En quête de gloire [fini]

Invité

Aethar avait quitté la ville le matin même n'emportant qu'un parchemin et quelques morceaux de viande séchée. Il marchait dans les montagnes, ne craignant pas le froid mordant ou les rencontres déplaisantes. Après tout, il avait des vêtements chauds et son couteau pour se défendre cela allait suffire pour se défendre contre tout imprévu. Enfin c'était ce que pensait le jeune elfe pendant qu'il marchait dans la montagne. Le parchemin qu'il avait à la main était recouvert d'une carte et de symboles divers. Aethar était certain que cette carte, qu'il avait emprunté au conseiller d'Arya, était magique et montrait l'emplacement d'un trésor d'une grande valeur. Bon, le terme emprunté n'était peut-être pas le plus approprié puisque le jeune elfe n'avait pas dit au nain qu'il prenait le parchemin, mais l'autre ne s'en apercevrait certainement pas. Et si il s'en rendait compte, Aethar n'aurait qu'un pauvre sourire d'excuse à faire pour être pardonné, comme d'habitude.

Il marchait depuis un moment déjà quand il reconnut un point de la carte. Une montagne en forme d'aiguille au loin. D'après la carte, il fallait tourner vers la droite après le prochain croisement. Et ensuite il devrait compter ses pas. Se retournant pour apercevoir le harfang qui le suivait toujours, il se dit qu'il aurait peut-être dû placer des repères sur le trajet pour retrouver la ville des Vardens, mais après tout, il n'avait pas marché si longtemps et reconnaîtrait bien un endroit à un moment où à un autre, non ? Il continua sa route, mimant un combat imaginaire.

Tiens Urgal, prend ça, tu vas mourir sous ma lame.

Il prit alors son couteau et l'agita comme une épée, il faisait des mouvements de combat, tournant et virevoltant sur lui-même, agile comme tous les siens. Il ne remarqua pas qu'il s'éloignait du chemin et qu'il s'enfonçait dans un bois assez sombre. Il continuait à jouer au combattant.

Vient à moi mon dragon !

Il se voyait maintenant, volant à dos de dragon, usant de magie sur ses ennemis et tuant les hordes d'Urgal et de Ra'zac. Il ferma les yeux pour voir son combat dans sa tête. Et c'est comme cela qu'il trébucha sur une racine et s'étala de tout son long sur le sol boueux.

*Ils vont encore me dire que je me suis sali, mais quand j'aurais retrouvé le trésor, ils seront obligé de me donner un dragon*

En se relevant il poussa un petit cri de douleur, là par contre c'était moins drôle. Il sentait que sa cheville avait souffert de la chute et qu'il allait boiter. Il concentra son esprit comme on lui avait appris et il focalisa sa conscience sur la douleur. Il s'assit sur le sol et posa une main sur sa cheville blessée. Fermant les yeux il la manipula doucement pour évaluer l'étendue des dégâts. Ce n'était pas cassé, tout juste foulé d'après son estimation. Et il s'en remettrait rapidement. Mais la douleur était bien présente et en plus le chemin n'était plus visible. Plusieurs choix s'offraient à lui et il prit une décision. Il ne pouvait pas affronter le gardien du trésor dans son état, aussi il devait retourner à la ville puis repartir en exploration plus tard.

Il se releva en prenant appui sur une branche basse puis il pris un bâton pour s'appuyer. Il commença à marcher en boitant dans la direction qu'il pensait arriver au chemin. Mais plusieurs minutes plus tard, il dut se rendre à l'évidence, il était perdu. Prenant une grande inspiration il s'appuya contre un arbre et chercha Kira des yeux. Son harfang était perché sur une branche proche et le fixait de ses yeux dorés. Aethar le siffla pour lui faire comprendre qu'il était perdu, mais l'oiseau ne bougea pas. Le jeune elfe regretta de ne pas avoir cherché à dresser cet oiseau pour l'aider dans des situations pareilles. Il respira profondément et reprit sa marche douloureuse, il n'allait pas pleurer, il n'était pas un lâche. Mais par contre il était perdu et seul dans un bois sombre et traître. Il espéra retrouver le chemin où voir quelqu'un arriver.

Une ombre silencieuse survolait les montagnes, planant dans l’immensité du ciel bleu sans plus de bruit qu’un nuage. Gigantesque et pourtant majestueuse, la silhouette semblait se déplacer sans but précis, dérivant au gré des courants d’air. Pourtant, l’imposante ombre à un but. Et ce but, n’est autre que trouver un endroit où se reposer.

Le dragon vert remua doucement ses ailes, non sans ressentir la douleur due à ce long vol. Son dragonnier et lui avaient survolé une partie des montagnes, à la recherche de la cité cachée des nains. Cachée, exactement : elle portait si bien son nom que personne, hormis ceux qui étaient au courant, ne pouvaient la trouver. Tallagh et son compagnon, censés partir à la rencontre de l’un des informateurs du jeune homme, étaient tombés sur un cadavre. C’est sur que de nos jours, le métier d’espion était plutôt risqué… Les deux amis avaient donc fait demi-tour, et Tal’ avait proposé de passer par les montagnes, histoire de profiter des hauts courants d’air, plutôt fréquent dans la région, et de continuer, seuls, leur recherche. Malheureusement, ils avaient eu quelques ennuis en cours de route, et Talenka était épuisé. Une trêve ne serait pas de refus, mais cela devait faire une bonne heure qu’ils cherchaient, sans succès, un coin où se poser sans encombre.

Car la proximité des cités naines rendaient le jeune homme plutôt méfiant. Il s’était battu contre les nains, et il se voyait mal tenir tête à toute une bande, ou une tribu, il ignorait comment les qualifier, avec un Talenka endormi. Mais le dragon était fatigué, et voler longtemps relevait du suicide dans ce cas là. Indiquant mentalement à son compagnon la clairière qu’il avait repéré, Tallagh le laissa amorcer sa descente et vérifia son équipement. Il avait assez à manger et à boire pour tenir une journée entière, et d’ici là, Tal’ serait remis. Le dragon était de plus toujours blessé à une aile, à cause d’un combat quelques jours plus tôt, et son état inquiétait le dragonnier.

Le reptile se posa enfin, étendant son long cou dans un soupir de soulagement. Il s’étendit et, sans rechigner, laissa son petit humain regarder la blessure. La plaie était déjà bien cicatrisé, et Tallagh, étendant sa main dessus, murmura quelques mots pour la refermer encore un peu. Il ne voulait pas y aller trop rapidement, car le tendon avait été touché, et il ignorait les conséquences d’une guérison accélérée par l’ancien langage. Tant que la blessure n’était pas trop importante, il s’en remettait à la nature. D’une tape affectueuse, il enjoignit le dragon à se coucher et, tandis que l’immense écailleux fermait ses yeux, le jeune homme décida de partir en reconnaissance.

Seul, comme avant, avant qu’il ne monte en grade, avant que les responsabilités ne pèsent sur ses épaules. Il ne s’en plaignait pas, c’était cette vie qu’il avait choisi, mais parfois… il aurait aimé revenir en arrière, du temps où tout était si simple. Du temps où il n’y avait pas deux petits monstres pour interrompre les tendres moments entre sa femme et lui… le dragonnier sourit à cette pensée. Il avait ramené de son petit périple des babioles pour Zephril et Teyn, et avait déjà hâte de les voir se jeter dans ses bras à son retour.

Soudain, Tallagh prit conscience d’une présence étrangère. Au cours de toutes ces années, ses pouvoirs de dragonniers s’étaient accrus, et il les utilisait sans même vraiment s’en rendre compte. Focalisant doucement son esprit, il comprit vite qu’il n’y avait pas que des animaux dans le coin : la présence de quelqu’un d’autre, d’un être pensant, s’imposa vite à lui. Dégainant silencieusement son épée, laissant à l’affût son esprit, il se dirigea vers l’intrus, sans faire plus que remuer quelques brins d’herbe. L’entraînement que Louve lui avait fait subir au sein de la Meute portait ses fruits, finalement, il faudrait qu’il pense à la remercier, enfin, quand les petits seront couchés^^.

Se glissant sans bruits parmi les arbres, Tallagh finit par apercevoir ce qu’il cherchait : une petite silhouette avançait en boitillant, cherchant visiblement à se repérer. Mais apparemment, l’enfant était perdu, car il finit par s’arrêter, lançant un sifflement dont Tallagh ne comprit pas vraiment le sens. Alors que le gamin se remettait en route, le dragonnier décida de se manifester. Il voulait savoir que faisait cet enfant, seul au milieu des bois, et surtout, seul au milieu des montagnes, loin de tout. De tout ? Peut-être pas, finalement. Car le dragonnier n’était pas stupide : la présence de l’enfant indiquait celle, plus ou moins proche, d’adultes. Ce qui s’avérait être à la fois un bien et un mal, étant donné qu’il était seul contre un nombre indéterminé de gens qui ne lui voulaient pas du bien.

