En quête de gloire [fini]

Le petit finit par répondre, et le dragonnier fut soulagé de constater qu’il ne sanglotait plus. Bien qu’il ait du mal à se l’avouer, Tallagh n’était pas aussi sans cœur qu’il le montrait à l’enfant, et les larmes du petit elfe lui rappelait, sans qu’il puisse en faire abstraction, les larmes de ses propres enfants. Teyn sanglotant parce qu’il avait trouvé un poulain mort-né dans la clairière, alors qu’il était tout petit. Zephril se glissant la nuit dans le lit de ses parents, son petit visage ravagé par les larmes qu’un cauchemar avait occasionné. Les enfants ne pleuraient pas souvent, mais lorsqu’ils le faisaient, c’était pour une raison valable. Et Tallagh s’en voulait d’en donner une à ce petit bonhomme. Au moins, cela lui servirait de leçon : le monde extérieur est plutôt dangereux, il allait sans doute s’en souvenir.

Aethar se défendit de lui avoir mentit, annonçant qu’il avait retrouvé son chemin, puis l’avait perdu. Tallagh eut envie de le croire : la forêt était grande, les montagnes devaient être un vrai labyrinthe pour celui qui ne les connaissait pas comme sa poche. Le petit exposa ensuite son idée, sans rien imposer, cette fois-ci. Il avait perdu cette habitude qui avait tendance à énerver le jeune Parjure, tant mieux pour lui. Mais apparemment, il n’avait pas renoncé à l’idée de monter sur le dos de Tal’, comme le constata le dragonnier. Avant de répondre à l’enfant, il demanda son avis au dragon vert qui ne perdait pas une miette de l’échange entre le jeune elfe et son compagnon humain.

**Tu en penses quoi, petit frère ?**
**Pourquoi ne pas tenter ce qu’il propose, de toute façon, nous n’avons rien à perdre **
**Et tout à gagner. C’est d’accord **

Le Parjure se tourna vers Aethar, qui fixait le dragon avec obstination. Sans doute pour ne pas croiser son regard, songea Tallagh avant d’annoncer au petit.

D’accord. Seulement, je te préviens : un mot de travers, un geste pour te faire remarquer, je te balance par-dessus le dos de Tal’. Et je pense que tu me connais assez maintenant pour savoir que je n’hésiterais pas.

Il tourna le dos à l’enfant et s’approcha de la tête de l’écailleux, posant une caresse sur le bout du museau de son ami. Puis il se saisit de la selle et la posa sur le dos de Talenka, commençant à harnacher le dragon. Pendant son repos, Tal’ préférait que le dragonnier enlève la selle, et Tallagh la remit rapidement, avec toute l’expérience de l’habitude. Vérifiant une dernière fois que les sangles étaient bien fixées, il se tourna vers l’enfant qui n’avait pas bougé et le saisit par les aisselles pour le hisser sur le dos de Talenka, qui s’était baissé pour lui permettre de faire monter Aethar. Celui-ci aurait sans doute escaladé avec bonheur le corps du dragon, mais il était blessé, et Tallagh voulait, si possible, se débarrasser de lui rapidement.

Il se hissa à la suite du gamin et demanda :

Tu es déjà monté à dos de dragon ?

Sa voix avait retrouvé son ton habituel, et il paraissait presque gentil maintenant.

Invité

Tallagh avait donc accepté, très bien comme ça Aethar pourrait monter sur le grand dragon. C'était super pour le jeune elfe. Mais est ce qu'il pourrait voler aussi longtemps qu'il en avait envie ? Là était la question, mais comme l'homme lui avait dit de ne pas parler il se tut. On ne savait jamais si le méchant dragonnier changeait d'avis et lui faisait du mal. Il se sentit soulevé du sol et posé sur une selle. Il était sur le dos du dragon, enfin, il allait décoller. Mais il avait encore mal à la cheville et le dragonnier n'avait pas voulu le soigner. Il était méchant lui, pas son dragon. Il se concentra sur ses sensations et attendit le décollage. Mais au lieu de quitter le sol, Tallagh lui posa une question.

Aethar le foudroya du regard pour lui montrer qu'il ne l'aimait pas puis se demanda s'il devait répondre la vérité ou non. Il opta pour une autre stratégie pour ne pas avoir réellement à répondre.

Vous être méchant et je suis sûr que vous avez même pas d'enfants !

Oui c'était certain, il ne devait pas avoir d'enfants sinon il serait plus gentil, il n'y avait qu'à voir, les hommes les plus gentils des Vardens étaient ceux qui avaient des enfants, sauf peut-être Crépuscule. Le nain aussi était gentil avec Aethar et le jeune elfe ne lui avait jamais vu d'enfant, donc c'est qu'il existait des exceptions. Mais pour Aethar Tallagh n'était pas une exception, il était méchant donc il n'avait pas d'enfants c'était comme cela que ça se passait. Il fixa un point loin devant lui avant de se souvenir de la promesse du dragonnier et il répondit rapidement d'une petite voix.

Je suis monté une fois sur un dragon, mais pas longtemps.

Tallagh eut envie de rire devant le regard furieux de l’enfant, mais se contint par respect pour sa bravoure. Il avait beau être énervant, il n’en restait pas moins un petit gamin qui cherchait à tout prix à préserver son honneur, à montrer à tous son courage. Et le dragonnier avait beau jouer les méchants, il lui devait au moins cela. Il esquissa seulement un sourire et, penchant la tête, vérifia que le garnement était prêt et se tenait correctement. Car, contrairement à ce qu’il avait affirmé à Aethar, il n’avait pas le cœur à tuer un enfant. On pouvait taxer Tallagh de monstre, mais tuer un gamin de sang-froid… décidément, ce n’était pas dans ses cordes. La guerre, pourquoi pas, c’était la guerre, et tuer permettait de rester en vie, de défendre ses idéaux. Mais le meurtre d’un enfant, même elfe… c’était un assassinat et, contrairement à la guerre, il n’y avait aucune gloire à en tirer. Si quelqu’un voulait s’en charger, grand bien lui fasse, mais Tallagh ne le ferait pas. Toutefois, il ne laissa pas le loisir à Aethar de devinait les pensées qui l’agitait, le gamin ne s’en serait montré que plus exécrable.

