**
**Oui, c’est nouveau, et ça me plait**
**Pas à moi! T’aimerais que je t’appelle bébé dragon ?**
**Non**

Conclut le dragon après un moment de réflexion.

**Mais tu le feras pas, parce que ça se retournerai très vite contre toi…gamin**
**Nia nia nia. Bon allez, pose moi là et va chasser**
**Tu es vexé**

Tallagh ne répondit pas, ce qui rendit le dragon hilare. Les deux compagnons se posèrent dans une petite clairière, et l’humain laissa partir le dragon, qui se dirigea plus haut, où il savait trouver du gibier.
Le dragonnier n’était pas mécontent d’être seul, ça lui laisserait un peu l’occasion de travailler. Et de penser tranquillement à Louve…

Non non non, tu dois travailler, sinon tu vas finir par te faire fouetter

Se morigéna-t-il à haute voix, avant de se laisser tomber dans l’herbe, ses livres éparpillés autour de lui. Il devait réviser, mais avant de passer à la pratique, il fallait d’abord étudier la théorie. Et franchement, c’était barbant. Mais il le fallait, alors Tallagh s’allongea à plat ventre dans l’herbe, les yeux sur les parchemins que lui avaient remis ses professeurs.

Mais le programme n’était guère palpitant, et les pensées du jeune garçon ne tardèrent pas à dériver… sur un autre sujet. Louve. Les elfes, les Vardens. Un peu tout et n’importe quoi. Les ennemis de l’Empire, ses alliés, aussi. Un instant, il se demanda à quoi ressemblait la cité des Elfes, Ellesméra. La capitale, bien cachée aux yeux des hommes. Celle dont parlaient les légendes, si magnifique que même le plus beau des palais ferait office de minable masure à côté. Il avait déjà côtoyé des Elfes, et la plupart des légendes s’avéraient vraies. Celles sur Ellesméra l’étaient-elles également ?

Jamais il ne le saurait, de toute façon. A moins de renier tout ce qu’il connaissait, et encore, il doutait que Louve ne l’y amène. Et si Galbatorix parvenait à la trouver un jour, nul doute qu’elle serait dans un triste état. Le Roi aurait-il vraiment à cœur de détruire une cité si belle qu’elle incarnait la beauté même ? Tallagh n’avait pas trop de doute quant à ça : le Roi s’était juré d’exterminer les Elfes, et il n’allait pas hésiter à détruire leur capitale. Pourtant… ce serait si bien de la contempler au moins une fois, avant sa disparition. Car le Dragonnier n’avait aucun doute quand à la destruction, plus ou moins proche, de la cité. Galbatorix était Roi de l’Alagaësia, et il ne laisserait pas très longtemps les elfes bafouer son autorité.

Enfin bon, il avait d’autre chose à penser… comme ses leçons. Mais le bruit d’un pas frôlant l’herbe le mit soudain aux aguets, et il saisit sa dague. Le bruit était léger, si léger qu’il aurait pu passer inaperçu pour un humain. Mais Tallagh n’était pas simplement humain, il était dragonnier, et il avait l’impression de n’être plus tout à fait seul. Mais rien ne bougeait, malgré l’examen attentif du jeune homme. Autant essayer par magie…

L’humain protégea son esprit par un mur infranchissable, et, concentré, laissa son esprit partir à la rencontre des formes de vie qui peuplaient la clairière. La plupart étaient sans importance, trop petites même pour produire un bruit : fourmis, escargots, et même deux araignées dévorant un insecte. Il rencontra deux lapins qui gambadaient, et soudain, sans avertissement, tomba sur quelque chose de beaucoup plus grand, et nettement plus dangereux : un être capable de penser et qui, apparemment, n’avait pas l’intention de le laisser ainsi explorer son esprit !

[Moi aussi, j'espère que ça va te plaire ^^]