Rangeant silencieusement la lame dans son fourreau, il vérifia d’un geste machinal l’ajustement de ses mitaines de cuir et, cachant ainsi son appartenance au monde des dragonniers, s’avança tranquillement en travers de la route de l’enfant, espérant ne pas l’effrayer. C’est seulement quand il fut tout près de lui qu’il se rendit compte qu’il n’était pas humain : ses traits fins, sa démarche caractéristique, même légèrement cachée par sa blessure, et ses vêtements… tout indiquait qu’il n’était pas humain. Tallagh était tombé sur un elfe, un gamin sans doute apeuré qu’il n’aurait pas trop de mal à maîtriser, où à utiliser au cas où les choses tourneraient mal.

Le dragonnier finit par prendre la parole, avec un sourire rassurant, pliant légèrement les genoux pour se retrouver au niveau de l’enfant.

Salut. Dis-moi, qu’est-ce que tu fais ici ?

La carte, que l’enfant tenait toujours à la main, lui laissa deviner la réponse. A combien de chasses au trésor avait-il participé, enfant, rentrant sale et déguenillé pour s’entendre raconter que les trésors n’existaient pas, A des dizaines, sans doute. Histoire de montrer au petit qu’il avait deviné, il ajouta.

Je ne compte pas te voler ton butin, c’est promis. Tu as trouvé quelque chose ?

Invité

Marcher avec la douleur à la cheville était plus épuisant qu'il ne l'avait cru au départ. Mais pourquoi est-ce qu'il ne savait pas encore se soigner tout seul ! La réponse était directe pourtant, parce qu'il n'avait pas de dragon. C'était ainsi que fonctionnait le jeune elfe. Tout pour lui tournait autour des créatures mystérieuses. Et tant qu'il n'en avait pas il se sentait vide. Il marchait depuis quelques minutes quand un homme vint à sa rencontre. Il s'appuya plus fortement sur la branche pour ne pas paraître faible et sans défense et détailla la personne en face de lui. Ce n'était pas un Varden il en était certain, car même s'ils étaient nombreux dans la ville, et même si Aethar ne les connaissait pas tous, tous savaient qui il était. Il avait passé tellement de temps à se faire remarquer qu'il était impossible qu'il en soit autrement. Ensuite l'homme semblait assez jeune encore, et il souriait, donc il devait être gentil. Enfin toujours d'après les estimations d'Aethar. Le jeune elfe regarda l'homme droit dans les yeux et répondit calmement à ses questions.

Je me promène et je ne vois pas ce qui vous laisse penser que j'ai trouvé quelque chose, ni même que je cherchais !

Il s'aperçut trop tard qu'il avait encore sa carte en main et que ça montrait qu'il n'avait pas dit la vérité, il se reprit rapidement espérant que l'homme n'allait pas se mettre en colère.

En fait, je viens de trouver cette carte mais je n'ai pas eu le temps de la lire entièrement.

Encore un petit mensonge, mais il ne voulait pas être aidé par cet homme, il n'était pas un Varden et ne devait pas voir la ville. Même si pour cela Aethar devait mentir quelque peu. En détaillant de manière plus détaillée l'homme le jeune elfe put voir quelques petits détails intrigants. Tout d'abord le maintien de son interlocuteur prouvait qu'il était militaire et certainement haut placé, ensuite l'épée qu'il possédait était on ne peu plus clairement un signe de son appartenance à l'armée. Enfin il semblait un peu fatigué et Aethar se dit qu'il avait du marcher longuement. Cela aussi était étrange, le nouveau venu était il en route pour rejoindre les Vardens ? Ou alors voulait-il découvrir où ils se cachaient pour le compte du méchant empereur ? Cela faisait trop de question pour l'enfant qui ne voyait plus comment réagir et qui fit la seule chose qui lui passait par la tête.

Il porta ses doigt à ses lèvres et prononça d'une voix claire.

+Astra eterni ono thelduin.

Il attendit calmement pour savoir si son interlocuteur savait répondre, cela montrerait qu'il avait des notions de l'ancien langage et qu'il pouvait peut-être être digne de confiance. Il se reposa néanmoins sur sa cheville valide pour tenter de calmer la douleur de l'autre.

____________
Traduction :
Que la chance t’accompagne !

L’enfant n’était pas un peureux, ça, Tallagh s’en rendit compte. Il n’hésitait pas à le regarder droit dans les yeux, répondant sans l’ombre d’une hésitation à ses questions. Il avait l’air intelligent et débrouillard, mais le dragonnier ne fut pas dupe quand l’enfant lui mentit en prétendant avoir trouvé cette carte. Tout d’abord, les cartes ne poussent pas sur les arbres, c’est bien connu, et ensuite, l’enfant la tenait dans sa main, sans pourtant essayer de la déchiffrer. S’il venait vraiment de la trouver, Tallagh pensait qu’il serait plutôt en train d’essayer de la déchiffrer que de la cacher.

Mais le jeune Parjure ne s’y intéressa pas plus, pensant que ce plan n’était qu’une invention de l’un des parents du gamin, histoire de l’occuper un peu. Son cousin lui avait dessiné des milliers de cartes, en lui jurant qu’elles étaient toutes vraies. Tallagh n’avait jamais rien trouvé, sauf une pièce d’or, une fois, mais il pensait que cela relevait du total hasard. Mais le plus excitant, dans les jeux de pistes, ce n’était pas forcément le trésor, c’était plutôt déchiffrer les énigmes, réfléchir, deviner, bref, faire marcher sa tête et ses jambes.

Le jeune elfe posa son regard sur Tallagh, et le dragonnier ne bougea pas. Inutile d’effrayer le petit, même si ça ne lui plaisait pas tellement de se faire détailler par un marmot qui, il faut voir les choses en face, était en quelque sorte un ennemi. Apparemment, ce qu’il vit dû lui plaire, car le jeune garçon porta ses doigts à ses lèvres à la façon des elfes et le salua. Le dragonnier s’accorda un léger sourire : le petit devait lui faire confiance, du moins pour l’instant et surtout, ce demander d’où il sortait.

Sa première impression n’était pas mauvaise : ce gamin n’était absolument pas un imbécile. Cherchait-il à en savoir plus sur lui, à savoir qui il était en le saluant de la même façon que les elfes saluent leurs semblables ? Pour le moment, Tallagh se contenta de répondre à l’enfant, continuant la phrase rituelle ainsi qu’on lui avait enseigné

Mor'ranr lifa unin hjarta onr
++Que la paix règne en ton coeur

Tallagh vit l’enfant s’appuyer sur son autre jambe, et hésita un moment. Le petit avait l’air de ne pas vouloir montrer qu’il souffre, et le dragonnier ne voulait pas s’accorder le droit de lui faire remarquer qu’il pourrait l’aider, car apparemment, le jeune garçon était bien trop fier pour accepter. Et de toute façon, tout ce qu’il pouvait faire était de construire une attelle, car hors de question de le soigner.

Les atteles, Tallagh connaissait, il en avait fabriqué des tas petit, quand lui et son meilleur ami jouaient à être des soldats dans la forêt. Il attendit donc la réponse de l’enfant, cherchant en même temps comment l’aider sans avoir l’air de le faire. Avec Teyn et Zephril, le jeune père s’était vite rendu compte à quel point les enfants pouvaient être susceptibles !

Invité

L'homme connaissait l'ancien langage ce qui était un bon point pour lui. Mais Aethar ne lui faisait toujours pas confiance, il avait toujours entendu dire qu'il ne devais pas accorder sa confiance à un étranger et il appliquait ce principe à la lettre. Il se demandait si l'homme pouvait l'aider à retrouver le chemin, mais en même temps il ne devait pas le suivre ce qui pouvait poser problème.

Il releva les yeux pour se fixer sur Kira qui semblait agité. Quelque chose l'avait effrayé et Aethar ne comprenait pas quoi. L'oiseau n'avait pas peur des hommes en général, mais là il voulait partir. Aethar le regarda et siffla quelques notes doucement modulées. Le seul ordre que Kira avait bien voulu apprendre, le signal de le laisser, le signal disant à l'oiseau qu'il pouvait partir. Ce qu'il fit aussitôt laissant Aethar seul avec l'homme étranger.