**Je crois que tu as fait le bon choix, petit**
**Vraiment ? Ca fera superbe dans les chansons, le dragonnier qui tue pour son roi, mais ne peut tuer un simple gamin…**
**L’honneur est une valeur qui se perd. Et je te le dis, je suis fier que tu en ai**
**Il n’y a rien d’honorable à ôter la vie à un ennemi désarmé, c’est ça ? Même si cet innocent d’aujourd’hui se révèle un ennemi pour demain**
**Demain est un autre jour, mon frère. Et nous le combattrons à ce moment, comme nous l’avons toujours fait**

Pensif, Tallagh regarda le gamin examiner sous toutes les coutures le dragon, semblant se concentrer pour mieux graver dans sa tête les souvenirs de ce vol un peu particulier. Aethar finit par lui répondre, pas exactement ce qu’il avait espéré, mais tant pis. Il le trouvait méchant, eh bien, il n’avait pas encore tout vu. Le dragonnier fit un geste de la main, et le petit elfe se hâta de lui répondre d’une toute petite voix. Parfait, au moins, il ne prenait pas ses menaces pour des conseils en l’air, ce qui signifiait qu’il serait à peu près tranquille durant le vol. Et de toute façon, il ne comptait pas s’éternisait en vol : plus vite il porterait des nouvelles à son roi, mieux il s’en porterait.

Le dragonnier murmura quelques mots, si doucement que même le petit n’entendit pas ce qu’il disait, mais l’oreille du dragon, infiniment plus sensible que celle même des elfes, capta le message et, tournant doucement la tête, Talenka dévisagea son compagnon humain et le petit elfe juché sur la selle. D’un clin d’œil de ses yeux ambrés, il indiqua que lui aussi était prêt et, enfonçant doucement ses griffes dans le sol, poussa un léger grondement.

Puis, sans autres avertissements, le dragon vert prit son élan et fit quelques pas avant de déployer ses ailes écailleuses, laissant le vent s’y engouffrer tandis que, d’un mouvement puissant, il battait des ailes pour s’arracher à la pesanteur. Talenka monta paresseusement, effectuant des cercles qui, à chaque tour, l’amenait plus haut que le précédent. Il avait presque atteint son altitude de vol quand Tallagh prit la parole, d’une voix assez forte pour couvrir les hurlements du vent.

Et qu’est-ce qui te dis que je n’ai pas d’enfants, petit ? Parce que je ne me conduis pas avec toi comme le font tes parents, ou parce que je ne supporte pas qu’on désobéisse à mes ordres ?

Il était sincèrement curieux de savoir par quel miracle de la pensée le petit elfe en était venu à cette conclusion. Hors de question de lui révéler l’existence des jumeaux, et d’ailleurs, sa question n’affirmait pas qu’il avait des enfants, mais il aurait bien aimé savoir.

Invité

Le dragon allait décoller. Aethar sentit un sourire naitre sur son visage extatique. Il allait voler avec un dragon, il allait être le maître du ciel. Durant un instant il oublia qu'il n'était pas le dragonnier et qu'au contraire, il était le prisonnier de ce dernier. Il se laissa porter par le vent, sentant celui-ci décoiffer ses cheveux et riant au moindre mouvement de l'animal. C'était une sensation divine et il ne voulait pas que cela cesse, pas le moins du monde. Mais un cri le fit redescendre directement. Tallagh lui répondait. Aethar avait envie de hurler qu'il n'avait pas à troubler son calme, mais il se doutait que le dragonnier n'apprécierait pas cette réponse. Il lui fallait maintenant retrouver ses esprits.

Le jeune elfe ferma les yeux en entendant la question. Ses parents, ceux qui avaient été tués ! Il ne voulait pas en parler. Il ne pouvait pas le faire, et pourtant s'il répondait mal l'homme risquait de lui faire encore du mal. Il devait donc répondre et répondre correctement à la question. Il inspira profondément sentant ses yeux s'humidifier et répondit d'une voix blanche.

Mes parents sont morts, tués par les soldats du roi ! Je n'ai rien de plus à dire sur eux. Mais les autres ils sont gentils avec les enfants, ils ne les blessent pas ! Ils ne les forcent pas à leur révéler leurs secrets. Il n'y à qu'un homme sans coeur qui pourrait faire ça. Et un homme sans coeur ça n'a pas d'enfants !

Il se rendit compte trop tard qu'il avait haussé le ton et qu'il s'était emporté. Il se raidit attendant la sentance, il allait mourir en étant jeté par dessus le dos du dragon. Et il ne voulait pas mourir, il voulait revoir ses amis. Il voulait être en vie. Il se tourna vers le dragonnier, son jeune visage ravagé par les larmes.

Non, je ne voulais pas. Excusez moi, je suis désolé, ne me tuez pas. S'il vous plait, je vous en supplie. Je veux revoir mes amis, je veux revoir les miens, s'il vous plait.