Cela n’aurait rien de vraiment anormal d’apercevoir un humain ordinaire se promener sur les bords de la Crête en vue d’une bonne partie de chasse, ou bien d’une cueillette amusante de certains champignons venimeux afin d’abolir la conception d’un poison nouvellement créé et assez puissant pour être capable de torturer les intestins d’un quelconque voisin. Cela ne serait pas surprenant non plus qu’un humain, tout aussi banale que le précédent, se trouve parmi ces terres dîtes maudites et maléfiques, afin de trouver refuge contre l’oppression des sbires du Roi, sa tête étant mise à prix dans les villes voisines.
En revanche, voir défiler une ombre inquiétante et futile entre les arbres, tel un animal traqué, ce ne serait vraiment pas commun, plutôt effrayant, même. Les humains prient pour exemple se seraient, sans aucun doute, enfui à grandes enjambées tout en implorant les dieux de les protéger contre ce démon qui courrait à travers bois.
S’ils avaient eu le temps de contempler cette créature différente de leur race, ils auraient alors constater que ses oreilles n’étaient pas arrondies grossièrement, comme le sont celles des habitants d’Alagaësia, mais de taille longue et au bout pointu, comme tout ses ancêtres avant elle. Sa silhouette de manière générale ne se trouvait pas être des mêmes formes, non plus. Beaucoup plus élancée, plus gracieuse, plus … royale. Mais, au-delà de ce simple aspect physique, la différence était beaucoup plus large au niveau de sa conscience et ses connaissances qui se trouvaient être bien plus approfondies que n’importe quelle âme animale et humaine, quel quelle soit. Ce démon qui ne cessait de tracer son chemin dans le sombre sentier avait été doté d’une intelligence surprenante, d’une sagesse presque acquise, d’une autorité de chef ainsi que d’une impardonnable générosité. Au désagrément des sorciers avide d’en apprendre plus sur cette créature mystique, il est de mon devoir de les informer qu’aucune cruauté n’hantait l’esprit de la merveilleuse personne. Elle n’était donc pas un animal affamé, dont l’âme serait maîtrisée par une réincarnation de Satan, comme le laissait vaguement prétendre la description rapidement tracée. Quoi que, rien n’est véritablement sur en ces lieux… Pour le moment, seul l’ombre de cette personne était bel et bien visible au sol, son corps étant trop rapide pour être vu à l’œil nu.
Soudain, la créature mystérieuse stoppa sa longue course et se courba au sol, rejoignant ainsi sa pauvre ombre fatiguée d’avoir à suivre une furie pareille. La contorsion de ses muscles était telle que l’inconnue donnait l’impression d’être poursuivie par un dangereux prédateur et de se courber pour ne pas être aperçue. Tapie ainsi dans l’obscurité des lieux, aussi petite soit-elle, elle ne bougeait pas de sa cachette improvisée, restant silencieuse et débordante de prudence. Jusqu’à présent, elle s’était donné du mal pour devenir invisible aux hommes de l’Empire et ne désirait qu’une chose : terminer son chemin tranquillement et sans nouvelles mésaventures. Les êtres vivants qu’elle avait tolérés comme unique compagnie lors de son voyage fugitif, étaient les animaux, insectes et plantes siégeant en cet endroit malfaisant, aucunes autres créatures. Pourtant, un intrus c’était infiltré parmi cette barrière de distinction des races. Non, pas un…plutôt deux. Elle avait senti leur aura étrangère à celles des autres et s’était dès lors mise en chasse. Toute cette agitation était assez surprenante de sa part, elle d’habitude si calme, si sereine et reposée à travers les bois. Elle avait quelque peu changé…
Son cerveau fourmillait de questions au sujet de ces étranges personnages. Qui étaient ces inconnus ? Personne ne vivait ici, excepté les animaux. Ils n’étaient pas là dans le but d’une simple balade en forêt, une partie de chasse ou quoi que ce soit d’autre d’aussi stupide, comme les phrases précédentes l’ont expliqué. La jeune guerrière, dont les formes étaient devenus plus net par ses arrêts fréquents, portaient comme tenue, une tunique marron qui ne cachait pas tellement ses attributs de demoiselle, appareillé par un pantalon en cuir qui s’agrippait à ses formes ravissantes. Des bottes longeaient ses longues jambes, offrant à son apparence des airs d’aventurière. Quand à ses cheveux, ils vaguaient le long de son dos, laissant toutefois le droit à quelques mèches brillantes et décolorée par le soleil, de se positionner sur sa poitrine.
Depuis une certaine distance, elle avait ressenti une force imposante et une particularité que seul les plus grands possédaient. A présent, elle était certaine d’avoir affaire à de valeureux explorateurs, sans doute guerriers. A ne pas s’y tromper, ils étaient puissants. Une question s’imposait parmi les nombreuses autres : Que faisaient-ils ici ? S’ajoutait à cette interrogation, la phrase, si l’ont peu l’appeler comme cela : Ennemi ou Allié ? Comme les dieux ne se manifestaient jamais en sa présence, la demoiselle n’avait pas eu droit aux réponses qu’elle espérait. C’était donc de son plein gré qu’elle avait suivit ces étrangers, tout en pestant contre les croyances humaines. Oui, elle n’était pas une Elfe pour rien…
Dans sa poursuite, bien que sa gracieuseté n’en fut pas affectée, elle n’avait pas prit de grandes gardes à ce saisir de la plus haute discrétion. Il faut avouer, que ces derniers temps, ses entraînements avaient été fortuits par ses nombreuses missions envers les Vardens. Elle n’avait pas eu assez de temps pour perfectionner ses techniques de dissimulations, ses nouvelles attaques au corps à corps ainsi que ses boucliers magiques. C’était donc en hâte qu’elle s’était empressée d’espionner ces êtres anormaux au paysage. Ses pas agiles et rapides frôlèrent sans doute un peu trop fortement les herbes de la Crête, car dès que son pas impardonnable se fit entendre, l’Elfe sentit que le comportement d’un des deux inconnus avait changé. Pour être franche, elle s’était rendue compte qu’il n’y en avait qu’un seul dans les parages. L’autre, qui semblait plus imposant, peut-être plus fort même, c’était éloigné au loin, mais son aura était toujours visible. Pas assez pourtant, car elle ne pouvait s’assurer de ne pas être surprise lors de sa prochaine action qui serait la suivante : épier l’inconnu jusqu’à satisfaire ses doutes. Mais tout d’abord, elle devait identifier son emplacement. L’Elfe élargit alors son esprit et le laissa divaguer dans l’espace afin de frôler les consciences de chacun et découvrir l’emplacement exacte de l’ennemi, ou bien l’allié. A l’identique du jeune homme, qu’elle ne tarderait pas à découvrir, son esprit croisa les mêmes animaux. La différence entre les deux personnes était, que l’Elfe percevait beaucoup plus d’être vivant que l’inconnu. Fatalité du destin qui avait gracié cette race et défavorisé les autres… Dragons exceptés, on s’entend sur ce point. Lorsqu’elle frôla l’esprit du personnage, elle ne put s’infiltrer à travers ses rêves, ses pensées et ses quiétudes. Sa pauvre âme se cogna durement contre un mur rigide et glacé. Il faut avouer qu’elle ne s’attendait pas réellement à un tel choc. Son esprit longea cette paroi de marbre, caressant la forteresse de tout son long. Pour son propre réconfort, elle continua de toucher le mur qui lui interdisait toute intrusion. Pendant qu’elle maintenait ce lien mental, elle s’approchait à grandes foulées en direction de l’endroit précis où reposait l’inconnu. La discrétion était revenue de plus belle et ses mouvements étaient étrangers à l’oreille humaine qui ne pouvait les percevoir. A présent, cachée derrière un nouvel arbre, elle était parfaitement introuvable, qui plus est, totalement camouflée. Sa délicieuse silhouette se collait au tronc sombre et rugueux pour ne former plus qu’un. Délicatement, elle tourna la tête afin d’observer l’inconnu qui se trouvait à une bonne vingtaine de mètres d’elle. Au premier coup d’œil elle fut apte à déterminer la race et le sexe de l’étranger. C’était un homme, humain. Pourtant, une grande force émanait de lui et un doute se posait sur sa véritable appartenance. Non, plus qu’un humain… un dragonnier. Un second coup d’œil et elle perçut l’arme que possédait le jeune dragonnier. Une simple dague…
*Et son dragon…* ajouta-t-elle à la liste, légèrement de mauvaise humeur.
Ces nouvelles informations la prévenaient de la nature du danger. Son nouveau but était de découvrir la cause de leur venu, ainsi que leur rôle dans cette guerre. Prochain parjure, Rebel du Surda, ou bien encore, dragonnier vagabond ne s’occupant que de son bien être. Hélas, ces renseignements, elle ne les obtiendrait qu’en entamant une discussion avec l’inconnu. Ce qu’elle ne souhaitait pas tellement, vu son niveau de sociabilité…
Cachée de la sorte, il ne tarderait pas à la découvrir, avec difficultés certes, mais il apprendrait bien vite sa position. L’Elfe sauta rapidement sur le tronc, d’une manière pour la moins spectaculaire, quoi que, tellement discrète, afin de se positionner en équilibre sur une des branches de l’arbre en question. Ces gestes agiles n’avaient pas été aussi précis qu’elle l’aurait voulu, et un léger frémissement fit bouger la branche où elle se tenait à présent, derrière les nombreuses feuilles abondantes. Dès l’instant où la guerrière grimpa dans l’arbre touffu, son visage fut difficilement éclairé par une lumière légèrement verdâtre, donnant au narrateur le plaisir de décrire enfin son précieux personnage. Parmi toutes les choses à exploiter, expliquer, la description commencera en premier par les yeux. Ceux que possédait la jeune Elfe se trouvaient être finement dessiné en amande, comme si un pinceau de grand maître avait voulu imiter les attributs envoûtants des félins. Leur couleur était un vert mystérieux, à l’origine. En ce moment, ils étaient beaucoup plus foncés, à la limite du noir perçant… Par ci, par là, des trais rieurs déjouaient ceux de sévérité, formant un ensemble étonnamment gracieux et magistral. D’ensemble général, son visage était fin et raffiné, dévoilant une pureté que seul le beau peuple avait privilège de posséder. Ses lèvres rouges et ses dents blanches se trouvaient être en liaison pour un moment. En effet, la lèvre inférieure se faisait mordre par les dents du haut, signe d’une certaine appréhension, de stress, peut-être. Si un mot devait la désigner, sans doute le qualificatif le plus approprié serait : Magnifique. Pourtant, malgré le charmant tableau représentant la princesse des Elfes, des airs de sauvages pas vraiment désirés se dessinaient aux extrémités de ses trais gracieux. Il faut dire que ces derniers temps, la princesse n’avait rencontré presque personne, et les seuls ayant eu l’honneur de croisé sa route ne lui avait adressé la parole, peut-être par peur ou bien encore par respect… Si elle continuait sur cette voix, à ne se préoccuper que de ses missions et non du monde qui l’entourait, sans doute finirait-elle parfaitement insociable, comme certains Elfes vraiment spécial qui vivaient en solitaire, le corps tatoués comme des animaux.
Mais sans doute que cet acharnement à ne côtoyer personne était une sorte de carapace que la belle Elfe tentait tant bien que mal de construire pour oublier qu’elle avait un cœur. Un cœur qui battait, comme les autres, avec des sentiments, des craintes et des espoirs. Sentiments qu’elle désirait stopper au plus vite pour ne pas atteindre celui qu’elle craignait tant : aimer…
Le moment n’étant pas aux explications psychologiques, il serait préférable d’écourter ces déclarations peu précises et encore moins certifiées. Concentrons-nous plutôt sur l’instant présent. Tranquillement, Arya, puisqu’il faut bien la nommer à présent, rapprochait doucement sa main de son arc, accroché dans son dos. Elle s’empara silencieusement d’une flèche à l’aspect peu angélique et la positionna sur son arme boisée. D’un geste précis, elle banda l’arc Elfique et pointa la flèche en direction de l’inconnu toujours sur ses gardes. S’il s’avérait qu’il y ai des complications, elle n’hésiterait pas à envoyer le jeune dragonnier faire un petit tour au royaume des morts. Toutefois, même s’il était un danger pour elle-même, son peuple ou encore les Vardens, elle le garderait en vie le plus longtemps possible. Encore une fois, elle démontrait les valeurs de sa race. On respecte un dragonnier. Tout comme on respecte son dragon…

[J’suis… impressionné ! Bravo ! Bravissimo !]

Talenka ne s’était guère éloigné : de toute façon, il ne s’éloignait jamais beaucoup, de sorte qu’en cas de problèmes, Tallagh puisse le rappeler sans se faire tuer en attendant. Cette marque d’attention énervait le Dragonnier, mais en même temps, elle l’emplissait de fierté et de reconnaissance en voyant à quel point le dragon tenait à lui. Bon, jamais il ne l’expliquerait à Talenka, il n’était pas fou, et n’avait pas envie de se faire charrier là-dessus pendant des mois. Le lien qui les unissait était si étroit qu’avant même que Tallagh ne puisse formuler une pensée, Tal’ la connaissait déjà… ce qui ne manquait pas de poser certains problèmes, surtout quand le sujet de la pensée en question était Louve. La petite amie du Dragonnier, avec tout ce que ça impliquait dans la tête du jeune garçon de 16 ans… Certaines pensées que même l’intéressée ne connaîtrait jamais, et qui pourtant, étaient bien connues de Talenka.

Mais là n’est pas le sujet. Tallagh avait entendu un bruit, et il était presque certain que ce n’était pas celui d’un animal. Un instant, il songea à contacter Tal’, mais le dragon venait juste de partir, et il n’allait pas le rappeler pour si peu. Il était bien capable de se débrouiller seul, sans avoir besoin d’une nourrice. Là, les mauvaises langues raconteront toutes les catastrophes accumulées par Tallagh quand Talenka était absent, mais nous en ferons abstraction.