Vous parlez l'ancien langage, c'est un honneur pour moi de vous rencontrer. Je me nomme Aethar et vous quel est votre nom ?

Il le testait, il voulait savoir si l'autre était franc ou non, il ne le quittait pas des yeux, voulant à tout prix savoir s'il mentait. Pas que Aethar soit particulièrement doué pour lire dans les esprits, mais il se trouvait bon pour juger les gens. Cette constatation n'impliquait que lui, tout comme toutes celles sur ses exceptionnelles capacités.

Il n'attendit pas longtemps cependant, car il posa tout de suite une autre question. Encore une fois il voulait être direct et comprendre ce que cet homme faisait là.

Et vous, quel est votre but en ces lieux ?

Il songea un instant que l'homme était peut-être le gardien du trésor, si jamais Aethar s'était trompé et que le trésor n'était plus très loin. Il voulait savoir, il le devait. Il fixait avec des yeux nouveaux l'étranger face à lui, attendant avec impatience sa réponse.

Un nouveau sifflement du jeune garçon fit lever les yeux à Tallagh, qui aperçut un harfang prendre son envol. Le dragonnier tourna un regard curieux vers l’enfant, se demandant quel pouvait bien être le lien entre lui et cet animal. D’expérience, après avoir essayé des tas de fois d’en apprivoiser lorsqu’il était plus jeune, il savait que les rapaces étaient assez difficiles à approcher, et plus encore à dresser. Le jeune elfe avait gagné son respect, mais en même temps, Tallagh n’ignorait pas les liens plutôt étranges, à ses yeux, qui unissaient les elfes à la nature. Teyn et Zephril en étaient des preuves vivantes, partageant avec les animaux de toutes sorte des liens qu’ont pourrait qualifier d’amitié : il suffisait de voir Teyn monter l’étalon de sa mère pour en être convaincu.

Mais la question de l’enfant le ramena à l’instant présent. L’elfe lui demandait son nom et, l’espace d’un instant, le dragonnier hésita. Devait-il donner un faux nom, dans la crainte que l’enfant reconnaisse le sien ? Il n’était pas aussi célèbre que ça, mais il y avait toujours un risque. Pourtant, ce n’était qu’un enfant, et au pire, que pourrait-il faire, à part fuir en courant ? Le jeune homme se résolut donc à dire la vérité, du moins pour l’instant.

"C’est pour moi un plaisir de rencontre une jeune personne aussi polie. Mon nom est Tallagh."

La seconde question lui posa aussi problème, et le dragonnier choisit de ne pas mentir, sans pour autant dévoiler toute la vérité. De toute façon, si l’enfant comprenait le sens de ses paroles, il ne serait pas une menace : Tallagh était armé et, même si l’idée de blesser un enfant le répugnait, il savait pertinemment qu’il n’aurait peut-être pas le choix. Mais mieux valait éviter de songer au pire, il répondit donc au questionnement du jeune elfe avec un léger sourire.

"Mon compagnon se repose un peu plus loin, et je suis parti en exploration. Je ne connais pas cette partie de la forêt, et c’était une bonne occasion de la connaître mieux"

L’enfant se montrait curieux, et cela amusait le dragonnier. Cela ne le dérangeait pas vraiment de subir un tel interrogatoire, surtout que le jeune garçon en face de lui le fixait avec impatience. C’est sur qu’un homme armé, au beau milieu d’une forêt, cela devait susciter pas mal d’intérêt !

Invité

Tallagh, le nom lui disait vaguement quelque chose, ce n'était pas un Varden, enfin il ne croyait pas ni un homme qui devait les rejoindre. Mais il ne savait pas s'il s'agissait d'un parjure ou d'un homme honnête. Aethar continuait à le fixer, mais pourquoi cette homme était-il en forêt, il ne tarda pas à avoir la réponse. Il était là pour explorer, et il avait un compagnon. Le jeune elfe se demanda quel genre d'homme laisserait un ami se reposer seul sans être surveillé. Il fallait toujours monter la garde lors d'un campement et il allait le faire savoir.

Messire Tallagh, il n'est guère prudent de laisser seul un compagnon se reposer. Savez-vous qu'il y a de nombreux brigants et des créatures féroces en ces bois.

Bon ce n'était peut-être pas vrai, puisque Aethar ne les avait jamais croisé, mais les adultes lui avait toujours dit qu'il était dangereux d'être seul dans les bois et qu'il ne devait jamais s'éloigner de la ville. Mais il n'avait jamais tenu compte de ces histoires, bien trop préoccupé par l'aventure qu'il pouvait vivre hors de la ville. Et il venait de répéter ces histoires à un guerrier, il se sentit un peu idiot de l'avoir fait aussi il s'empressa d'ajouter.

Enfin c'est ce que l'on m'a dit. Mais moi je n'ai pas peur des brigands, je suis un brave guerrier.

Oubliant sa douleur à la cheville il entreprit de montrer ce qu'il savait faire, il voulait impressionner l'homme et comme à chaque fois il montrait des enchainements rapides de mouvements de combat. Donc il lâcha son bâton et commença à tourner sur lui même pour faire sa démonstration. Démonstration qui cessa rapidement car sa cheville blessée ne pouvait plus porter son poids. Il poussa un petit cri de douleur et tomba au sol avec les larmes aux yeux. Il essuya son visage d'un geste rageur n'osant pas regarder l'homme qui devait l'avoir trouvé ridicule.

La réprimande du garçon fit éclater de rire le dragonnier qui visualisa, l’espace de quelques secondes, un quelconque brigand essayer de s’attaquer à un dragon aussi imposant que l’était devenu Talenka ces dernières années. Le petit elfe ne devait pas comprendre et, pour éviter de le vexer, Tallagh se força à calmer son fou rire, n’y parvenait qu’au bout de quelques minutes. Ses yeux pétillaient encore d’amusement quand il répondit à Aethar.

Tu es gentil de t’inquiéter, mais à la vérité, je craindrais plutôt pour la vie de celui qui oserait s’attaquer à lui, plutôt que l’inverse.

L’enfant se dédouana aussitôt, expliquant que ce n’était que des racontars, et qu’il ne les craignait pas le moins du monde. Le dragonnier songea qu’il aurait sans doute du prendre ces avertissements au sérieux, beaucoup de brigands et d’hommes peu recommandable cherchaient à rejoindre les Vardens pour échapper à la justice royale, et on constatait bien souvent une recrudescence de criminels dans les endroits comme celui-là. Mais la phrase de l’enfant lui montra bien qu’il était fier et courageux, et Tallagh ne put s’empêcher de lui répondre avec gentillesse.

A te voir, j’imagine bien que tu es un courageux guerrier. Seuls les braves osent s’aventurer seuls dans les forêts aussi sombres que celle-ci, à la recherche d’un trésor sûrement gardé par une féroce créature.

L‘enfant lâcha son bâton, et le Parjure se douta qu’il allait avoir le droit à une démonstration. Cela ne le dérangeait pas, il avait même en stock toutes sortes d’épithètes admiratifs et grandiloquents. Mais apparemment, tout ne se déroula pas comme prévu dans le plan du jeune Aethar, car à peine eut-il lâché son bâton qu’il poussa un léger cri de douleur et s’effondra sur le sol.

Tallagh songea bien qu’il devait être furieux de ne pas avoir prouvé sa bravoure à un étranger, et qu’il n’aimerait probablement pas qu’on le prenne en pitié, mais le Parjure jugea ces petits problèmes déplacés pour le moment. S’agenouillant sur le sol, il dégagea la cheville de l’enfant pour pouvoir l’observer, avant de relever les yeux pour les plonger dans ceux d’Aethar.

Même les plus grands guerriers ont besoin de guérisseur. Ta cheville est foulée, mon jeune ami, et je ferais tout aussi bien de te ramener chez toi.

Tout en parlant, il avait tendu la main vers une branche de bois mort, et la découpait déjà avec son poignard pour la mettre à la bonne longueur. Seul problème, comment attacher cette attelle grossière ? Tallagh devait bien avoir de quoi soigner l’enfant dans les rabats de la selle de Tal’, mais il n’avait pas envie de le laisse seul, et encore moins de l’amener à Talenka. Tournant son poignard vers sa propre tunique, il soupira à l’idée de ce qu’il s’apprêtait à faire, et tout ça pour un gamin dont il ne connaissait rien ! Seule l’idée que ce petit était le gamin d’un des elfes caché avec les Vardens lui permit de continuer à faire bonne figure alors qu’il découpait un morceau de sa manche, la lame du poignard tranchant sans difficulté le fin tissu de soie.