Il pleurait à chaudes larmes et sentait le souffle froid du vent mordre sa blessure à la cheville, mais la douleur n'était rien en comparaison de la peur qu'il ressentait à cet instant. Il ne voulait pas mourir, il voulait que le dragonnier l'épargne et pour cela il lui fallait plaider pour sa vie. Mais il ne savait pas quoi dire, tout ce qui lui venait était tout ce qu'il n'allait pas pouvoir faire. Il ne pourrait pas aller au rendez-vous qu'il avait avec les autres. Il devait leur demander pardon. Alors il le fit d'une voix brisée par le chagrin.

Pardon à vous, je ne serais pas là pour jouer. Je suis désolé, Avril, Malkiel, Teyn et Zephryl, je voulais tant jouer avec vous tous.

Il ne vit même pas les points de repère pour rentrer chez lui. Il allait mourir et il se coucha sur le dos du dragon pour ne pas voir le visage furieux de Tallagh.

Tallagh était curieux d’entendre la réponse de l’enfant, mais n’en restait pas moins attentif au vol du dragon et, plus encore, à l’attitude de son petit prisonnier. Talenka n’avait jamais volé avec plusieurs personnes sur son dos et, même si la seconde personne était un elfe qui devait peser dans les 40 kilos tout mouillé, il n’en restait pas moins que le dragonnier se tenait prêt à réagir à la moindre anomalie. Mais le dragon vert, si la chose ne lui était pas habituelle, ne montrait aucun signe de fatigue. Sous les rires de l’enfant, il continua à faire jouer ses muscles pour s’élever plus haut encore, virant et tournant pour contenter son jeune admirateur. Le Parjure s’autorisa un sourire : Tal’ adorait les enfants, il le savait. Parfois, le dragon passait des heures auprès de Zephril et Teyn, contemplant leurs jeux, participant à leurs fou-rires, se mettant en quatre pour leur faire plaisir. Et qu’Aethar soit un ennemi, il n’en restait pas moins un enfant.

Tallagh ne le voyait que de dos, il ne pouvait donc pas voir les larmes lui mouiller les yeux, cependant, la voix blanche de l’enfant lui fit comprendre qu’il avait touché un point sensible, fait obscur qui s’éclaira quand le gamin lui avoua que ses parents étaient morts, tué par les gens de Galbatorix. Le petit semblait s’échauffer, et Tallagh comprit les cheminements de sa pensée.

Somme toute, c’était assez logique. Un méchant ne pouvait pas aimer, et s’il n’aimait pas, comment avoir des enfants ? Tallagh aurait pu expliquer à ce petit bout d’homme que le bien et le mal étaient des valeurs beaucoup trop floues pour qu’on puissent les faire siennes [Elle est très philosophique ma phrase je trouve Xd], et qu’il n’était pas un homme sans cœur. Justement, il servait son Roi, si ce n’est pas amour, avec dévotion et loyauté. Cela faisait-il de lui un méchant ? Ou tout simplement un homme d’honneur, un patriote, si tant est que ce mot ait une signification dans ces temps désolés.

Oui, Tallagh aurait pu lui expliquer tout cela, mais il ne le fit pas. Qui était il pour expliquer ça à un si jeune enfant ? Autant le laisser croire que le monde est blanc et noir, il découvrirait bien assez tôt que tout n’est que nuance, et que blanc ne signifiait pas forcément gentil. La perte de ses illusions, c’était toujours un moment douloureux, et Tallagh n’avait aucune envie de s’arroger le droit de le faire découvrir à cet enfant. Il ne l’avait même pas dit aux siens, pour l’instant…

Mais tout à ses pensées, son visage devait avoir pris un air sévère, car à ce moment, l’enfant se retourna et, cette fois-ci, le dragonnier le vit pleurer à chaudes larmes. Un peu interloqué, il le dévisagea et finis par déchiffrer, entre les hoquets de terreur d’Aethar, qu’il n’avait pas envie de mourir, qu’il voulait revoir les siens. Tallagh allait lui répondre quand il continua en demandant pardon à ses amis… et cette révélation fit au jeune dragonnier l’effet d’un coup de poignard. Les amis de ce petit elfe… il les connaissait, pour être le père de deux d’entre eux, et côtoyer fréquemment un troisième de ces enfants. Teyn, Zephril, Malkiel… des noms qui lui étaient plus que familier.

Aethar pleurait à chaudes larmes, le visage baissé contre les écailles du dragon. Heureusement pour Tallagh, qui inspira profondément une grande goulée d’air frais et s’efforça de rester impassible. Comment le pouvait-il, alors qu’il tenait entre ses mains l’un des copains de deux des êtres qu’il aimait le plus au monde.

**Tal’, monte un peu. J’aimerais éviter d’être vu**
**Tu crois que Louve et les enfants…**
**Ils sont à la maison, du moins, j’espère**
**Que vas-tu faire de ce petit bout d’elfe**
**J’en sais fichtre rien. En même temps, il a l’air tellement effrayé que je n’aurais qu’à lui faire promettre de ne rien dire. Et si les enfants l’apprennent, hé bien…**
**Tôt ou tard, ils finiront par l’apprendre**
**J’aurais préféré le plus tard possible. Dommage que je ne puisse pas choisir. **

En attendant, il fallait calmer Aethar, et ce fut le dragon vert qui s’en chargea. De sa voix de basse, il s’adressa directement au petit elfe.

**Ne crains rien, mon dragonnier ne te fera aucun mal si tu continues à suivre ses ordres. Tu m’as l’air friand d’histoires, tu sais que les dragons ne peuvent mentir, et je te fais la promesse qu’il ne te tuera pas si tu te montres sage. Montre nous le chemin, et tu pourras retourner auprès de tes amis. **

D’un léger coup d’aile, le dragon monta encore un peu plus haut. Le vent tourbillonnait autour des deux dragonniers, l’un Parjure et l’autre prisonnier. Tallagh regarda le petit et, maudissant mille fois son stupide sens de l’honneur, inculqué par un père qui ne lui avait jamais rien appris d’autre, ôta sa cape pour la lui passer autour des épaules. Elle entourait entièrement, ou presque, le petit elfe, et lui tiendrait un peu plus chaud durant le vol que les habits elfiques qu’il portait.