Le Dragonnier résolut donc de régler le problème en homme. C'est-à-dire la dague à la main et droit sur l’adversaire. Encore fallait-il trouver ce fameux adversaire, et pour l’instant, ça se révélait ardu, puisque rien ne permettait de déterminer qu’il y en avait un. Mais Tallagh avait développé une sorte de sixième sens, et son instinct lui hurlais qu’il n’était plus seul. Le jeune homme avait l’impression d’être épié, jaugé, et ça ne lui plaisait pas du tout. Sa magie ne lui avait pas permis de déterminer où se trouvait son adversaire, malgré la sensation que quelque chose, ou quelqu’un, cherchait à abattre ses défenses, cherchant avec tranquillité la faille, le petit oubli qui lui aurait permis de s’infiltrer dans l’esprit du jeune homme. Mais malheureusement pour l’intruse, le jeune Dragonnier était un habitué de ce genre de chose, et bien malin celui qui pourrait percer ses défenses. Sauf qu’apparemment, ledit intrus se contentait de frôler son esprit, sans essayer de le forcer. Curieux. Mais le dragonnier se laissa faire, essayant de déterminer où était celui, ou celle, qui possédait assez de maîtrise de la magie pour lui faire, à son corps défendant, une telle démonstration. Malheureusement, Tallagh n’était pas trop porté sur ce genre de chose : il en connaissait un paquet en ancien langage, mais pas grand-chose en ce qui concernait l’esprit. Il savait qu’il était possible de déterminer où se trouvait l’intrus, seulement, le problème était de taille : il ne savait pas comment faire.

Tallagh haussa les épaules, se faufilant avec la légèreté d’un chat à travers les arbres. Mais c’était plus pour donner le change que pour autre chose : il n’avait aucune idée d’où venait le danger potentiel. Seule l’impression de malaise subsistait, l’impression de n’être plus tout seul. Fichu sixième sens… il ne pourrait pas servir à localiser, au lieu de l’avertir ? Pestant contre son incapacité à trouver ce qui le menaçait, Tallagh avança encore, stoppant brusquement, dans l’espoir de faire se découvrir celui, ou celle qui le suivait. Mais ça ne servait pas à grand-chose, son pisteur était bien plus malin que lui à ce jeu.

Soudain, Tallagh contourna un arbre, brandissant sa dague. Il aurait mis sa main à couper que celui qui l’espionnait était là, mais il n’y avait personne.

T’es vraiment pas doué, mon vieux

Dit-il à voix basse, bien loin de se douter qu’il était passé bien près de celle qui le traquait. Une branche bougea au-dessus de lui, et le jeune homme leva la tête. Le vent, un écureuil ? Tallagh ne se donna même pas la peine d’explorer plus en avant, et stoppa son exploration à une vingtaine de pas de l’arbre. Tendu, prêt à réagir à la moindre alerte, il explorait les environs, ses yeux à l’affût du moindre mouvement. Mais il n’y avait rien, rien qui puisse le mettre sur une piste quelconque. C’était rageant, tout de même !

Finalement, Tallagh baissa les bras. Oui, la patience n’était pas la plus grande de ses qualités, il faut bien l’avouer. Heureusement que Talenka l’était pour eux deux, en fait, car si Tallagh suivait son instinct, il se retrouverait bien vite dans les ennuis jusqu’au cou. Enfin bref, il en avait marre de chercher sans trouver, et la désagréable sensation qu’on l’espionnait ne faisait que croître. Pesant rapidement avantages et inconvénients, Tallagh se résolut rapidement à faire quelque chose qu’on lui avait toujours dit de ne pas faire : indiquer sa position. En même temps, il était presque sûr que l’inconnue savait où il se trouvait. Oui, il ne sait pas encore que c’est une inconnuE, mais il ne va pas tarder Xd.

Rangeant sa dague dans un geste de bonne volonté, il fit un tour complet sur lui-même, les mains bien en l’air. C’est sûr que là, il offrait une cible parfaite à n’importe quel archer ou lanceur de javelot, et pas sur que sa capacité de dragonnier ne lui permette d’esquiver à temps toute tentative de meurtre. Mais il n’avait pas envie de passer sa vie à rechercher qui, ou quoi, le suivait. Heureusement que Tal’ n’était pas là. Finalement, le dragon avait peut-être raison : il s’absentais 5 minutes, et Tallagh se conduisait déjà comme un gamin. Mais Tal’ n’était pas là, et qui lui dirait que son dragonnier était complètement stupide ? Surtout qu’il le savait déjà Xd

Tallagh savait qu’il y avait un risque, mais sa désastreuse tendance à la fierté et à l’arrogance le poussait à se mettre en danger. Il se tenait seul, désarmé, face à un quelqu’un qui, il le savait, ne devait pas lui vouloir que du bien, sinon, il se serrait déjà montré. Fou ? Peut-être. Mais ne dit-on pas que tous les génies ont un grain de folie ? [La méga phrase d’autosatisfaction Xd]

Enfin bref. Comme si ça ne suffisait pas d’être complètement à la merci d’un inconnu qui pourrait le tuer sans que cela soit compliqué, il mit ses mains en porte-voix, bouleversant le silence de la forêt.

Eh oh ? Y’a quelqu’un ?
Parce que ce petit jeu n’est pas du tout amusant !

(LoooL, merci ^^)

L'Elfe tenait toujours habillement son arme au niveau de l'épaule droite, de tel sorte que si elle décidait de tirer, la cible serait atteinte avec perfection. La flèche ne bougeait pas de l'emprise de l'archer et l'arc n'attendait que le signal pour commencer et achever aussi vite, l’irréductible manœuvre meurtrière. Malheureusement pour lui, la princesse n'avait pas l'intention d'attaquer l’inconnu... pas encore... Perchée sur la branche et cachée par les nombreuses feuilles épineuses, elle l’épiait avec la plus haute discrétion, le détaillant de plus en plus au fur et à mesure que le temps s’écoulait. Son regard ne filtra que les informations nécessaires à fournir au cerveau. L’homme était assez musclé, armé, et la gedwë ignesia scintillait sans le creux de sa main bien qu’il était assez difficile de la voir, même avec une extrême bonne vue comme la sienne. Savoir que l’intrus était d'une beauté qui faisait chavirer le cœur des femmes lui importait peu. Elle n'y prêta aucune attention et se concentra sur les détails essentiels et non sur ce genre de plans aussi inutiles que stupides de la part d’une guerrière de renom. Au bout d’un moment, l'Elfe baissa ses paupières et arrêta de le visualiser avec ses yeux mais n’arrêta pas pour autant de frôler l'esprit du dragonnier. De cette manière, elle pouvait suivre le moindre de ses mouvements et sa silhouette, bien que ces yeux étaient clos, se dessinait parmi les arbres noirs tel une forme lumineuse et bien précise. Les sourcils froncés, elle suivait les allés et venus de celui qui la cherchait non sans certaines difficultés. S'ils s'étaient rencontrés quelques mois plutôt, sans doute aurait-elle sourie à le savoir impatient de dénicher sa cachette. Hélas, son coeur, son esprit, son âme même s'étaient obscurcit et chaque intrus était devenu un ennemi potentiel. Les ennemis n'étant pas une source particulièrement bénéfique, toute cette partie de plaisir, comme elle l’aurait appelée avant, où les deux jouaient en quelque sorte à cache-cache ne l'amusait plus. C'était à se demander où s'étaient envolé sa bonne humeur et sa gaieté accordée en général aux jeunes. Parmi ces changements néfastes, un seul avait su se distinguer des autres et avait gardé une certaine distinction pour la princesse. En effet, depuis son acharnement à ne voir personne et à sombrer dans une sorte de séquestration voulue, elle s'améliorait de jour en jour et sans le moindre effort. Puisqu'elle n'avait pas eu le temps de s'entraîner, ce n'était sans doute pas le fruit de ses efforts qui avaient fait quoi que ce soit. C'était comme si, chaque jour, chaque heure et chaque second qui passaient, un être invisible lui offraient des forces et la rendait puissante. Toujours et encore, son pouvoir grandissait et ne cessait de s'amplifier sans qu'elle n'eut rien à faire. Pourtant, elle n'avait rien demandé et n'avait pas de réponse au "comment" cela se produisait sans son accord. Qui s'occupait d'elle au point de lui offrir sa vie ? Personne n’avait assez de cœur ni assez de temps pour lui accorder tant de pouvoirs... A moins qu'elle évoluait de son plein gré et sans l'aide de qui que ce soit d'extérieur à sa personne. Ce ne serait pas de si tôt qu'elle trouverait réponse à ses questions, et surtout pas maintenant. Pour le moment, Arya était en mission et celle-ci était inexorablement troublée par un étrange individu. Sa quête était légèrement détournée et elle se devait de la remettre en droit chemin.
Lorsqu'elle sentit que le danger se rapetissait, le silence se fit plus intense. Soudain, elle rouvrit brusquement les yeux. Si quelqu'un avait vu cette scène surprenante, sans doute aurait-il sursauté et serait encore en train de reprendre son souffle. Pendant qu'elle avait fermé les yeux, son corps n'avait pas bougé d’un millimètre et on aurait cru qu'elle ne respirait plus, comme morte sans s’en rendre compte. A présent, ses yeux de félins parcouraient du regard les lieux et se posaient avec persistance sur le dragonnier. L'arc était toujours aussi menaçant et le regard de la princesse l’imitait rapidement.
L'inconnu perdait patience et arrêta ses recherches. L'Elfe fut assez surprise de le voir ranger son arme, et de bonne fois. Etait-il stupide ? Ou bien le faisait-il exprès ? Méfiante et froide comme elle ne l'avait jamais été, la concentration était tout de même maîtresse parmi ses sentiments. L'homme fit un tour sur lui-même, regardant dans tout les sens et montra que ses mains étaient bien démunies de toute arme. La ravissante jeune femme, aux allures aussi sauvage que princières, l'observa longuement avant de prendre sa décision. Comme pour la pousser à entamer ce qu'elle comptait faire, l'intrus lui affirma qu'il n'était pas assez fort pour la trouvée. Là encore, elle aurait rit intérieurement, mais elle n'était vraiment pas d'humeur à la plaisanterie. "Eh oh ? Y’a quelqu’un ? Parce que ce petit jeu n’est pas du tout amusant !" Voilà ce que criait le dragonnier légèrement caché par une branche rebelle qui voulait sans doute le protéger de toute attaque. La nature était parfois trop gentille...
Le dernier mot que prononça l'homme lui fit prendre véritablement conscience que la princesse devait agir. Oui, ce n'était pas amusant, comme rien d'autre d'ailleurs. Elle était d'accord avec lui, mais aurait bien aimé rester dans cette situation stagnante plutôt que de la faire avancer, et peut-être pas de la bonne façon...
Alors, Arya serra un peu plus fort la flèche entre ses frêles mains et tira sur la corde. Puis, sans prévenir, elle relâcha la pression. L'arme déversa en direction de l'inconnu sa flèche meurtrière. Rapide, tellement rapide qu'il aurait été impossible à l'oeil humain de la voir. Sans aucun doute que pendant les batailles, la guerrière tuait de nombreux ennemis. Beaucoup trop parfois...
Mais la flèche ne se planta pas dans la chair du chevaucheur de dragon, non, elle atterrit férocement au sol, se plantant froidement dans la terre. La princesse ne perdit pas une seconde et déjà une seconde flèche atterrissait près de sa soeur. Enfin, vint une troisième, qui fut aussi la dernière. Toutefois, Arya prit soin d'en encocher une nouvelle. Etait-ce de la chance qui venait de frapper le dragonnier ? Non, l’Elfe avait bien médité son coup, si bien que les trois flèches formaient une ligne horizontale parfaite, à un mètre du dragonnier.
Gracieusement, et de manière assez surprenante, la guerrière sauta de sa branche pour atterrir au sol, près derrière la ligne de flèches. Une pirouette dans les airs, suivit d'une seconde à terre, où elle dévoila ses capacités de souplesses et de race supérieure. La grâce et la féerie de ses mouvements faisaient presque oublier qu'ils étaient de terme militaire. L'arc était toujours bandé en direction de l'inconnu, qui à présent était beaucoup plus net, étant donné que la lumière filtrait parmi les arbres.
Le regard de la demoiselle était féroce, et ruisselant de lucidité. Ses cheveux s'étaient repositionnés harmonieusement sur sa poitrine et sa lèvre inférieure saignait légèrement. Manque de chance, elle se l'était percée lors de son stress, ou réflexion. Droite comme un I, elle avait des airs majestueux et disproportionnés par rapport à toutes ces autres personnes que l'ont croisait généralement en Alagaësia. Les trois flèches formaient une sorte de barrière entre l'inconnu et la princesse, s’il les franchissait, elle tirerait sans hésitation.
Alors qu'elle l'épiait sauvagement, elle répondit à sa question.
-Oui, il y a bien quelqu'un et pas spécialement amusante...