Enroulant la bande autour de la cheville blessée du jeune garçon, maintenue par deux morceaux de bois, Tallagh reprit la parole.

Ca devrait t’aider à marcher, mais tu as besoin de soin, et je ne suis pas guérisseur.

Invité

Aethar n'avait pas relevé les yeux quand l'homme s'était approché, mais quand il releva son pantalon pour découvrir sa cheville blessée il se tendit. Qu'allait vouloir lui faire cet homme, un inconnu auquel le jeune elfe ne faisait pas particulièrement confiance ? Mais il eut rapidement sa réponse, l'homme allait le soigner. Aethar eut envie de dire que ce n'était rien, mais il savait que s'il ouvrait la bouche, un sanglot en sortirait et il ne voulait pas se montrer faible devant cet étranger.

Puis Tallagh lui mit un attelle et un bandage avec sa chemise. Une chemise qui devait valoir cher et être précieuse aux yeux de l'homme. Aethar redressa la tête pour le regarder et écouter ses questions. Non, il ne pouvait pas l'accompagner, Aethar ne devait pas lui montrer la cité des Varden. Mais d'un autre coté le jeune elfe était totalement perdu et ne savait pas quoi faire pour retrouver seul son chemin. Aussi il décida de faire comme avec les adultes lorsqu'il avait fait une bêtise. Il leva vers l'homme un visage décomposé par le chagrin tout en lui montrant des yeux de chien battu. Il bougea légèrement sa cheville pour ressentir la douleur et que quelques larmes coulent et dans un sanglot il prononça rapidement.

Je n'ai plus de chez moi, mes parents ont été tués par des ennemis de mon peuple. Je suis seul et je vis dans la forêt. Messire je vous en prie, aidez moi à me soigner.

Il semblait réellement malheureux et n'avait pas vraiment menti en disant être orphelin. L'histoire de la vie dans la forêt ne marcherait peut-être pas, mais il ne pouvait pas guider un étranger jusqu'au dernier refuge des rebelles et pour cela il était prêt à tout. Il continuait à regarder Tallagh avec des yeux embués de larmes comme si ce n'était pas de la douleur mais de la peine qu'il ressentait.

[HRP : Raté Tallagh, Aethar ne te conduira pas aux Varden de plein gré]

Alors que Tallagh s’apprêtait à aider l’enfant à se relever, celui-ci se mit soudain à pleurnicher, levant vers le guerrier un visage en larmes. Le jeune homme ne s’y attendait pas vraiment, Aethar s’étant montré très courageux jusque là, et à la limite, ça aurait arrangé Tallagh qu’il le reste jusqu’au bout. Mais apparemment, il avait fait une petite erreur, car le jeune elfe lui expliqua d’une voix entrecoupée de sanglots que ses parents étaient morts et qu’il n’avait plus d’endroit à lui.

A ces mots, Tallagh flaira aussitôt le piège. Il avait beau n’être qu’un humain, il connaissait certaines des coutumes elfiques, et savait pertinemment que ces derniers chérissaient leurs enfants comme des rois. Que ce petit soit orphelins, passe encore, la guerre qui avait fait rage quelques années plus tôt avaient disloqué beaucoup de familles, mais qu’on est abandonné le petit… plus le dragonnier réfléchissait, plus il était persuadé que ce gamin avait plus ou moins deviné ses plans. Pas qu’il les ait particulièrement caché, non, mais maintenant, il se retrouvait dans une impasse. Il aurait pu soigner l’enfant, cela ne lui aurait pas coûté grand-chose, mais ça n’aurait servi à rien, sinon à dévoiler ce qu’il voulait cacher. Mais comment obliger ce mioche à lui révéler où se trouvait la cité cachée ? En désespoir de cause, il se résolut à demander conseil au plus sage du duo qu’ils formaient, lui et Tal’. Et tant pis si le petit se doutait de quelque chose, tant qu’il ne verrait ni la Gedwëy Ignasia ni Talenka, il n’aurait que des soupçons.

**Tal’ ? Je suis tombé sur quelque chose**
**Quelque chose qui justifie le fait de me réveiller ?**
**Plutôt, oui. J’ai en face de moi un gamin blessé qui peux me conduire à la cité**
**Quoi ?**
**Si tu écoutais au lieu de dormir, je n’aurais pas besoin de te raconter**
**Et qu’est-ce que tu comptes faire ? Y aller tout seul ?**
**Je songeais à quelque chose dans le genre, oui**
**Mauvaise idée**
**J’y songeais aussi, figures-toi**
**Tallagh, on pourra toujours revenir. Si c’est un gamin, on peut organiser…**
**Quoi ? Je te signale que le Roi n’a plus qu’une envie : retrouver cet œuf, et la chasse aux Vardens lui passe très loin au-dessus de la tête ! Je vais aller faire une reconnaissance, et je te tiens au courant**
**Mauvaise idée…**
**Je sais. S’il m’arrive quoi que ce soit, va prévenir Louve**

Le jeune parjure ne répliqua rien aux conseils du dragon, et se tourna vers Aethar, toujours à terre, hésitant entre se montrer méchant ou continuer à jouer les bons copains. Si l’enfant se doutait de quelque chose, Tallagh se doutait bien qu’il ne l’emmènerait jamais à la cité de bon coeur. Il se résolut alors à durcir le ton, sans prendre garde aux larmes du petit elfe. Insensible ? Non. Les pleurs de ses enfants le faisaient fondre, mais pas ceux d’un gamin qu’il venait de rencontrer. Soulevant Aethar par le col de sa tunique, il mit rudement le jeune elfe debout, avant de le regarder.

Pas la peine de jouer les fontaines, petit. Toi et moi, nous savons très bien que tu racontes n’importe quoi, donc, maintenant, deux solutions s’offrent à toi. Petit un, tu m’accompagnes chez toi, petit deux, tu m’accompagnes aussi chez toi, avec nettement moins de plaisir que dans la première solution. Compris ?

Il tenait fermement le jeune elfe, même si celui-ci ne pouvait pas fuir bien loin avec sa cheville foulée.

[Plus le choix, obligé de jouer les méchants Xd]

Invité

Tallagh ne répondit pas aussitôt au jeune elfe. Aethar se surprit un instant à penser qu'il parlait à son dragon, mais quelle idée stupide. L'homme ne pouvait pas avoir de dragon sinon il ne serait pas seul et il aurait des pouvoirs. Donc il aurait pu le guérir.

Ensuite il le prit par les épaules en durcissant la voix, il voulait être conduit à la cité. Aethar déglutit et poussa un petit cri de douleur quand sa cheville remua brusquement. Il dégagea son bras droit d'un mouvement brusque et essuya d'un geste rageur les larmes qu'il n'avait pas retenues. L'homme montrait enfin son vrai visage et le jeune elfe se doutait que ce n'était pas des menaces en l'air, il semblait réellement pouvoir le blesser pour qu'il révèle la position de la cité. Aethar réfléchit rapidement, il n'avait jamais été confronté à une situation pareille. Il pouvait tout dire à l'homme qui serait immédiatement arrêté à son entrée dans la cité. Mais Aethar serait considéré comme un traître et ça il ne le voulait pas. Mais s'il se taisait, il souffrirait certainement et il avait peur de céder sous la torture. Aussi, il tenta de se composer un visage docile, tentative vaine à cause de la douleur qui déformait ses traits et de la colère qui enflammait ses yeux.

Vous avez raison, je vous ai trompé. Je suis navré d'avoir eu recours à un tel subterfuge. Je vais vous conduire chez moi. Mais il me faut retrouver le chemin le plus proche pour que je me repère.

Il allait accepter de conduire l'homme aux Vardens, mais il ne le ferait pas par le chemin le plus court, ni par le plus facile à emprunter, l'homme serait obligé de l'aider à marcher durant de longues heures et Aethar espérait que cela le fatiguerait et le dégoûterait de la recherche des rebelles.

Et il faut m'aider à marcher et non pas me tenir par les épaules.

Il n'y avait plus aucun respect dans sa voix, elle était froide et cassante. Il savait maintenant que cet homme était un ennemi, et il n'aurait pas été blessé, il l'aurait tué sans hésiter, enfin c'est ce que pensait son cerveau d'enfant.

[HRP : PERSONNE n'intervient, c'est entre lui et moi !]