Peu lui importait que le gamin révise son opinion sur lui, il ne voulait pas le laisser mourir de froid. Il surprit néanmoins le sourire approbateur du dragon dans son esprit, et grommela à voix basse.

Si jamais tu ne t’avises ne serait ce que de prononcer un mot, je te fais empailler.

Invité

Aethar ne pouvait pas cesser de pleurer, il ne voyait pas le bout de ce calvaire, et pourtant quand il entendit la voix du dragon, il tenta de se calmer. Il resta allongé sur le dos de l'animal, se demandant comment il allait s'en sortir. Il sentit ensuite une cape se déposer sur lui. Le dragonnier ne voulait pas qu'il meure avant d'avoir accompli sa mission et trahi les siens. Le jeune elfe ne savait plus ce qu'il devait penser. Il ne devait pas trahir les siens et il s'était résigné à mourir, mais il lui vint une idée. Certainement pas la meilleure qui soit, mais une idée quand même. Il se redressa lentement pour garder la chaleur de la cape sur ses épaules. Puis il observa le paysage. Il voyait le chemin, il savait où aller. Il regarda bien le trajet et repéra la montagne qui lui servait de point de repère. Il sécha ses larmes d'un geste rageur et commença à parler.

Le chemin est là-bas. Sur la droite. La montagne la plus haute montre le trajet. Le repère des Vardens est au pied de cette montagne. Il faut être Varden pour pouvoir y entrer sinon les portes restent closes et ont l'apparence de rochers immobiles.

Il avait indiqué le repère, il était maintenant libre, il allait pouvoir retrouver les siens. Il se concentra pour se persuader que le repère était encore en activité et que les siens n'avaient pas changé d'endroit. Il ferma les yeux et ne pensa qu'à sa cheville qui le lançait. Il ne devait pas penser au nouveau lieu, surtout pas. Tallagh ne pouvait pas savoir que les siens avaient déménagés à la fin de la guerre. C'était impossible. Et là il montrait effectivement le repère des Vardens, mais pas le plus récent, après tout il n'avait pas promis de montrer le lieu où il habitait actuellement, simplement là où vivaient les siens, sans préciser à quelle époque...

[HRP, désolé Tallagh, mais c'est encore loupé xD]

Tallagh avait détourné son attention de l’enfant, et observait gravement le paysage. Plus le temps passait, plus il se disait que quelque chose clochait, mais quoi ? Il n’arrivait pas à mettre le doigt dessus, même s’il sentait confusément que quelque chose manquait. C’était ça qu’il cherchait, il y aurait du y avoir quelque chose, mais quand à savoir quoi ? Comme toujours, Tal’ vint à la rescousse de son dragonnier perplexe.

**Des gardes. Il devrait y avoir des gardes, et il n’y en a pas un seul**
**Peut-être qu’ils sont cachés**
**Tu n’y crois pas toi-même**

Tallagh se frotta le front, perdu dans ses pensées. Talenka avait raison, il y aurait du y avoir des gardes, des gens, des traces, mais rien, rien du tout. Même une cité cachée ne pouvait l’être à ce point, il y avait forcément des guetteurs, et là, tout semblait comme mort. Ce fut le moment que choisit Aethar pour se redresser et prendre la parole, tandis que le dragonnier suivait des yeux les endroits qu’il indiquait. Cela semblait juste, pourtant, Tallagh ne parvenait pas à faire confiance à ce petit bout d’elfe juché devant lui.

Au pied de la montagne…

Murmura-t-il tout bas, avant de fermer les yeux, concentrant sa magie pour pénétrer l’esprit du jeune elfe. Mais celui-ci devait s’y attendre, car le dragonnier ne distingua que les brumes sombres de la douleur, et pas moyen de forcer plus l’enfant pour déterminer s’il disait la vérité. Rouvrant les yeux, Tallagh regarda pensivement la forêt défiler sous le ventre du dragon et, ôtant sa mitaine, posa sa main bien à plat sur les écailles couleur de jade, tout en prononçant une formule d’ancien langage.

Skulblaka sven !
++Regard du dragon++

Les prunelles du dragonnier luisaient de la même couleur ambrée que celle de son dragon, et Tallagh promena son regard sur les alentours. Ainsi qu’il l’avait pressenti, il n’y avait personne, rien, tout semblait mort. Bon sang, ce sale gamin devait pourtant bien provenir de quelque part, non ? S’étant assuré qu’il n’y avait, malgré les allégations du jeune elfe, pas un seul Varden à moins de 10 minutes de lui, le dragonnier dissipa le sort et annonça au dragon.

**Descends. L’envie me démange d’aller visiter, et je prends le petit avec moi**
**Et si tu t’es trompé, si les Vardens sont dissimulés quelque part ?**
**Ils ne sont pas là, Tal’. Tu le sais, je le sais, et il le sait aussi. Pose toi sur cette butte, là-haut**

Le dragon vira sur l’aile et commença lentement à descendre, tandis que son dragonnier annonça au garçon.

La promenade est finie, petit.