[De rien très chère]

Oui, c’est vrai, Tallagh pouvait parfois se montrer un peu stupide. Mais était-ce réellement de la stupidité, ou une sorte de jeu ? Bien malin qui pourrait répondre à cette question. Le Dragonnier était jeune, insouciant, et qui pourrait lui en vouloir ? Il avait 16 ans, toute la vie devant lui… Et même si les temps étaient plutôt troublés, qui aurait pu lui faire perdre sa bonne humeur ? Il vivait au jour le jour, combattant pour ce qu’il croyait juste, lié par une amitié indéfectible à une créature mythologique et qui plus est, il était amoureux. D’accord, il prenait des risques inconsidérés, mais Tallagh était jeune, et il ne voyait pas forcement le danger… ou il l’ignorait consciemment.

Bref, le jeune humain était heureux de la vie, et même s’il se produisait quelques malheurs, rien n’entacherait sa soif de vivre et sa bonne humeur. Enfin, rien, sauf la flèche menaçante qui suivait chacun de ses mouvements. Mais vu qu’il n’en savait aucune idée…

Pour l’instant, du moins. Le Dragonnier observait les environs, mais tout était calme. Trop calme même, ce qui lui laissait penser que celui qui l’espionnait était toujours dans le coin, et semblait renoncer à dévoiler son identité. Dommage…
Ce fut au moment où la flèche jaillit des arbres que Tallagh entendit le sifflement caractéristique du projectile, qui vint frôler son oreille à une vitesse surhumaine. Mais il n’eut pas le temps de réagir, surtout que rien ne l’avait préparé à l’attaque : une deuxième, puis une troisième flèche vinrent se planter dans le sol, côte à côte avec la première.

Le jeune homme sentit son sang battre à ses oreilles, un peu stupéfait par la rapidité de l’attaque et, il faut bien l’avouer, un peu ébranlé. Car il n’avait aucun doute : vu la précision de l’archer, si ces flèches lui avaient été destinées, il n’aurait pas eu le temps de riposter. Il ne faut pas se leurrer : on avait délibérément visé à côté de lui. Le Dragonnier sentit ses genoux trembler, mais il releva la tête, essayant de retrouver son souffle. Il ne devait pas montrer que l’attaque avait sérieusement ébranlé sa bravoure, et que maintenant, il appréhendait un peu de se retrouver seul face à celui qui avait tiré. Il ne sortit pas son épée pour autant : qu’aurait-il pu faire, de toute façon, contre cet ennemi qui, il le savait, ne lui laisserait aucune chance ? Non, autant la jouer finement, et ne pas brandir son arme.

La seule chose à faire, c’était d’appeler Tal’ à la rescousse. Il se ferait sérieusement disputer, mais de toute façon, la plupart du temps, Talenka avait raison de l’enguirlander, alors, autant le laisser hurler. Du moment qu’il restait en vie assez longtemps pour l’entendre crier…

**Tal’ ? J’ai besoin de toi. Rapidement**
**Qu’est-ce qui se passe ?**
**On a essayé de me tirer dessus. Rapplique en vitesse**

Tallagh lui transmit rapidement l’image mentale de sa position. Il n’était pas entré dans les détails, annonçant seulement au dragon ce qu’il avait besoin de savoir. Inutile de dire que le tir ne le visait pas directement, hein ? Le seul problème, c’était les arbres. Tallagh s’était aventuré à un endroit plutôt touffu, et il savait pertinemment que jamais Talenka ne pourrait se poser à ses côtés : ça aurait été risqué de se faire embrocher par un arbre, et le dragonnier s’y refusait.

**On fait quoi alors ?**
**La clairière, à quelques centaines de pas. Pose toi là et attend, je trouverai bien un moyen de sortir en terrain découvert**
**Sois prudent**
**Oui maman**

Tallagh ironisait, mais au fond de lui, il ne se sentait pas très fier. Quelle idée stupide d’avoir suivi l’espion sous les arbres, privant ainsi le jeune homme de son plus précieux moyen de défense… Enfin, l’espion… Un mouvement soudain attira l’attention du dragonnier : une ombre bondissante apparut soudain devant lui, gracieuse, féline, et surtout…armée. Oui, désolé, mais c’était la première chose que vit le jeune homme : un arc bandé vers lui, un arc qui, il le savait maintenant, ne lui laisserait aucune chance.

C’était une femme, une elfe, à n’en pas douter. D’une beauté à couper le souffle, un air sauvage et farouche, mais en même temps une grâce et une aura digne des plus grandes reines. Elle était merveilleuse, magnifique, magnétique… et pendant un moment, Tallagh ne put en détacher le regard, un regard plein d’admiration. Mais ce moment passa assez vite, surtout quand le regard du Dragonnier se posa sur l’arc toujours tendu dans sa direction. Curieux comme une arme prête à donner la mort peut faire l’effet d’une douche glacée !

Ainsi donc, c’était elle qui l’espionnait depuis le début ? Pourquoi ? Tallagh remisa la question dans un coin de son esprit, observant l’elfe qui se tenait devant lui, ses yeux perçants et farouches semblant vouloir passer à travers le corps du jeune humain… ce que ferait la flèche, sans aucun doute.

Le Dragonnier déglutit difficilement, posant son regard sur les flèches plantées profondément dans le sol. Elles semblaient former une ligne, et Tallagh n’était pas assez fou pour essayer de la franchir. Son instinct, ce même instinct stupide qui ne savait pas localiser les gens, lui soufflait que franchir la ligne serait sans doute la dernière bêtise de sa vie… et l’humain voulait en faire d’autres. Des choses dans sa vie, pas des bêtises ! Il ne passe pas son temps à accumuler les bêtises quand même ! Si ? Bon, d’accord, des fois… Mais pas souvent. Bon, souvent, ok ! Ca suffit, laisser moi raconter la suite non mais !

Bref. Tallagh devait gagner du temps, maintenant, et surtout, aller jusqu’à la clairière. Si proche mais pourtant tellement inaccessible. Le jeune homme recula d’un pas, puis d’un second, regardant son ennemie avec défiance. A moins qu’elle ne tire sans préavis, et le Dragonnier priait tous les dieux de la création pour que ce ne soit pas le cas, il arriverait peut-être à la mener en terrain découvert. La marque sur sa paume le picotait, Talenka devait être très proche, et machinalement, Tallagh la toucha du bout des doigts… avant de se rendre compte avec inquiétude que l’elfe ne pouvait ignorer qui il était… et qu'elle savait que s'il était dragonnier, les arbres empêcheraient la venue de son dragon. L’inconnue ne semblant pas stupide, le plan du jeune homme risquait fort de capoter en beauté : jamais l’elfe ne le suivrait hors du couvert des arbres.