Tout en dévisageant l’enfant d’un regard dur, le dragon ne put s’empêcher d’admirer son courage. Ce petit bonhomme, à peine plus âgé que ses propres enfants, n’avait pas baissé les yeux, et Tallagh pouvait y lire toute la colère qu’il ressentait. N’importe quel gamin, sauf peut-être Teyn, aurait recommencer à chougner et à pleurer de terreur, mais le petit elfe qui se tenait devant lui, s’il pleurait, c’était de rage et d’impuissance. Et Tallagh admirait ce courageux petit bonhomme. Aurait-il été jusqu’à le torturer. Beaucoup pourront penser que non, mais ceux-là ignorent tout ce qu’a vécu Tallagh durant cette « fin du monde ». La guerre, son cortège d’horreur et de massacres, ses images qui vous réveillent la nuit, un cri de terreur prêt à franchir vos lèvres…

Redoutant tout de même un piège, le dragonnier finit par le lâcher. Le petit Aethar s’excusa de l’avoir trompé et lui dit qu’il était prêt à le conduire à la cité. Tallagh lui lança un regard soupçonneux, mais il l’écouta jusqu’au bout. L’enfant avait une idée derrière la tête, c’était évident, mais de là à savoir laquelle… Le plus drôle, c’est que le petit continuait à lui poser des conditions. Il voulait de l’aide pour marcher ? Et pourquoi pas une civière, tant qu’on n’y était ? Un peu rudement, Tallagh lui releva le menton et plongea ses yeux dans les siens, usant de son pouvoir de dragonnier pour s’introduire dans l’esprit du petit.

Il avait longuement hésité à le faire, car cela révélerait par là qu’il n’était pas un simple humain et, si Aethar avait déjà fréquenté des dragonniers, il ne mettrait pas longtemps à faire le rapprochement. Mais en même temps, il devait savoir à quoi s’en tenir sur les pensées du petit, histoire d’éviter une embuscade. Le Parjure n’usa pas de son pouvoir trop longtemps, car il savait par expérience qu’un mage s’introduisant dans un esprit ne le faisait pas avec douceur, surtout s’il voulait forcer celui-ci. Tallagh se contenta de glaner une seule et unique information, celle qu’il soupçonnait déjà : l’enfant ne mentait pas. Il avait un plan, certes, mais il le conduirait aux Vardens. Quant à son idée, Tallagh s’en fichait un peu : ce n’était qu’un gamin, et il ne représentait pas une bien grande menace, sauf si d’autres elfes s’en mêlaient.

Tu veux que je t’aide ? Tu veux peut-être que je te porte, aussi ? Je pense que tu peux marcher tout seul, alors, passe devant, et pas la peine de jouer les blessés.

Indiqua-t-il à l’enfant en sortant une dague, pendue à côté de son épée. Loin de lui l’idée de se montrer cruel mais il savait bien que l’enfant pouvait marcher. Cela lui ferait un peu mal, sans doute, mais la douleur ne serait pas atroce.

[Aethar, si tu n'es pas d'accord avec ce que j'ai écrit, MP moi et j'éditerais]

Invité

Aethar sentit qu'on faisait pression sur son esprit, il se tendit et attendit la fin de l'intrusion. L'homme n'était donc pas ce qu'il prétendait, il avait des pouvoirs et donc aurait pu le soigner. Aethar bouillait de colère contre lui. De plus avec ce qu'il venait de lui montrer, Tallagh devait être un magicien ou un dragonnier. Le jeune elfe obta pour dragonnier à cause des armes qu'il portait.

Il ne dit pas un mot se contentant d'un regard noir et se leva tant bien que mal. Il reprit un bâton pour s'appuyer et soulager sa cheville douloureuse avant de commencer à marcher lentement. Il devait trouver une solution, il ne pouvait pas le conduire aux Vardens finalement. Un dragonnier était bien trop dangereux pour les siens. Et si l'homme servait le roi ? Si il était en mission pour les pourchasser, Aethar ne se pardonnerait jamais d'avoir ainsi trahis les siens.

Tout en marchant il cherchait un plan pour échapper à cette situation désagréable. Mais pourquoi s'était-il blessé, sans sa cheville foulée, il serait déjà en haut d'un arbre et aurait pu se déplacer sans se faire voir, mais là c'était impossible. Il avançait donc droit devant lui espérant bientôt arriver au chemin pour pouvoir se repérer.

Vous êtes un dragonnier et vous voulez trouver la cité des miens, je le sais maintenant. Mais cela vous sera impossible d'entrer si vous n'avez pas été soumis au sortilège protégeant les lieux. Seuls les nains et les elfes peuvent entrer sans ce sortilège, vous autres humains ne le pouvaient pas. Et sans lui, la cité vous apparaîtra comme une montagne semblable aux autres.

Il avait son plan, maintenant il allait continuer à parler de ce sortilège dont Crépuscule lui avait narré l'existence et resterait campé sur ses positions. Et si l'homme lisait à nouveau dans son esprit il pourrait voir la fureur que ressentait actuellement le jeune elfe, une fureur qui dominait toutes ses pensées.

[HRP, pas de problème]

Sans se douter des pensées qui bouillonnaient dans la tête de l’enfant, Tallagh le suivit lentement, attentif aux moindres bruits. A vrai dire, il redoutait plus une embuscade qu’un réel tour d’Aethar, et son attention se concentrait sur l’extérieur. Pourtant, il jetait de fréquents regards à l’enfant qui boitillait devant lui, histoire de ne pas le perdre de vue. Il avait eu raison : le petit pouvait marcher, la douleur ne devait pas être si terrible que ça. En plus, maintenant que l’enfant avait dû comprendre qu’il était dragonnier, Tallagh songea qu’il ne se laisserait pas soigner, même s’il avait eu envie d’essayer.

Comme s’il faisait écho à ses pensées, le petit reprit la parole, d’un ton froid et dur qu’il utilisait depuis qu’il s’était rendu compte que Tallagh n’était pas un partisan des Vardens. L’enfant lui parla d’un sortilège, d’une magie puissante destinée à écarter tous les intrus. Le Parjure sourit, et finalement répondit à l’enfant avec amusement.

Oui, je suis dragonnier. Tu as raison sur ce point, mais pas sur les autres. Qui te dis que je veux entrer dans la cité ? Je n’ai nullement l’intention de m’y introduire, je ne suis pas stupide à ce point. Je veux juste savoir où elle est et crois-moi, quand je l’aurais découvert… Galbatorix connaît des sortilèges bien plus puissants que tous ceux de ta cité pourraient concevoir.

Pas la peine de chercher à me faire peur. Conduis moi à la cité Vardens, un point c’est tout, et si tu es sage, je te fais la promesse qu’il ne t’arrivera rien. Je ne tue pas les enfants, sauf lorsqu’ils n’en font qu’à leur tête. Je veux juste être obéi, d’accord. Imagines ça comme un pacte : tu me conduis à la cité, et tu reprends ta vie d’avant. Si tu es un bon garçon, tu pourras peut-être même les prévenir avant que les troupes ne lancent l’assaut. C’est un marché plutôt équitable, non ?

De toute façon, le plan du jeune homme n’était pas d’attaquer la cité tant qu’il ne saurait pas très exactement où se trouvaient Louve et les enfants. Il n’était pas stupide, il savait que sa femme devait parfois les emmener à la cité cachée des Vardens, et peut-être même que Teyn et Zephril connaissaient ce gamin. Mais il ne ferait courir aucun risque à sa famille, son plan dût-il en pâtir. Mais le petit elfe qui claudiquait devant lui ne saurait certainement jamais que Tallagh était en réalité le père des jumeaux.

Le Parjure ne chercha plus à lire dans l’esprit d’Aethar, il y avait vu ce qu’il voulait y voir. Aethar marchait droit devant lui, mais Tallagh lui fit signe de prendre à gauche, et ils débouchèrent sur un chemin de terre, qui ressemblait non plus à une sente de chevreuils, mais à une véritable route damé par les chaussures humaines. La fameuse route que cherchait l’enfant, très certainement : Tallagh allait devoir se montrer prudent, et se rapprocha de son petit otage, prêt à réagir au cas où quelqu’un se montrerait.

Invité

Alors il avouait ! Il était dragonnier. Très bien dans ce cas Aethar savait quoi faire. Un dragonnier n'était jamais loin de son dragon et pour le jeune elfe, la présence d'un dragon était toujours une affaire de priorité. Donc il n'allait pas le conduire immédiatement à la cité, il voulait d'abord voir le dragon. C'était un comportement tout à fait puéril pour lui, mais il ne pouvait pas s'en défaire, il voulait voir des dragons et il en verrait !