Il ne lui laissa pas voir qu’il s’avait que rien, ni personne, ne se trouvait ici. Aethar avait voulu l’abuser, très bien, il s’en mordrait les doigts. Mais force était de constater qu’il était intelligent, ce petit elfe, pour avoir essayé de lui mentir ainsi, tout terrifié qu’il était. Une fois à terre, l’idée du dragonnier était simple : accompagné de son petit guide, il irait, tout sourire, frapper à la porte des Vardens. Et si, comme il le supposait, il n’était pas là, il n’aurait plus qu’à attendre qu’ils se montrent. Ce satané gamin devait appartenir à leur groupe et, tôt ou tard, ils enverraient quelqu’un à sa recherche. Et là… Tallagh improviserait. [Improviser : ce qu’écrit le narrateur parce qu’il n’a aucun plan Xd]

Invité

Aethar sentit le dragon descendre, il allait maintenant être libre. Il n'aurait plus qu'à utiliser l'ancien cristal pour prévenir les siens de venir le chercher. Pour cela il lui suffisait d'entrer dans l'ancien repère et de toucher la bonne pierre tout en murmurant la bonne formule et là on viendrait à son secours. Il attendit avec impatience que le dragon se pose, puis une fois ceci fait il descendit rapidement.

En tombant sur le sol, il poussa un petit cri de douleur, mais il n'allait pas se laisser abattre pour si peu. Il devait attendre que le dragonnier s'en aille pour pouvoir contacter les siens. Mais pourquoi avait-il dans l'idée que Tallagh n'allait pas partir tout de suite. Pourquoi ? Non, il ne pouvait pas savoir qu'il n'y avait plus personne ! C'était impossible, il n'avait pas senti d'incursion profonde dans son esprit ! Alors il se concentra de toute ses forces sur son but et regarda Tallagh.

Je vous ai conduit aux miens cela vous convient ? Vous pouvez aller prévenir votre roi maintenant !

Il devait s'en aller, ou alors Aethar devrait prononcer une autre formule pour appeler les Vardens, la formule de l'attaque et dans ce cas, Tallagh n'aurait plus qu'à partir ou être fait prisonnier, même avec son dragon, il n'avait aucune chance de vaincre les dragonniers Vardens !

[HRP, un poil court désolé]

Talenka se posa à l’endroit indiqué, et le petit Varden descendit rapidement, quitte à se blesser encore plus qu’il ne l’était déjà. Le dragonnier le suivit posément, glissant à terre avec une aisance qui trahissait la force de l’habitude, et observa l’entrée du repaire Vardens, visible de là où Tal’ s’était posé. Normalement, il aurait du se passer quelque chose, les rebelles n’étaient pas assez stupides pour laisser un dragonnier ennemi s’approcher aussi près de leur cachette !

**Soit ils sont stupides, soit ils préparent quelque chose**
**Soit ils ne sont pas là. Tal’, inutile d’essayer, tu ne me feras pas changer d’avis. J’accompagne ce petit morveux, un point c’est tout**
**Tu ne veux pas te montrer raisonnable, pour une fois ? Le petit n’est pas stupide, il doit avoir un plan**
**Je ne vais pas me laisser berner par un gamin de 8 ans. Et s’il appelle du renfort, et bien, je me débrouillerais. C’est ce qu’on fait toujours, et jusque là, ça ne nous a pas trop mal réussi**
**Tu attends une réponse, ou non ? Parce que dans ce cas, je peux te dire…**
**Je n’attendais pas de réponses**

Le coupa Tallagh avec un sourire. Jetant un dernier coup d’œil sur Aethar, qui l’enjoignait d’aller maintenant prévenir le Roi, le dragonnier fit mine de l’ignorer et donna ses dernières recommandations au dragon, qui resterait dehors à faire le guet.

**Le guet… si tant est que le danger ne se trouve pas à l’intérieur !**
**Arrêtes, tu sais bien que non. Tu as compris alors, en cas de problème, tu ne joues pas les héros et tu files !**
**En clair, je n’agis pas comme toi tu le ferais, c’est ça ?**
**Tout de suite… comme si j’étais du genre à prendre des risques ! Moi !**
**C’est encore une question rhétorique, ou non ?**
[Ndn : question rhétorique -> question qui n’exige pas de réponse
Ndn -> Note du Narrateur]

Tallagh ne s’abaissa pas à répondre, et se tourna vers Aethar, qui semblait l’observer en priant pour qu’il parte. En priant… le jeune homme se demanda d’ailleurs si les elfes priaient. Tiens, une question qu’il devrait se rappeler de poser à Louve, la prochaine fois qu’il la verrait.

Tu vois, que ce n’était la peine de rechigner. Seulement, moi aussi, j’ai changé d’avis. J’ai toujours rêvé de visiter un repaire ennemi, et je pense que c’est l’occasion idéale !

Posant sa main sur l’épaule du jeune elfe, de sorte de ne lui offrir aucune échappatoire, hormis celle de le suivre, Tallagh se dirigea vers l’entrée qu’avait indiquée Aethar. Le chemin semblait y conduire tout droit et, malgré ses fanfaronnades, le parjure redoutait un piège. Sortant lentement Waer’honglath de son fourreau, il fit jouer la lame dans la lumière, admirant l’éclat de l’argent qui reflétait les rayons du soleil. Ainsi armé, il fit signe à Aethar d’avancer, lui faisant implicitement comprendre qu’il n’avait plus la moindre envie de s’en aller. Quand à sa promesse… Bah, il s’assurait simplment que le jeune garçon rentrait sain et sauf chez lui ! Xd

Invité

Mais il était collant ce dragonnier ! Il ne pouvait pas le laisser tranquille un peu ? Sans compter qu'il ne lui avait même pas soigné la cheville et que ça lui faisait maintenant très mal. Il lui jeta un regard noir avant de déclarer.