Mais rien n’était perdu, du moins, c’est ce que lui soufflait son côté optimiste et, parfois, un peu naïf. Son côté rationnel, lui, penchait en faveur d’une mort particulièrement déplaisante, mais Tallagh l’ignora, se concentrant sur l’elfe en face de lui. Finalement, il prit la parole, essayant d’empêcher sa voix de trembler… et y réussissant avec, je dois l’avouer, un certain brio. Par contre, la jeune femme avait raison : ce n’était plus du tout amusant !

Je peux savoir pourquoi vous m’espionnez ? La forêt est à tout le monde, que je sache, et il n’était nullement dans mes intentions de vous faire du mal.

Oui, la phrase sonnait un peu bizarrement, surtout qu’il était désarmé et que la demoiselle semblait prête à lui percer un joli trou dans la peau. Mais bon, en même temps, la question n’était que de pure forme, car Tallagh pensait que l’elfe ne répondrait pas. En fait, rien ne l’y obligeait : c’était elle qui tenait l’arc, ne l’oublions pas.

(Navrée pour le retard T_T)

En effet, c'était bien l'Elfe qui tenait fermement entre ses mains l'arc redoutable et menaçant. Arya n'avait détaché son regard du jeune homme et l'arme non plus n'avait pas changé de cible. En parfaite concordance l'un de l'autre, la princesse démontrait une fois de plus ses prouesses d'archer accompli. Ce qui, soit dit en passant, n'était pas tellement son but premier. En réalité, elle s’était uniquement montrée au yeux du dragonnier afin d’obtenir les réponses à ses questions, rien de plus. Pourquoi se trouvait-il ici ? Qui était- il pour posséder une aura aussi impressionnante ? Ce ne serait sûrement pas la jeune femme qui commencerait la conversation afin de le questionner toutefois, elle comptait bien en apprendre plus sur l’étranger. La princesse était bien trop fière ou se trouvait bien trop à la limite de l’insociabilité pour se donner la peine de parler la première et de laisser l’avantage de l’anonymat au dragonnier. Ce serait donc à son interlocuteur de commencer, pas à elle.
Apparemment, lui non plus ne semblait pas décider à dire quoi que ce soit et à lui céder sa part. Il se contentait de la jauger, peut-être avec appréhension, ou tout au contraire, avec soulagement. Le comportement de l’inconnu était assez confus, et pourtant, bien qu'il s'obstinait à le cacher, la princesse avait senti qu'il tremblait légèrement et que peut-être, il était impressionné par la guerrière sauvage et royale. Là s’arrêtait sa « conclusion ». Pas besoin d'avoir recours à une fouille d'esprit pour comprendre ça, il suffisait d'être attentif et de posséder ces oreilles pointues et révélatrices de la race royale. Peut-être aussi fallait-il s'appeler Arya, princesse des Elfes et avoir été entraînée par les plus grands maîtres elfiques se cachant encore au fin fond du Du Weldenvarden.
Toujours est-il que ni l'un ni l'autre ne perdait sa distinction et ne dévoilait ses sentiments à l'adversaire. Sur ce point, l'Elfe reconnut que le dragonnier avait une qualité. En revanche, elle se demandait si le fait d'être désarmé serait un avantage pour lui. Vous vous en doutez sûrement, la réponse est négative...
La "sauvageonne royale" donnait l'impression d'être agressive et prête à lui tirer dessus sans aucun remords, mais en réalité elle n'avait nullement l'intention de l'attaquer ni même de le toucher. L'impressionner suffirait amplement... Du moins, elle l’espérait.
Dans cette partie de la Crête, les arbres touffus cachaient le ciel de façon assez proéminente et disproportionnée. Ces terres dîtes « maudites » possédaient différentes « zones » de territoire et celle-ci semblait extrêmement abondante de végétation. Encore une fois, ce petit système était au désavantage du dragonnier et plutôt bénéfique pour l’Elfe. En effet, si celui-ci avait envisagé faire appel à son dragon, au cas où il y aurait des complications, aucun arbre ne céderait le passage au volatile. A moins qu'il n’ait déjà les pattes posées sur la terre ferme, ce qui étonnerait fortement la demoiselle qui n'avait pas senti l'aura du dragon lors de sa petite séance d'espionnage, aucune « entrée » n’était réellement possible à l’imposante créature. Autrement dit, seulement une « sortie » serait la chance accordée au dragonnier pour rejoindre son compagnon. Et c’était là qu’entrait en scène l’avantage que possédait la princesse. Car non seulement elle tenait l’arc en position de tir, mais en plus la nature était sa sœur et alliée en matière de magie. Elle n’était pas une Elfe pour rien, et celui qui aurait l’honneur de s’échapper après de pareils sorts n’est pas encore né, croyez moi… Pour en revenir au dite dragon, la ravissante combattante le sentait se rapprocher de leur position, malgré la forêt qui lui barrait le passage. Et pourtant, elle persistait à croire que la bête mythologique ne pourrait traverser cette "région" sans enflammer la moitié de la forêt. Ce qui serait assez dur, il faut l'avouer...
Ses déductions furent bien vite certifiées lorsque l’inconnu fit quelques pas en arrière. Il avait reculé et Arya serrait de plus belle son arme, faisant grincer le bruit de la corde tendue à bloc. C'était assez stressant ce genre de comportement. Une sorte d’atmosphère « entre la vie et la mort »...
Ce fut peut-être pour se donner du courage et plus de consistance que le dragonnier rompit le silence qui était maître des lieux jusqu’à présent.
La princesse s'était attendue à un ton beaucoup moins déterminé que celui qu'il employa. Le jeune homme semblait assuré et toutes ses hypothèses sur le fait qu’il était sans doute terrifié par l’arme, se dissipèrent en petit morceaux dans l’esprit de la guerrière. Ne se laissant pas démontée pour autant par cet excès de détermination, ce fut le moment précis que choisit Arya pour forcer l’esprit du dragonnier. Et toc ! Prend-toi ça ! Peine perdue, aucune fissure, aucun signe de faiblesse n'était encore visible et elle se devait de caresser une fois de plus la paroi imprenable et glacer pour ne pas perdre ce lien.
Sans doute le dragonnier aurai-t-il déduit quelque chose de cette intervention pour la moins brutale... Sans doute comprendrait-il que la demoiselle persistait à entrer en contact avec son esprit, et sans doute qu'il en déduirait qu'elle avait peur. Mauvaise réponse où les « sans doute » fusaient comme des missiles, elle n'était pas effrayée pour un sou, seulement intriguée.
Après de longues minutes où l’espionne avait contemplé le dragonnier, avec un regard pour le moins farouche et inquiétant, elle daigna enfin répondre à sa question, relâchant ainsi son emprise visuelle. Sa voix était neutre, quoi que légèrement sévère et pourtant son petit accent laissait glisser des sons charmeurs et mélodieux.
-Me suis-je sentie menacée ? Je ne me rappelle pas avoir évoqué ce sujet.
L’Elfe avait failli à la tradition et n'avait pas commencer son discours par deux doigts portés à ses fines lèvres. Heureusement que son interlocuteur n'était pas un être du beau peuple, quelle honte ça aurait été pour son semblable ! Tant pis, elle se rattraperait la prochaine fois… S’il y en avait une.
L'arc n'avait toujours pas bougé de sa forme militaire et la flèche était à jamais pointée en direction de l’inconnu. Droite et fière, derrière sa ligne tracée, la princesse continua sur sa portée:
-Quand à vous espionner, je m'autorise ce droit. Aucune loi ne l'interdit que je sache.
Prétentieuse ? Non, simplement habituée à avoir du pouvoir. Vous me direz que c'est tout de même de la prétention... Vous n’avez pas tout à fait tort…Et pourtant, comment peut-on en vouloir à une créature si merveilleuse ?

[T'inquiète Wink

]

Comment peut-on en vouloir à une créature si merveilleuse ? Simple, il suffit qu’elle ait une arme braquée sur vous… Mais je m’éloigne du sujet.

Non, Tallagh n’avait pas l’intention de révéler la moindre bribe d’information sur lui-même, ou sur le dragon qui venait à leur rencontre. L’inconnue avait déjà deviné qu’il était dragonnier, il savait qu’elle était une elfe. Un point partout, la balle au centre. Quoique que le jeune homme se doutait qu’il n’avait pas à faire à une simple elfe… sa prestance, sa beauté et le moindre de ses gestes révélaient qu’elle était bien plus qu’un simple sujet de la reine, mais qui ? Là, le dragonnier ne pouvait qu’émettre des suppositions, et encore, l’arc toujours bandé dans sa direction ne lui facilitait pas vraiment la tâche. Bah, encore une question sans réponse, il commençait à en avoir l’habitude, depuis le temps !