Quand Tallagh finit de parler en lui proposant un pacte, le jeune elfe prit un air sournois. Il continua à marcher tout en cherchant quel plan il allait pouvoir mettre au point pour convaincre le dragonnier de l'emmener voir son dragon. Il finit par arriver au chemin, celui qu'il avait perdu. Il regarda sur les cotés pour se repérer par rapport aux montagnes proches et il sut aussitôt quelle direction prendre pour aller à la cité. Mais ce n'était plus du tout son objectif et il le fit savoir au dragonnier en s'asseyant sur le sol et en le fixant droit dans les yeux.

Si c'est un pacte, il doit m'être profitable. Aussi avant de vous montrer la cité, enfin la montagne qui cache la cité, je veux voir votre dragon. Si je ne le vois pas je reste assis ici !

L'homme pouvait lui faire du mal et le blesser pour qu'il cède, mais jamais Aethar ne bougerait s'il n'avait pas ce qu'il voulait. A moins bien entendu que quelqu'un vienne le chercher et qu'il soit débarrassé de Tallagh. Mais cela ne semblait pas possible pour le moment, aussi le jeune elfe restait assis sur le sol, fixant le dragonnier rebelle avec un air particulièrement déterminé sur le visage.

[HRP, raté la cité n'est pas encore là !]

Tallagh vit que l’enfant réfléchissait, et, après tout, il s’en fichait : le gamin pouvait mettre au point tous les plans du monde, il finirait par l’emmener à la cité. Il laissa donc le silence s’installer entre eux, un silence reposant pour le dragonnier qui n’entendait rien d’autre que le chant des oiseaux, tout en regardant autour de lui. La cité ne devait pas être loin, car il doutait qu’on laisse un enfant de cet âge là trop longtemps dehors sans que personne ne se mette à sa recherche. Ce qui était à la fois un bien ou un mal : soit l’enfant le menait bien sagement, soit Tallagh devrait user de violence. Et à la limite, plus vite Aethar lui montrerais la cité, plus vite il pourrait partir.

Mais apparemment, l’enfant ne semblait pas d’accord : il s’arrêta brusquement et s’assit sur le sol, en plein milieu du chemin, dévisageant le dragonnier avec un air déterminé que Tallagh reconnut avec une pointe de dépit. Ses enfants avaient le même quand ils étaient bien décidé à obtenir quelque chose et, en temps normal, quand ils avaient une idée en tête, ils ne l’avaient pas ailleurs^^

Le petit lui expliqua avec un sang-froid étonnant que tant qu’il n’aurait pas vu Tal’, il n’avait pas l’intention de bouger d’ici. Tallagh le considéra un moment sans rien dire, pesant le pour et le contre. Il ne voyait aucun problème à le laisser voir le dragon vert, hormis le fait que cela faisait un grand détour, et celui que plus il perdait de temps, plus il courrait le risque qu’on se mette à la recherche de l’enfant. Alors le jeune parjure se résolut à faire ce pour quoi on l’avait entraîné, à faire ce qu’on lui avait inculqué, parfois à coups de fouet : ne montrer aucune pitié.

Se penchant vers Aethar, il saisit le petit bonhomme par le col de sa tunique, soulevant l’enfant de terre pour le regarder droit dans les yeux. De sa main libre, il sortit son épée et, la prenant par la lame, brandit la garde vert de jade sous le nez de l’enfant.

Ecoute moi bien, petit. Tu veux marchander ? Voilà le seul dragon que tu verras, le dernier même que tu verras de ta vie si tu ne me conduis pas maintenant à la cité. Maintenant !

Gronda-t-il en secouant l’enfant avant de le remettre rudement sur ses pieds. Aethar n’était pas lourd, et Tallagh ne voyait pas le moindre inconvénient sur le fait de le bousculer tout le long du chemin. Quant à le tuer… il n’était pas encore bien décidé. Une partie de lui hurlait qu’il fallait le tuer, que ce jeune imbécile n’était qu’un ennemi en puissance. Et pourtant… Ce n’était qu’un enfant, à peine plus âgé que Teyn et Zephril. Comment réagirait-il si ses enfants mourraient ? Il ne pouvait même pas imaginer, tellement sa douleur serait immense. Mais cet enfant n’était pas le sien, et il devait faire la part des choses. Plus facile à dire qu’à faire…

Invité

Aethar se sentit soulevé de terre. Il fixa d'un air rebelle le dragonnier qui osait le traiter de la sorte et écouta attentivement ce qu'il disait. Alors s'il ne le conduisait pas à la cité il allait mourir ? Et bien dans ce cas qu'attendait-il pour le tuer, Aethar avait bien précisé qu'il ne bougerait pas tant qu'il n'aurait pas vu son Dragon ? Et pas la garde de son épée !

Si je meurs, tu ne verras pas la cité ! Alors vas-y tues moi ! (1)

Il fixait Tallagh avec une colère difficilement contenue. Il n'allait pas le laisser lui faire peur, après tout, il était un Varden et les Vardens n'avaient pas peur des soldats de Galbatorix.

Il se débattit dans les bras de son tourmenteur en frappant des poings et des pieds sans se soucier de la douleur, il voulait qu'il le lâche et qu'il le conduise à son dragon et il ne changerait pas d'avis si facilement. Le menacer ne suffirait jamais à le faire changer d'idée. Il ne se laisserait pas convaincre ni par la menace, ni par la flatterie. Le seul moyen était peut-être la violence et il n'en était même pas certain. Il voulait voir le dragon et c'était la seule chose qui comptait pour lui sur le moment.

(1)NON ! tu me tues pas quand même

Rolling Eyes

[Ca dépend… si je te tues, je monte d’un niveau ? lol!

]

Malgré les menaces et malgré la bousculade, l’enfant ne se laissa pas fléchir, exactement comme le craignait Tallagh. Au contraire, il braqua sur le dragonnier un regard entêté, et celui-ci avait presque l’impression de sentir sur son visage les yeux brûlants de haine du jeune garçon. Apparemment, le désir de Tallagh d’arriver à la cité Varden sans encombre venait de partir en fumée : l’enfant se débattait contre la poigne de l’humain, qui considéra un instant le fait de lui trancher la gorge, de jeter son cadavre dans la rivière et de ne plus jamais entendre parler de ce gamin. Mais malheureusement, il avait besoin de ce gosse, tout tête de mule qu’il soit.

Après l’avoir rudement remis sur ses pieds, sans se soucier de la blessure du petit, Tallagh se baissa pour se mettre à la hauteur d’Aethar et finit par capituler dans un soupir.

Très bien, je vais te conduire à lui. Sache seulement qu’il n’est pas aussi patient que moi, et que si tu continue à traîner en route, il aura quelque chose d’autre à se mettre sous la dent que du gibier.

Tallagh avait envie de frapper ce sale gamin, mais il se contint. La violence ne résoudrait pas ce problème, et il en était bien conscient. En même temps, d’eux deux, le psychologue, c’était plutôt Tal’. Peut-être le dragon saurait-il s’y prendre avec ce petit elfe, et le convaincre de mener son dragonnier à la cité. Prenant l’enfant par l’épaule, Tallagh lui fit prendre un petit chemin qui coupait le sentier principal. Ils avaient une bonne dizaine de minutes de marche devant eux, et il préférait aller vite.

**Tal’ ? On arrive. Pas le choix, petit frère, ce gamin est plus têtu que moi**
**C’est possible ? Emmène-le, je parviendrai bien à en tirer quelque chose**
**Ou sinon, tu auras un casse-croûte avant de repartir**
**Je ne mange pas les humains**
**C’est bien dommage**

Grimaça le dragonnier avant de pousser Aethar pour le forcer à avancer plus vite. Ils n’avaient pas toute la journée, et il le rappela au gamin. Les deux compagnons d’infortune finirent par déboucher dans une clairière, et le dragonnier arrêta Aethar en lui agrippant l’épaule, avant de lui montrer une masse verte de l’autre côté de la petite clairière, à moitié cachée par la lisière de la forêt. Talenka leva son long cou sinueux en les voyant arriver, et se leva sans hâte, se dressant de toute sa taille devant l’enfant et son compagnon. Impressionnant ? Le mot était faible : Talenka était un jeune dragon, mais il avait atteint sa taille d’adulte. Ses écailles vertes scintillaient dans le soleil, chacune semblant animée d’une vie propre alors que le dragon s’avançait lentement vers les deux humains. Ses yeux ambrés luisaient d’une lueur curieuse, et ses crocs brillants venaient achever cette peinture aux brillantes couleurs.