Vous pourriez au moins me soigner pour que je puisse marcher sans avoir mal. Et pour entrer, seuls les Vardens le peuvent, donc je vais devoir vous ouvrir le passage !

Quelle barbe d'être coincé par un homme pareil. Il ne se promènerait plus sans regarder où aller. La prochaine fois qu'il rencontrerait le dragonnier il n'aurait pas mal à la cheville et il pourrait le fuir sans difficulté. A moins qu'il ne soit lui aussi devenu un dragonnier et dans ce cas il serait tranquille et pourrait tuer cet homme mauvais.

Un sifflement se fit entendre et Aethar sourit. Ainsi Kira était de retour, son harfang lui avait manqué, mais pourquoi revenait-il maintenant ? Qu'avait-il fait durant tout ce temps ? Aethar plissa les yeux pour voir l'oiseau arriver et crut distinguer des formes au loin. L'une d'entre elles était blanche et piqua droit sur l'épaule de l'elfe qui rit aux éclat quand l'animal se posa sur son épaule et le regarda comme s'il était devenu fou. L'oiseau pouvait faire passer tellement de choses dans son regard et actuellement il était furieux que Aethar soit encore avec Tallagh et il le faisait savoir en sifflant bruyamment. Aethar regarda encore les formes au loin et sourit quand il vit ce qui arrivait.

Je crains messire Tallagh que vous ne deviez renoncer à votre idée de me suivre chez les miens. Ils ne semblent pas décidés à vous laisser entrer. Et je ne saurais que trop vous conseiller de partir d'ici si vous ne voulez pas vous faire tuer. Dans l'éventualité où vous songeriez à me garder comme otage, je crois que je préférerais mourir que de remonter sur votre dragon.

Il tendit le doigt vers le ciel où se distinguaient clairement une demi-douzaine de dragons qui arrivaient vers le jeune elfe.

Crépuscule avait vu revenir un oiseau blanc, totalement seul. L'animal s'était perché au dessus de l'arbre faisant face à sa maison. Aethar ! Le nain soupira et alla vérifier dans ses papiers, comme il le craignait il manquait une carte. Le jeune elfe avait encore emprunté un papier pour ensuite partir à l'aventure. Mais que son oiseau revienne sans lui était plus préoccupant.

Le nain émit quelques sifflements habiles et attendit la réaction de l'oiseau. Celui-ci s'envola en direction des montagnes et tourna plusieurs fois sur lui-même, signe qu'un danger menaçait son maitre. Crépuscule sortit en bougonnant et se dirigea vers le terrain des dragonniers. Il ne prit même pas la peine de s'excuser et ordonna d'une voix grave.

Je veux six dragons avec moi, nous allons vérifier quelque chose près de l'ancien refuge.

C'est ainsi qu'une petite armée se dirigea à la suite d'un harfang des neiges et arriva auprès de l'ancien refuge des Vardens. Crépuscule détailla le dragon qui se tenait là-bas, un dragon étranger certainement un serviteur du roi. Il n'allait pas rester longtemps ici, dans ces lieux où ils n'étaient pas les bienvenus. Il fit signe au dragonnier menant l'animal sur lequel il était assis de se poser à terre. Il descendit ensuite de sa monture et parla d'une voix forte.

Qui que tu sois, repart d'où tu viens, ou bien tu devras m'affronter.

Le nain vit le jeune elfe sourire en le voyant, mais il lui montra clairement qu'il n'appréciait pas cette escapade et qu'il serait puni de son acte. Il ne fallait pas le laisser croire que sa vie ne comportait aucune obligation. Puis il porta sa main à sa ceinture où une hache de belle taille tronait. Si le dragonnier voulait se battre, il trouverait à qui parler. Sans compter les six dragonniers qui veillaient sur eux. Crépuscule leur fit un signe signifiant de ne pas empêcher l'ennemi de partir, une nouvelle guerre n'apporterait rien de bon.

Tallagh se contenta de sourire en réponse au regard noir que lui jetait le jeune elfe, et lui fit signe de continuer à marcher, tandis qu’il explorait les alentours du regard. Nul bruit, nul mouvement ne laissait présager qu’il y eut quelqu’un chargé de surveiller le site, et cela confortait Tallagh dans l’hypothèse qu’il n’y avait personne. Un sifflement lui fit dresser l’oreille, et un harfang couleur de neige se précipita vers eux. Ce fut seulement quand il se posa sur l’épaule du garçon que Tallagh s’en souvint : il l’avait vu dans la forêt, un peu plus tôt dans la matinée. Que faisait-il là ? Coïncidence…ou autre chose ?

Le dragonnier ne croyait pas au hasard, et instinctivement, resserra sa prise sur la garde de l’épée. Plissant les yeux pour les protéger du soleil, il observa le ciel, et plus particulièrement l’endroit d’où venait l’oiseau, et ses craintes se confirmèrent. Talenka les avaient aperçus avant son dragonnier, et se leva en grondant. Tallagh et Aethar étaient trop loin sur le chemin pour qu’il puisse les rejoindre, étant donné que la route conduisant au repaire Varden était conçue pour les humains, et non les dragons. Mais, m^me loin de son dragonnier, Tal’ se préparait à le défendre, et ce ne fut que lorsque Tallagh lui ordonna d’attendre qu’il se résolut à rester au sol. C’était plutôt rare que son compagnon humain lui donne des ordres, et cela montrait clairement l’urgence de la situation.