Il avait délibérément ignoré le rituel elfique de la rencontre. Pas parce qu’il l’ignorait, non ; il était humain, mais il avait tout de même certaines connaissances du Beau Peuple, et leur façon de se saluer était une des premières choses qu’il avait appris lors de ses études de l’ancien langage. Pas non plus pour être irrespectueux, bien qu’il se demandait si, en tant que Dragonnier, il était d’un rang plus élevé que son interlocutrice. Curieusement, les elfes avaient un sens de l’honneur et des conventions très pointilleux, et déjà que la jeune femme ne semblait pas bien disposée à son égard, autant éviter de se ridiculiser ou pire, de s’en faire une ennemie mortelle. Je précise que le mot mortel sous-entendait la mort de Tallagh, pas de l’elfe. Non, s’il n’avait pas respecté l’usage, c’est tout simplement parce qu’il s’en fichait. Sincèrement. En tant que jeune noble, Tallagh avait déjà subi son content de cérémonies ennuyeuses, ou le décorum et le rituel prenaient beaucoup trop de place à son goût.

Le Dragonnier détestait les cérémonies, et il n’allait certainement pas se lancer dans un salut rituel en plein milieu d’une forêt, menacé par une personne dont il ignorait tout. Sans compter qu’il trouvait ce salut particulièrement barbant, et était convaincu que plus d’une fois sur deux, les paroles étaient complètement creuses. C’était bizarre pour un noble, et soldat de surcroît, d’éviter comme la peste les rituels et traditions. Mais la patience n’était pas le fort d’une jeune homme, vous l’avez remarqué, et rester pendant des heures à palabrer pour satisfaire de sombres traditions n’avaient jamais trouvé grâce à ses yeux.

Talenka se rapprochait, et le Dragonnier commençait à chercher un moyen d’échapper à la surveillance de l’elfe, le temps de rejoindre le dragon. Talenka ne brûlerait pas la forêt, c’était hors de question : non seulement l’elfe ne risquait pas d’apprécier, mais en plus il risquerait de brûler vif le jeune humain. Et disons qu’il n’était pas dans les intentions de Tallagh de mourir, du moins pour l’instant. Il tenta donc de s’éclipser, mais le bruit du grincement de la corde le fit vite s’arrêter. Relevant les yeux, Tallagh dévisagea son adversaire, revoyant rapidement ses options, et, à son grand malheur, elles n’étaient pas très nombreuses, et toutes indiquaient la fin proche du dragonnier. Il n’avait pas trop le choix : Il ne pouvait pas rejoindre Talenka, il ne pouvait pas sortir ses armes, et il ne pouvait pas se servir de sa magie. Parce qu’il n’était pas non plus suicidaire, il n’avait d’autres choix que de parler, en espérant trouver une faille. C’était un plan stupide, mais qui avait le mérite de ne pas le faire mourir… pour l’instant. Et de toute façon, Tallagh aimait bien parlementer. [Ah bon, vous aviez remarqué ?]

Le Dragonnier observait son interlocutrice, attendant qu’elle lui réponde, quand une soudaine attaque mentale le fit vaciller. Lui, pas le mur qu’il avait créé en esprit. Ce mur était infranchissable, sauf si on s’appelait Talenka. Pour s’infiltrer dans son esprit, la jolie demoiselle qui se trouvait en face de lui devrait user de stratagèmes plus complexes qu’une banale attaque. Tallagh sentit aussitôt le frôlement de l’esprit d’Arya, un frôlement presque familier, maintenant, et se douta qu’elle n’allait pas abandonner la partie. Ah la la, ces elfes !

Oui, on peut le remarquer, Tallagh ne portait pas particulièrement les elfes dans son cœur. Ils les trouvaient imbus d’eux-mêmes, emprisonnés sous le poids de leurs traditions stupides et démodés, croulant sous leur bonne conscience. Jamais un mot de travers, jamais une action que ne pourrait nuire à autrui. Pour le jeune homme, les elfes étaient un ramassis de vieillards bornés qui vivaient comme vivaient leurs ancêtres, selon des traditions immuables et dépourvues de sens. Une seule personne échappait à cet inventaire quelque peu dépréciatif : Louve. Louve qui n’était pas réellement une elfe, c’est vrai, ce qui expliquait pour quoi elle était si différente dans l’esprit du jeune homme de ces elfes qu’il détestait. Enfin, le fait qu’elle est un caractère particulier n’y était pas non plus étranger. [Xd]

L’opinion de Tallagh était arrêtée, et il détestait le peuple elfique. A sa décharge, on pourrait dire que jamais personne n’avait essayé de le dissuader de penser ainsi. Il jugeait sans vraiment connaître, à travers les bribes d’informations qu’on lui envoyait. Mais de toute façon, le peuple des elfes n’avait pas non plus l’air de porter les humains dans son cœur. C’était comme ça, voilà tout, et aucun camp ne faisait des efforts pour comprendre l’autre.

Qu’est-ce que pensais Tallagh de l’intervention plutôt musclée d’Arya dans son esprit ? Il aurait pu prendre ça pour de la peur, du désespoir, mais il ne se laissa pas abusé. La jeune elfe en face de lui était une guerrière, et pour l’instant, elle contrôlait l’humain. Non, elle n’avait pas peur de lui. Elle était bien trop intelligente pour cela. Elle cherchait seulement à le connaître… et à savoir de quoi il était fait.
Le dragonnier, quant à lui, était effrayé. Mais il dissimulait cette peur sous ses dehors bravache, et jamais il ne l’aurait montré. Alors, il serrait les dents, faisant de la peur qu’il portait en lui un allié qui lui permettait de ne pas se relâcher. Tallagh était orgueilleux, et bien décidé à ne pas montrer ses faiblesses devant cette adversaire qui le dominait. C’est pourquoi le jeune homme contrôlait soigneusement chacun de ses gestes, chacune des intonations de sa voix, défiant du regard l’elfe qui se tenait devant lui. Ce n’était peut-être pas une bonne idée, mais ainsi était le jeune homme : fier, courageux, et surtout, prêt à braver quiconque le défiait, même s’il n’avait pas l’ombre d’une chance.

C’est alors qu’il sentit le picotement de la Gedwëy Ignasia : Tal’ était dans le coin, ça ne faisait aucun doute. Pour un peu, Tallagh en aurait soupiré de soulagement. Le dragon ne lui était d’aucune aide, il le savait pertinemment, mais sentir sa présence avait quelque chose de réconfortant. C’est donc avec une confiance en lui renouvelée que le jeune homme répondit à l’elfe.

Je voulais juste que les choses soient claires : il n’était pas dans mes projets de vous menacer. Mais apparemment, nous n’avons pas les mêmes intentions.

Ajouta-t-il avec un sourire, en désignant l'arc dans la main de l'elfe.

Puisque vous avez décidé que vous pouviez m’espionner, je voudrais vous poser une question : qui êtes-vous ? Cela peut sembler curieux et puéril, je sais, mais j’aime bien savoir qui tient ma vie entre ses mains.

Tallagh s’adossa nonchalamment contre un arbre, sans lâcher son interlocutrice du regard, plongeant ses yeux bruns dans ceux de l’elfe. Elle avait une voix musicale, et même la sévérité de son ton ne pouvait empêcher le jeune homme de remarquer ce détail. A nouveau, il se demanda quelle était sa place dans la hiérarchie elfique. Il penchait plutôt pour une baronne, ou une duchesse, quoiqu’il doutât que de tels titres existent chez les elfes. Mais assurément, elle devait être d’une certaine noblesse, sans quoi son comportement aurait été bien différent.

(Un mois de retard... j'ai honte... x___x)

Ses yeux félins ne cessaient d'épier le jeune homme, de le fusiller comme si à eux seul, ils étaient bien plus puissants que l'arc qu’elle tenait fermement entre ses mains. Elle était attentive à tout, vraiment tout. Aucuns bruits de la Crête, ou du moins ceux qui se trouvaient à moins de deux kilomètres à la ronde, ne lui échappaient. Tout était audible à ses longues oreilles pointues. Cela pouvait très bien être un bruit anodin, tel que celui du vent ou un tout autre, bien différent : les battements de coeur du dragonnier. Les insectes avaient beau faire un boucan infernal pour des êtres de leur corpulence, ils ne la détournaient nullement de son centre d'intérêt. Autrement traduit par "L'inconnu en face d'elle".
Jamais auparavant cette force auditive n'avait été aussi puissante. Bien entendu, dès sa naissance, la jeune Elfe avait été dotée de dons héréditaires remarquables, particulièrement supérieur aux autres Elfes de la citée cachée. Par la suite, Arya avait été entraînée par de grands maîtres centenaires, à la sagesse éperdument surprenante et aux défis plus dur les uns que les autres. C’était eux qui avait contribué à sa formation au combat et qui avaient fait d'elle leur « petite guerrière ». Il est vrai qu'à cette époque, la belle Elfe était forte et très réputée par les siens, à Ellesmera. Et pas seulement pour son titre honorable qui faisait d’elle leur futur reine, mais aussi pour ses talents à l'escrime, au tir à l'arc, à la pratique de la magie, sans oublier pour sa délicieuse et subtile manière de mentir en ancien langage.
Malheureusement, le stage qui dura plusieurs années n’avait pas eu suffisamment d’impacte sur la princesse, puisque quelques temps plus tard, malgré les conseils acharnés de ses enseignants, la jeune femme se faisait lamentablement capturer dans une embuscade tendue par l’Ombre redoutable et qui se trouvait aujourd'hui même dans les flammes de l’enfer... Durza... Elle y avait été torturée et ses talents ne lui avaient servis quasi à rien, si ce n’est peut-être, à rester en vie plus longtemps que prévu…