Invité

La dragonnier accepta sa demande, Aethar se retint de sauter de joie, d'abord cela ne se faisait pas en compagnie d'un ennemi et en plus il avait mal à la cheville. Aussi il se contenta de hocher la tête pour lui signifier qu'il avait bien compris. Ils se mirent alors à marcher dans la forêt pendant que le jeune elfe pensait à sa rencontre prochaine avec un dragon.

Dire qu'il aimait les dragons serait un euphémisme, il les adorait. Il voulait devenir Dragonnier plus tard et il ne se passait pas une semaine sans qu'il se trouve à proximité des grands reptiles. Il lui arrivait souvent d'être chassé sans ménagement par les dragonniers qui venaient s'entraîner alors qu'il tentait de toucher les animaux et de sentir sous des doigts leur peau rugueuse. En règle générale les dragons aimaient bien Aethar, un jeune elfe totalement en admiration devant eux, mais parfois il arrivait qu'ils refusent sa présence quand il aurait été en danger. Mais là c'était le première fois qu'il allait voir le dragon d'un ennemi. Etait-il méchant comme l'avait dit Tallagh ? Le fait qu'il le mange n'inquiétait pas Aethar, il savait depuis toujours que les dragons ne mangeaient pas les elfes, mais il pouvait tout de même le tuer, enfin s'il ne voulait pas aller à la cité !

Ils débouchèrent alors sur une vaste clairière et Tallagh lui montra l'animal qui se releva. Impressionnant, le dragon était très impressionnant. Mais loin de le montrer Aethar s'approcha en courant presque malgré sa blessure.

Wouah ! Trop beau. T'es magnifique tu le sais ?

Il avait parlé avec une innocence totalement enfantine, ayant oublié la menace de Tallagh, sa blessure et ne se concentrant que sur le dragon. Maintenant qu'il l'avait vu il en voulait plus, il voulait le toucher, il voulait voler avec lui et Tallagh avait encore besoin de ses services donc il pouvait tout demander. Il se tourna brusquement vers le dragonnier et d'un ton encore plus déterminé ordonna.

Et maintenant je veux voler avec lui !

Puis une fois sa demande effectuée il s'avança vers le dragon, sans aucune peur et approcha sa main de son flanc.

[HRP, je te plains Tallagh, tu as avec toi une vrai peste !]

Talenka le regarda s’approcher sans bouger un muscle, observant avec intérêt ce petit bout d’elfe qui détenait un secret si important pour son dragonnier. Malgré ce que Tallagh pouvait bien déclarer, il n’était pas du genre à faire peur aux enfants, et, malgré sa taille, le dragon semblait bien plus curieux qu’autre chose.

Le jeune Parjure laissa l’enfant courir devant, suivant d’un pas plus modéré…et beaucoup moins enthousiaste que le jeune elfe qui le précédait. Pour tout dire, si Aethar n’avait pas détenu un secret aussi important, Tallagh l’aurait sans doute laissé où il était dans la forêt : mais pourquoi ce fichu gosse n’était pas impressionné ? Bon, d’accord, le jeune homme n’était pas des plus impressionnant : ce n’était pas une montagne de muscles, ni même un géant. Il était fin et musclé, grand mais pas trop, dans la moyenne, quoi. Et comme il ne possédait pas une tête de méchant, il avait parfois l’impression qu’on ne le prenait pas au sérieux… pourtant, il ne pouvait pas tuer ce gamin, non ?

Aethar exprima son admiration à Talenka, qui baissa sa tête vers le petit elfe pour le regarder droit dans les yeux, histoire de voir à qui il avait affaire. Le dragon prit la parole, de cette voix de basse qui le caractérisait.

**Je te remercie, petit elfe. Ainsi donc, c’est toi qui pose tant de problèmes à mon dragonnier ? Tu sais, nous ne voulons qu’une réponse, rien de plus. **

**C’est ça que tu appelles de la diplomatie ?**
Intervint Tallagh, les yeux ronds.

**J’ai déjà essayé, ça ne marche pas. **
**Laisse moi faire. **
**Bonne chance !**

Tal’ aimait bien l’attention que lui portait l’enfant, cela sauter aux yeux. En même temps, il ne résistait pas longtemps aux compliments, quel que soit celui qui les lui prodiguait. Tallagh profita que l’attention de son petit otage était entièrement tournée vers Tal’ pour réfléchir à un plan. Option numéro un, tuer ce gosse et faire comme s’il n’avait jamais existé. Option numéro deux, le forcer, il ne savait pas encore comment, à lui indiquer la retraite des Vardens. Et…

La voix d’Aethar le sortit de ses pensées, et Tallagh le regarda, l’air légèrement menaçant. Il rêvait là, ou ce sale môme venait de lui donner un ordre ? Il le prenait pour quoi, une peluche ? Mais alors que le Parjure allait lui expliquer sa façon de penser, la voix de Tal’ l’interrompit.

**Fais ce qu’il te dit. **
**J’ai une tête à jouer les nounous ? Tuons ce gamin, et basta !**
**Non. Ecoute, il ne veut pas te mener à la cité, pas vrai ?**
**Vrai**
**Et même si tu l’y forces, il refusera. Mais si on l’emmène…**
**A Ûru’Baen. Tu veux qu’on le kidnappe ?**
**On le ramènera, quand on saura où se trouve la cité**
**Tal’, t’es un chef. Bravo pour l’idée !**

Entre temps, Aethar s’était approché du dragon, la main levée pour toucher les écailles de jade. Talenka se laissa faire avec douceur, avant de venir frotter son museau contre les vêtements d’Aethar, faisant à nouveau raisonner sa voix dans la tête du jeune elfe.

**Je me nomme Talenka, petit elfe. Et je ne pense pas que ce soit une bonne idée de te prendre sur mon dos. Es-tu assez courageux pour venir ?**

Tallagh ne put cacher son regard admiratif. Tal’ le manipulait, il le savait, mais il igorait qu’il savait aussi manipuler les autres.

Invité

Aethar était heureux que le dragon lui parle. Mais qu'il lui parle de ce qu'il devait faire, trahir les Vardens il bouda. Il n'allait pas se laisser manipuler. Il laissa ses doigts courir sur les écailles mais ne montra aucun signe de plaisir. Il attendait la réponse du dragonnier et il n'allait pas se détendre tant que cette réponse ne viendrait pas. Puis il entendit à nouveau la voix du dragon. Il se nommait Talenka, et il voulait savoir si Aethar était courageux, le jeune elfe eut un sursaut de fierté. D'abord il lui rappelait peu habilement qu'il était censé le conduire aux Vardens, puis il mettait en doute son courage il allait l'entendre, non mais !

Bien sûr que je suis courageux, tu devrais t'en doûter, j'ai tout de même tenu tête à ton dragonnier et il a fini par céder et mon conduire à toi. Alors tu vois ! Et puis oui je veux monter sur toi et je veux voler avec toi.

Un air rusé apparut sur son visage. Il se tourna vers Tallagh sans cesser de caresser le dragon et lui ordonna d'une voix sèche.

Tu es dragonnier, donc tu peux me soigner alors fait le sinon je ne te conduis pas aux miens.

Il se sentait en position de force tant qu'il n'aurait pas donné la position de la cache des Vardens, Talagh serait forcé de lui obéir et jamais il ne lui ferait de mal. L'esprit d'Aethar commençait déjà à imaginer tout ce qu'il pouvait demander aux deux compagnons, voler avec Talenka, voir Tallagh faire de la magie, tout ce que les dragonniers Vardens ne voulaient jamais faire avec lui. Il sourit à ces pensées oubliant totalement que l'homme en face de lui pouvait très bien le blesser ou le torturer pour obtenir les informations.

[HRP : on peut plaindre le pauvre Tallagh xD]

[Je vais le tuer ! Xd]

Quand l’enfant exprima son désir de voler sur le dos du grand dragon, Tallagh songea que l’idée de Tal’ était la meilleure. Tant pis s’il ne pouvait pas forcer ce gosse, quelqu’un de plus qualifié que lui saurait le faire parler. Après tout, il était dragonnier, et pas vraiment compétent pour régler ce genre de problème. Et que lui coûterait-il d’emmener ce gamin à Ûru’Baen ? Il avait promis à Aethar de le ramener sain et sauf chez lui, mais uniquement si ce dernier lui montrait où se trouvait ce fameux « chez lui ». Si ce sale gosse ne voulait pas rentrer, après tout, tant pis pour lui !