Le jeune parjure se tourna vers Aethar, qui resplendissait de joie à l’idée d’être enfin sauvé par les siens. Mais Tallagh ne put s’empêcher de penser qu’ils arrivaient par l’Est, et non de la montagne, ce qui confirmait l’idée que les Vardens avaient abandonné ce refuge. Un coup pour rien, enfin, au moins, il avait appris que les rebelles avaient changé de cachette, et n’avait nul doute sur leur planque actuelle : Ellésméra. Cela semblait assez logique, étant donné que cet endroit, bien caché au milieu du Du Wervalden, demeurait introuvable pour les dragonniers du Roi.

Mais Tallagh n’eut pas le temps de répondre à l’enfant que les six dragons s’approchaient déjà, et que l’un d’eux se détacha du groupe pour se poser à terre. Talenka l’accueillit avec un grognement menaçant, mais il avait promis à son compagnon de ne pas attaquer, et s’abstint donc de bouger, ses prunelles ambrés brillantes d’un feu rageur. A la surprise du Parjure, ce ne fut pas le dragonnier qui descendit, mais un nain trapu et barbu.

Le dragonnier l’observa avec curiosité : en effet, il était raconté dans les légendes que les dragons n’aimaient pas ces petits êtres humanoïdes, et que peu d’entre eux acceptaient de chevaucher un écailleux. En même temps, se souvint Tallagh, on disait aussi qu’ils étaient affreux et difformes, qu’ils mangeait de la chair humaine et étaient vêtus de peaux de bêtes. Les légendes n’étaient pas forcément emplies de vérités, mais tout de même, cela lui semblait étrange de rencontrer ce petit homme dans de telles conditions. Qui était-il, pour commander ainsi aux dragonniers ? Il ne l’avait jamais vu, mais des rumeurs racontaient pourtant son existence. Au moins, l’une d’elle avait une part de vérité.

Mais le silence ne resta pas longtemps maître des lieux car le nain, après avoir contemplé Aethar avec une mine que Tallagh jugea désapprobatrice, lui enjoignit de partir ou de combattre. Mais bien sûr, à 7 contre un, si on excluait bien entendu les dragons. Tallagh avait beau être téméraire et irréfléchi, il n’était pas encore, heureusement pour Talenka, suicidaire. Evidemment, il pourrait toujours se servir de l’enfant comme otage, mais à quoi cela aurait-il servi ? A pas grand-chose, il fallait le reconnaître.

Contemplant un instant la prodigieuse hache de guerre du Maître Nain, Tallagh se fendit d’une petite courbette avant de répondre d’une voix ironique.

Je crains que le combat ne soit pas vraiment équitable, et c’est pourquoi je vais suivre votre sage conseil, Maître Nain.

Le jeune homme ne rengaina pas pour autant son épée, on ne savait jamais, les rebelles n’étaient pas les personnes les plus dignes de confiance qu’il connaisse. Ils auraient très bien pu décider que, à la réflexion, le laisser partir n’était pas une si bonne idée que ça. Sans se départir de son sourire, il posa la main sur l’épaule d’Aethar, plus par provocation que pour se servir de lui.

Je voudrais seulement avoir votre parole que je peux partir sans avoir à combattre vos petits copains. Une sorte de garantie, si ce n’est pas trop vous demander.

Ses yeux brillants de défi, Tallagh dévisagea calmement son adversaire. Il avait appris à ne pas sous-estimer son ennemi et, d’autant qu’il puisse en juger, cet être humain miniature avait l’air d’un sacré combattant.

Un sourire apparut sur le visage de Crépuscule, il détestait se battre et aurait tout fait pour l'éviter, mais la vie d'Aethar étant en jeu il n'avait pas eu le choix. Alors que le parjure accepte de partir était une bonne chose. Mais lorsqu'il mit sa main sur l'épaule d'Aethar, Crépuscule s'avança en levant sa hache. Ainsi il voulait des garanties, le nain allait sans aucune difficulté lui en donner.

Tu n'as rien à craindre dragonnier, les miens ne t'attaqueront pas. Nous te laisserons partir si tu es seul sur ton dragon.

Il avait montré que du moment qu'Aethar était libre, le parjure serait libre de quitter l'endroit. Le fait qu'il sache qu'ils avaient changé de refuge était dérangeant, mais au moins il n'avait aucun moyen de trouver le nouvel endroit. Aethar semblait désolé de la situation et il s'était tendu sous la poigne du parjure, mais il ne bronchait pas. Il devait préparer ses excuses pour s'être autant éloigné de leur nouveau refuge et surtout pour avoir emprunté la carte.

Crépuscule espérait que le parjure n'avait eu aucun soupçon sur cette dernière sinon une des anciennes caches d'armes serait découverte. Ce ne serait pas une grande catastrophe, mais tout de même, il n'aurait pas aimé que ces armes tombent entre les mains d'un ennemi. Enfin, il verrait bien ce que le jeune homme décidait.

Un fin sourire était apparu sur le visage buriné du nain, et Tallagh s’autorisa à penser que pas plus que lui, cet étrange personnage ne voulait risquer un combat. Pour protéger l’enfant, ou éviter d’attiser le feu qui n’avait jamais été réellement éteint depuis la « Fin du Monde » ? Il aurait été bien en peine de répondre à cette question, aussi s’abstint-il de la poser : en cas de combat, de toute manière, il avait bien plus à perdre que les Vardens…

Mais croire que Tallagh partirait ainsi, sans fanfaronner et montrer qu’il agissait de son propre chef, et non sous la menace, était bien mal connaître le jeune dragonnier. Il n’abandonnerait pas le terrain si facilement et même si, contraint et forcé, il était bien obligé de fuir, du moins ne le ferait-il pas comme un chien chassé de la table de son maître. Orgueil, fierté, bravoure… sans doute le mélange de ce qu’il l’empêchait de s’éclipser sans rien dire.