C'était étrange, mais depuis qu'elle avait rencontré Eragon, lorsqu’il n’était alors qu’un nouveau dragonnier, certes prometteur, mais sans réelles prouesses, c'était comme si leurs destinées s’étaient liées, physiquement parlant. Si le jeune homme évoluait et son pouvoir se faisait plus grand, il en était de même pour elle. Et comme le hasard fait bien les choses (la plupart du temps), le jeune dragonnier s'améliorait de jour en jour, devenant à chaque minutes qui s’écoulaient, un être plus puissant et plus important que l’âge d’or n’avait jamais connu. En déduction, il en advenait de même pour la belle Arya, qui n’avait rien demandé et se retrouvait tout de même avec une manipulation de ses sens beaucoup plus ardue que celle qu’elle avait déjà acquise au fil du temps…

Après cela, il serait temps de venir au but bien précis de toute cette explication…
Lorsque le dragonnier sentit le picotement dans sa paume qui signifiait grosso modo que son dragon se trouvait à proximité des deux adversaires, ce geste n’échappa pas, évidemment, à l’attention démesurée de la princesse guerrière. Ses yeux se braquèrent dangereusement sur la Gedwëy Ignasia de l’inconnu, qui, à présent, la dissimulait en serrant fortement la main. Lorsqu’elle regardait de cette façon, on pourrait croire qu’elle devenait l’espace d’un instant, une cannibale irréprochablement somptueuse et qui ne désirerait qu’une seule et unique chose : dévorer la main du jeune homme. En vérité, elle n’avait nullement envie de faire du jeune homme son repas (car non seulement elle était végétarienne mais aussi elle n’était pas cruelle) et c’était sans doute pour mieux dissimuler son appréhension. Car oui, Arya en avait tout de même et c’était parfaitement légitime. Par exemple, elle se demandait, combien de temps elle réussirait à tenir le dragonnier dans cette cachette de végétation sans que son dragon ne se mêle à l’histoire.
Cela dit, elle n’avait pas vraiment à s’inquiéter à ce sujet là, du moment que l’animal ailé n’était pas complètement téméraire. Si il l’était, elle serait fichue. En effet, le dragon pouvait bien débarquer d’une minute à l’autre, en détruisant la moitié du paysage et en se mutilant lui-même ses précieuses ailes, certes, mais il pouvait venir tout de même.
Malgré cette évidence, la princesse osait espérer qu’il ne se passerait rien de tout cela et qui plus est, que la créature mythologique n’était pas assez bête pour mettre son dragonnier en danger. Dragonnier, qui je le rappelle, était menacé par l’arc elfique.
Furtivement, son regard se reposa sur celui du jeune homme qui faisait semblant, ou peut-être était-ce en parti véritable, de se détendre. Il lui dit d’une voix assez assurée que ses projets n’étaient en aucun cas de menacer l’Elfe et que, visiblement, c’était tout le contraire pour elle. Suivit cette remarque, un sourire qui ne plus pas particulièrement à la princesse. En tant normal, elle se serait sans doute montrée plus sociable et lui aurait renvoyé un sourire éblouissant et particulièrement sarcastique. Si elle avait été de bonne humeur, elle aurait même répondu à cette petite provocation. Or, elle n’était ni sociable ni de bonne humeur. Cette carapace lui allait assez bien, il fallait l’avouer, toutefois elle s’en laçait de plus en plus mais s’obligeait éperdument de la garder et de l’utiliser à forte dose pour paraître plus distinguée, plus impressionnante qu’elle ne l’était.
Arya fronça légèrement les sourcils, en entendant la seconde réplique de son interlocuteur, ce qui lui donnait une moue coléreuse et particulièrement hautaine. Décidément, c’était plus fort qu’elle de jouer les malignes…
Alors comme ça, il voulait savoir qui elle était ? Tout ceux qui avaient osé lui demander un jour s’étaient vus prendre un coup sur la caboche, littéralement parlant. C’était amusant de voir à quel point les humains pouvaient être aussi ignorant. Au Du Weldenvarden, elle faisait parti de la famille royale et tout les Elfes savaient qui elle était (leur princesse et ambassadrice), qui elle serait (leur future reine). Arya se fichait royalement de savoir si elle était connue ou pas en dehors de son royaume, et à vrai dire, elle préférait passer inaperçu, surtout lors de ses missions. Toutefois, cela la surprit de voir à quel point elle était inconnue au bataillon dans cette région. Contrairement à d’autre noble qui se serrait vexé, elle, trouvait que c’était plutôt amusant comme situation…
Toujours aussi impassible, elle observa le jeune homme s’approcher de l’arbre derrière lui, pour s’y adosser et se donner une consistance. Il paraissait plutôt à l’aise pour quelqu’un dont la vie est à deux doigts de s’éclipser en fumée…
A nouveau, la combattante resserra son arc et la corde se tendit un peu plus encore. La flèche ne tarderait pas à partir…
Et c’est ce qu’elle fit d’ailleurs ! Une seconde après cette manifestation, le dangereux projectile fonçait droit vers le dragonnier qui se tenait toujours contre l’arbre au tronc sombre. La flèche se planta dans l’écorce à un centimètre du visage du jeune homme.
Décidément, la princesse s’amusait à viser à côté et à rater sa cible, juste pour donner un peu plus la chair de poule à son interlocuteur. Sans laisser le temps au dragonnier de manifester son désaccord quand à ce genre de pratique légèrement sadique, la belle Elfe « dansa », car oui ses pas étaient tellement gracieux qu’on aurait cru qu’elle dansait, jusqu’à arriver près de lui. Elle avait dépassé la limite qu’elle avait tracée quelques minutes plus tôt et se retrouvait maintenant, extrêmement près de l’inconnu.
Tranquillement, elle se pencha en avant afin de récupérer sa flèche. La jeune femme se trouvait extrêmement près de son « ennemi », qui n’en était peut-être pas un, en fin de compte. Ses beaux yeux fixèrent ceux du jeune homme, tandis que sa main attrapait la flèche qui était planté dans l’écorce.
Ses lèvres divines soufflèrent quelques mots pour répondre à la fameuse question.
-Mon nom est… Arya…
Dis de cette façon, sa voix était magnifique mais terriblement froide. On aurait dit que, sans le vouloir, elle usait de son charme pour laisser apprécier le velouté de ses paroles. Or, il s’avérait que la princesse n’avait pas réellement conscience de la grâce et la beauté dont elle dégageait. Quelques secondes passèrent, où elle dévisagea le jeune homme avec un brin de malice dans le regard, dissimulé derrière ce mur glacial impénétrable.
Lentement, la flèche qu’elle tenait dans sa main effleura le coup du dragonnier, comme pour lui rappeler qu’elle était toujours chef de la situation.
-Et vous… Cela peut sembler curieux et puéril, je sais, mais j’aime bien savoir à qui appartient la vie que je tiens entre mes mains.
La demoiselle était devenue une grande amatrice du sarcasme durant le siècle dernier, et maintenant elle en faisait profit n’importe quand. Une fois encore, elle n’avait pas fait exception.
Après avoir retourné la question au jeune homme, elle lui jeta un dernier regard, d’aussi près, et s’éloigna de deux pas en arrière, en reprenant son arc et sa flèche.
Combien de temps encore jouera-t-elle à ce petit jeu ?

[Je suis assez fier de moi, je dois l'avouer Xd]

Tallagh n’avait absolument pas l’intention de mêler Talenka à cette histoire. D’abord parce qu’il craignait que son compagnon ne se blesse et ensuite, parce qu’il avait vaguement l’impression que c’était entre lui et l’elfe. Lequel des deux lâcheraient prise le premier, lequel des deux commettraient un faux pas qui l’affaibliraient inexorablement aux yeux de l’autre ? Le dragonnier l’ignorait et, bien que la jeune inconnue est un sérieux avantage, il n’était pas prêt à céder un seul pouce de terrain. Elle devrait le tuer pour ça, et il espérait bien qu’elle ne le ferait pas.

Non, le jeune homme n’avait pas le choix. Il demeurerait aussi fier et implacable que l’était son ennemie, aussi digne qu’elle, et ne s’abaisserait pas à appeler le dragon au secours. Le seul problème, c’est que ledit dragon ne pensait pas exactement la même chose, et il le fit savoir à son dragonnier d’un ton qui frisait l’exaspération. La seule chose qui le retenait, c’était de savoir que son dragonnier était menacé par une flèche qui n’hésiterait pas à l’embrocher. Arya faisait d’une pierre deux coups : grâce à son arme, elle réduisait à l’impuissance à la fois le dragon et son dragonnier. Sans lâcher du regard Arya, Tallagh transmit les images de la guerrière elfe au dragon, qui grogna méchamment. Une chose était sûre, l’immense dragon vert venait d’inscrire l’elfe sur sa liste noire : si elle touchait à son dragonnier, elle allait amèrement le regretter.