Tallagh en était à ce point là de ses réflexions quand Aethar attira son attention… pour lui donner un ordre. Le dragonnier le considéra un moment d’un air ahuri, essayant sans doute de bien comprendre ce que le petit venait de faire. Lui donner un ordre, oui, il avait bien entendu. Le jeune Parjure inspira une grande bouffée d’oxygène pour calmer la colère qui montait en lui et, très calme, s’approcha de l’enfant. Ceux qui le connaissaient auraient aisément deviné que c’était justement quand Tallagh semblait le plus calme qu’il fallait s’en méfier, mais Aethar, lui, ne le connaissait pas.

Tallagh se planta devant le petit garçon et, attrapant brusquement le col de sa tunique, le souleva brusquement de terre, pour bien le regarder dans les yeux. Il avait l’air assez menaçant comme ça, et cette impression se retrouva vite confirmé lorsqu’il annonça

Je ne crois pas, non. Ca suffit, ce petit jeu : j’ai été très gentil jusqu’à maintenant, mais ma patience a atteint ses limites. Je te laisse deux choix : tu me conduis immédiatement à la cité, ou je t’emmène visiter un endroit qui, j’en suis persuadé, ne te plaira pas du tout.

Sa voix était froide, contenue, et une lueur mauvaise brillait dans ses yeux verts. Il avait laissé faire Aethar jusqu’à maintenant, mais ce n’était pas un gamin qui ferait sa loi. Repoussant l’enfant contre Talenka d’un mouvement du poignet, sans faire attention à la blessure du petit elfe, il dégaina son épée et s’approcha d’Aethar, ne lui laissant aucune possibilité de fuite.

Alors ? Je t’écoute, et tu as intérêt à te dépêcher. Je te l’ai dit, j’ai pas toute la journée.

Invité

Aethar ne prêta aucune attention à l'arrivée du dragonnier, que pouvait-il lui faire il avait besoin de lui. Mais quand il fut soulevé par le col de sa tunique il se dit qu'il n'était peut-être pas si en sécurité que cela. Il fixa l'homme d'un air mauvais et écouta son discours. Alors c'était fini, il n'avait plus le choix. Quelle galère, il ne pouvait donc plus jouer sur cette carte. Mais il savait qu'il pourrait trouver une solution pour ne pas trahir les siens. Avant même qu'il ait pu répondre l'autre le lança au sol et Aethar poussa un cri de douleur. Tallagh n'avait même pas fait attention à sa blessure, cela signifiait certainement qu'il n'allait jamais la soigner.

Alors que le jeune elfe s'apprêtait à se relever, Tallagh vint vers lui son épée à la main et le menaça. Aethar n'apprécia pas du tout cette technique d'intimidation et se releva d'un bond. Poussant un cri de douleur il retomba au sol meurtri. Il ne pouvait pas se lever, la douleur à sa cheville était trop forte maintenant. Et c'était de la faute du dragonnier. Quand il l'avait lancé au sol, sa cheville avait poursuivit sa torsion et maintenant le jeune elfe s'était fait une magnifique entorse ouverte. Il sentait ses muscles et ses tendons totalement douloureux et il avait les larmes aux yeux. Il s'essuya le visage d'un geste rageur pour rampa pour s'asseoir dans une position plus digne.

Aethar fixa le dragonnier avec une lueur de fureur dans le regard puis porta son attention au dragon en étant cette fois complètement blessé. L'animal n'avait pas daigné intervenir alors qu'il avait paru si gentil au jeune elfe. Il était blessé par les changements d'attitude jamais personne n'avait été aussi méchant avec lui. Oh bien sûr il avait été puni à de nombreuses reprises, mais jamais on le l'avait intentionnellement blessé et là il ne savait plus quoi faire. Il devenait un enfant meurtri qui n'avait aucune solution pour éviter la douleur et la peine. Il inspira profondément pour garder le peu de fierté qui lui restait et ne pas éclater en sanglots et se perdit dans la contemplation de la terre à sa droite. Il n'osait pas regarder le dragonnier quand il allait parler. Il rassembla tout son courage et prononça d'une voix hachée.

Je ne ... peux pas ... dire ... où elle ... est ... je suis ... perdu... Je sais plus... comment... rentrer...

Il sentait ses yeux se mouiller de larmes, il avait peur, il avait mal, il voulait retrouver les siens et ne plus être tourmenté. Il plongea son regard ravagé par les larmes dans celui du dragonnier.

C'est la vérité, je vous jure !

Tallagh regarda sans le moindre état d’âme l’enfant à terre. Il lui avait fait mal, cela se voyait et, bizarrement, le dragonnier n’éprouvait aucun élan de pitié pour ce petit elfe. Etrange comment certaines personnes peuvent réagir lorsque la raison reprend le dessus… et c’était justement ce que le jeune homme venait de faire : retrouver la raison. Si la vie de Louve, ou celle des enfants, avait été menacée, il n’aurait pas hésiter une seule seconde avant de tuer ce petit bonhomme. Et s’il parvenait à faire cracher le morceau à l’enfant, Tallagh savait que son secret n’en serait que plus à l’abri : plus il gagnait en estime, moins on se poserait des questions sur son comportement parfois bizarre. Donc, il n’était plus temps d’avoir des sentiments.

Le Parjure posa son regard froid sur l’enfant, indifférents aux larmes qu’il voyait briller dans ses yeux. Talenka, lui non plus, n’avait pas bougé, et les deux compagnons pensaient savoir ce qu’il se passait dans la tête du petit : fureur, incompréhension, désespoir. Personne n’avait jamais du lui faire subir ce qu’il venait de connaître, et Tallagh, au fond de lui, s’en voulait un peu d’en être la cause. Mais en même temps, si le petit avait tout de suite obéi, rien de tout ça ne serait arrivé.

Tallagh serra plus fort sa main sur la poignée de l’épée, refoulant les sentiments qu’il éprouvait. Tout aurait été bien plus simple pour Aethar s’il avait parlé tout de suite, car maintenant, comment sortir de cette situation sans lui faire du mal ? Tallagh n’avait plus vraiment le choix… il écouta calmement les paroles du petit elfe à ses pieds, et remarqua bien son regard brillant de larmes quand il lui assura qu’il était bel et bien perdu. D’une voix menaçante, il se pencha vers lui.

Donc, si je comprend bien, tu m’as joué cette comédie uniquement pour… pourquoi, au juste ? Pour le plaisir de jouer avec le feu ? Manque de chance, tu t’es brûlé.

Il releva l’enfant sans douceur, et s’agenouilla pour regarder sa blessure. Une sacrée entorse : le petit devait serrer les dents pour ne pas pleurer, Tallagh en était sur. Relevant les yeux vers lui, il demanda d’une voix neutre.

Je peux te soigner, mais à quoi ça m’avancerait ?

Invité

Aethar tentait sans succès de retenir ses larmes. Pourquoi le dragonnier était il si méchant avec lui. Pourquoi ne le laissait-il pas en paix ? Il regarda le dragonnier avancer avec un air cruel sur le visage. L'homme le redressa sans ménagement ce qui fit pousser un cri au jeune elfe. Puis Tallagh l'accusa d'avoir menti depuis le début. C'était faux, il avait l'espoir de retrouver son chemin, il avait même repéré le trajet pour rentrer quelques temps avant. Mais maintenant il ne savait plus du tout où ils étaient. Il fallait qu'il sorte de la forêt et qu'il retrouve ses repères mais ce n'était pas facile. Il chercha ensuite une raison pour que l'homme le soigne. Il n'en avait aucune à formuler qui ne puisse pas lui donner un grand avantage sur son ravisseur. S'il le soignait, Aethar partirait aussitôt dans un arbre et bondirait de branches en branches sans laisser une chance au dragonnier. Mais il allait en trouver une. Il lui fallait en premier répondre à la première question. Ce qu'il fit tout en masquant le mieux possible son envie de pleurer de plus belle.

J'ai cru que j'allais retrouver mon chemin au début. Et quand vous m'avez emmené tout à l'heure j'ai retrouvé mes repères, mais maintenant je ne sais plus où je suis et j'ai trop mal pour marcher.

Il quitta le dragonnier du regard et fixa ses yeux sur le dragon. L'animal lui paraissait plus gentil que son maître. Il avait une idée, mais est-ce que le dragonnier allait accepter. Rien n'était moins sûr.

Si vous me soignez et que je monte sur le dragon du ciel je verrais certainement un point de repère et je vous montrerais ce que vous voulez voir.

Le jeune elfe n'avait plus le choix, il lui fallait coopérer le plus longtemps possible et il allait le faire, pour le moment.

» Un chat contemplant le lac