En tout cas, il voulait des garantis, il les avait eus. N’empêche, et le parjure n’était pas dupe, s’il s’avisait de prendre Aethar avec lui, la promesse de ce petit bout d’homme ne tiendrait plus. En même temps, il n’avait jamais été dans les intentions de Tallagh de fuir en compagnie de ce petit elfe, malgré ses allégations précédentes. Rien qu’à imaginer la tête de Louve quand elle apprendrait qu’il avait été jusqu’à menacer un gamin… disons qu’il n’irait pas jusqu’à faire emprisonner un petit elfe qui, il s’en doutait, n’avait pas grand-chose d’autre à lui apprendre. Il en avait déjà appris beaucoup, et c’était déjà pas mal. Néanmoins, en voyant la main du nain se crisper sur la hache de guerre, Tallagh eut un sourire. Il avait dit à Aethar, un peu plus tôt, que jouer avec le feu pouvait s’avérer dangereux… et il faisait exactement ça, pourtant.

Jetant un coup d’œil au petit elfe qu’il maintenait sous sa poigne, Tallagh reprit la parole avec une pointe d’ironie, mais non dénuée de politesse.

Ainsi donc, cette rencontre s’achève déjà. Transmettez mes salutations à votre Dame, et oh, un conseil… ne laissez pas traîner vos enfants dans la forêt. Certains des hommes du Roi pourraient s’avérer bien plus méchant que moi.

Tallagh détourna alors ses yeux et, pliant le genoux, se tourna pour faire face à Aethar. Regardant le petit elfe, il lui enjoignit doucement.

Dorénavant, essaye de rester à ta place : les tiens ne viendront pas toujours à la rescousse pour te sauver. Et bonne chance pour la suite, ce nain n’a pas l’air commode.

Ajouta-t-il avec un demi-sourire, se relevant pour dévisager le Varden qui lui faisait face. D’une révérence ironique, il prit congé de ses adversaires et, glissant Waer’honglath dans son fourreau, se dirigea d’un pas assuré vers le dragon qui l’attendait à quelques mètres. Grimpant avec adresse sur la selle du dragon de jade, il se retourna une dernière fois vers Aethar et le maître nain, esquissa un salut militaire et, le sourire aux lèvres, adjoignit au dragon de décoller. Lequel s’exécuta sans mot dire, ne se privant pas de bien montrer à son dragonnier qu’il désapprouvait totalement son numéro de, comment aurait dit Elyon ? Sale petit noble gâté pourri, ou quelque chose de ce genre, sans doute.

Cépuscule reserra sa prise sur sa hache. Cet homme l'énervait au plus haut point. Ainsi il se moquait ouvertement de lui et des autres dragons. Cette attitude puérile faillit lui couter la vie car le nain avait toutes les peines du monde à s'empêcher de lui bondir dessus. Mais il se retint. Il allait pouvoir se défouler sur Aethar qui n'avait pas volé la punition que le nain allait lui donner. Quelle idée de partir seul à l'aventure ! Il n'allait pas s'en tirer comme ça !

Quand le dragonnier fut partit, les dragons des Vardens se posèrent en cercle autour de Crépuscule et Aethar. Le conseiller d'Arya fronça les sourcils et avança vers le jeune elfe qui semblait apeuré. Il regarda sa cheville blessée et fit signe à un homme de s'approcher. Aussitôt le dragonnier prononça une formule en ancien langage et la cheville fut soignée. Crépuscule fixa Aethar sans ciller et prononça sa sentence.

Aethar, je suis déçu de ton comportement. Je voulais te donner ta chance d'approcher un oeuf de dragon, mais tu viens de la gâcher stupidement. Redonne moi la carte que tu m'a prise et ensuite suit le dragonnier qui t'a soigné. Tu vas avoir le droit de monter son dragon pour notre retour. Mais ensuite interdiction d'approcher les dragons et tu devras nettoyer les boxes des chevaux pendant 1 mois. Je suis vraiment déçu.

Sans même dire un mot supplémentaire, le nain repartit vers le dragon qui l'avait déposé et monta dessus avec l'aisance de l'habitude. Il fit signe à tous de décoller.

Invité

L'ennemi partait enfin en lui souhaitant bonne chance. Aethar se dit qu'effectivement il aurait besoin de chance pour lutter contre Crépuscule. Le nain semblait furieux et Aethar se tendit quand il le vit arriver. Il accueilli avec soulagement les soins sur sa cheville blessée mais aussitôt après il sentit son monde s'effondrer.

Un oeuf, Crépuscule voulait le faire approcher d'un oeuf de dragon. Et lui, comme un idiot il avait tout gâché. Il tomba à genoux et sentit ses larmes se mettre à couler. Non il ne devait pas, il n'avait pas le droit, il devait le laisser approcher les oeufs, il pourrait devenir un grand dragonnier.

Le sermon du nain continua et le ton déçu et désolé qu'il avait fit plus de mal à Aethar que sa récente blessure à la cheville. Il n'était pas digne des Vardens, il devait suivre les ordres comme tous les soldats. Mais non, il n'en avait fait qu'à sa tête. Il tendit la carte au nain et le regarda repartir sans même un regard. Il suivit machinalement le dragonnier pour rentrer chez lui. Il sentait sa tête tourner, il ne voulait pas être puni, mais il savait qu'il pouvait pleurer et gémir sans faire changer d'avis le nain. Il eut envie de lui hurler qu'il le détestait qu'il voulait sa mort, mais non, rien ne vint. Il sentait que sa punition était méritée, mais aurait aimé ne pas l'avoir. Il n'était plus du tout brave, ce n'était qu'un enfant perdu et malheureux.

[HRP : TOPIC TERMINE]

» Un chat contemplant le lac