**Et si je lui parlais ? Peut-être accepterait-elle de m’écouter**
**Ah oui, et tu va lui dire quoi ? Très chère elfe, relâchez mon dragonnier ? Tal’, je connais tes talents, et la négociation n’a jamais été ton fort**
**C’est une elfe : leur peuple respecte les dragons comme des dieux vivants**
**Je refuse. C’est dangereux pour toi, et pour moi**
**Depuis quand tu préoccupes-tu du danger ?**
**Depuis qu’une guerrière elfe cherche à me transformer en brochette, figure-toi**

Talenka soupira, mais se tût. Le dragonnier sentait qu’il se sentait mal, impuissant et inutile, mais pour le moment, mieux valait ne pas déclencher les hostilités. Il maîtrisait la situation, il en était sûr. Arya ne chercherait pas à le tuer, tant qu’il ne ferait pas de bêtises… il en était presque persuadé. Ou du moins, il en était persuadé jusqu’à ce que la flèche vienne se ficher, encore palpitante, à quelques centimètres de son visage. Un instant, un bref instant, Tallagh perdit son assurance. Elle avait tiré, nullement apeurée de mettre fin à sa vie, sans remords ni regret. Elle avait tiré. Le dragonnier sentit ses convictions s’écrouler, et son mur mental vacilla. Elle avait essayé de le tuer !

Tallagh essaya de reprendre contenance, mais c’était trop tard. Elle savait, elle savait qu’il était là, impuissant, prêt à mourir si elle le décidait. Il était à sa merci, plus fragile qu’un lapereau. Il allait mourir, et à cause d’elle. Les pensées se bousculaient dans la tête du jeune homme, si vite et si emmêlés qu’il était incapable de les déchiffrer. On raconte souvent qu’avant de mourir, votre vie défile devant vos yeux. Tallagh, lui, pouvait attester du contraire : avant la mort, il n’y avait rien, seulement un froid intense, une certitude absolue que cet instant était le dernier, et surtout, surtout, une peur intense qui vous glaçait les membres.

Cette peur, on pouvait encore la lire dans ses yeux bruns, une peur si terrifiante, si profondément ancrée dans le subconscient des humains qu’il n’en avait même pas conscience : la peur de mourir, la peur de l’inconnu. Oui, Tallagh avait peur : si ça n’avait tenu qu’à lui, il se serait laissé tombé en pleurant comme un enfant effrayé, appelant sa mère pour qu’elle vienne l’aider. Mais voilà : il n’était pas seul. Talenka avait besoin de lui, Louve avait besoin de lui, il ne devait pas sombrer, pas maintenant. Il était seul, certes, et personne ne viendrait à son secours, mais en cet instant de terreur glacée, une seule chose venait à son esprit : il devait se montrer courageux, montrer qu’il n’avait pas peur, même s’il se sentait plus désarmé qu’un nouveau-né.

Talenka sentit la détresse de son dragonnier, et rugit d’impuissance. Il aurait donné sa vie pour le rejoindre, mais Tallagh était en danger, et le serait encore plus s’il intervenait. Impuissant, voilà ce qu’il était. Le dragon vert rugit à nouveau, promettant à la princesse elfe les pires tourments s’il venait à la trouver. Sa vie dût-elle y être consacrée, il lui ferait payer cette flèche, il lui ferait payer cette terreur.

Tallagh eut soudain conscience que la jeune elfe s’avançait vers lui, d’une démarche dansante et pleine de souplesse, venant récupérer la flèche plantée à quelques centimètres de son visage. Il leva ses yeux vers lui, s’efforçant d’y effacer sa peur et ses tourments, mais en ayant conscience d’être plus transparent que l’eau d’un lac.

Arya… elle disait s’appeler Arya. Pourquoi le lui révélait-elle maintenant ? Pour bien lui montrer sa supériorité, bien faire comprendre à l’humain qui se tenait immobile à quelques centimètres d’elle qu’elle menait la danse, et qu’il n’avait pas son mot à dire. Plongeant son regard dans les yeux de celle qui tenait sa vie entre ses mains, Tallagh resta silencieux, s’efforçant d’ignorer sa voix magnifique et le charme presque surnaturel qu’elle dégageait. Ainsi était le pouvoir des elfes : jusqu’à la mort, il vous tenait sous son charme.

Le dragonnier tressaillit légèrement quand la flèche frôla son cou, s’efforçant de toutes ses forces de ne pas bouger, de ne pas se jeter sur elle. Seul, sans armes, il n’aurait eu aucune chance, mais ne valait-il pas mieux mourir tout des suite que de se laisser ainsi dominé par cette inconnue. Son instinct le suppliait de réfléchir, lui disait qu’il existait encore une chance, même infime, qu’il s’en sorte. Le dragonnier obéit, plongeant ses yeux dans ceux de l’elfe. Des yeux où ne subsistait plus la moindre trace de peur, seulement la haine, intense et implacable, qu’il éprouvait envers elle. Une haine si froide et si intense qu’elle aurait fait réfléchir n’importe qui… mais l’elfe n’était pas n’importe qui, et le dragonnier en était conscient.

D’une voix plus froide, plus chargée de haine et de colère qu’il n’aurait voulu, il répondit à sa question. Il n’aurait pas du lui dévoiler ainsi ses sentiments, il aurait du demeurer comme elle, de marbre. Seulement, il ne pouvait pas, il n’en avait pas la force.

Pourquoi voulez-vous savoir comment je m’appelle ? Pour graver mon nom sur la tombe que vous aurez la bonté de me creuser ? Vous ne voulez pas savoir comment je m’appelle, vous vous en fichez complètement. La seule chose qui vous importe, c’est de savoir quand je vais craquer, et vous supplier en pleurant de me laisser partir. Pas la peine de chercher, la réponse est jamais.

Défiant de son regard brûlant la jeune elfe, Tallagh redressa la tête, toujours immobile mais les yeux pleins de haine contenue.

Tuez moi. C’est la seule solution pour nous défaire de cette situation.

Cette fois-ci, ce n’était pas de l’inconscience, ou du moins, pas tout à fait. Tallagh en avait marre, marre de jouer les gentils garçons, marre d’obéir à la menace de l’arme de la demoiselle. Si elle voulait le tuer, qu’elle le fasse. De toute façon, comment aurait-il pu se défendre ?

_____

Les branches craquaient sous les bottes des soldats, et le capitaine grommela dans sa barbe, flanquant un coup rageur à une branche qui lui bouchait le passage. Quelle idée stupide avait-il encore eu en acceptant cette mission ? Surveillance de la forêt, ouais, tu parles, comme si les rebelles avaient eu le courage de s’aventurer dans un fouillis de ronces, de broussailles et d’arbres entremêlés !

Maudissant ses supérieurs et toutes les espèces végétales existantes, l’homme s’enfonça dans la forêt, suivi de ses hommes. Ils formaient une troupe réduite d’une douzaine de soldats, fer de lance de la garnison établie à quelques dizaines de lieux de là. Leurs ordres étaient simples : surveiller la forêt. Et justement, le capitaine avait entendu de drôles de bruits, et était résolus à en avoir le cœur net. Il était bien loin de se douter qu’il allait à la rencontre de gros ennuis : les bruits, c’était Tal’ qui en était à l’origine. Et le chemin qu’il empruntait le menait droit vers une elfe pas commode et un dragonnier très énervé.

La troupe était encore trop loin pour que les oreilles les plus entraînés ne puissent capter leur avancée. Les hommes ne se masquaient pas, loin de là, et se déplaçaient à une allure réduite. N’empêche, ils étaient douze, treize avec leur capitaine. Seul un guerrier bien entraîné en viendrait à bout, et encore…
_____

Tallagh continuait de dévisager l’elfe avec haine, et la tension entre les deux jeunes gens était presque palpable. C’est le moment que Tal’ choisit pour intervenir. Ignorant les mises en garde de son dragonnier, et priant pour que sa tentative ne mette pas le feu aux poudres, il parla directement à l’elfe, sans forcer le mur dont elle avait entouré son esprit

**Qui es-tu, elfe, pour vouloir ainsi attenter à la vie de mon dragonnier ? Les anciennes coutumes honorant les porteurs de la Gedwëy Ignasia ne sont-elles donc rien pour toi ? Il ne t’a pas fait de mal, il ne t'a pas menacé. Pourrais-tu ôter sans pitié sa vie, mettant ainsi fin à la mienne ?**

Par prudence, et par dévotion envers l’honneur de Tallagh, Talenka n’avait pas transmis ses paroles à son dragonnier, réservant son discours pour la seule elfe. Mais le jeune humain avait senti quelque chose, aussi dévisagea-t-il Arya, la voix emplie de fierté.

J’ignore ce qu’il te raconte, mais sache que je ne lui ai rien demandé. Je n’ai que faire de ta pitié.

Le regard brun du dragonnier ne quittait pas l’elfe, ses yeux emplis de rage et de haine ne la lâchant pas une seconde, et Tallagh restait immobile, sans se douter un seul instant qu’une diversion avançait droit vers le lieu de son affrontement avec l’elfe. Arya et son ouïe plus développée que Tallagh seraient sûrement prévenu avant le dragonnier, et dans ce cas, quelle serait la réaction de l’elfe ? Combattrait-elle, ou tuerait-elle le dragonnier avant de prendre la fuite ?

Espérons pour Tallagh qu’elle choisira la deuxième solution…

J'ai verrouillé le sujet, dimanche il sera mis à la corbeille sauf avis contraire de votre part.

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