Jdr-Eragon
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 Lettre à mon Père [Monologue de Tallagh]

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Tallagh
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MessageSujet: Lettre à mon Père [Monologue de Tallagh]   Lettre à mon Père [Monologue de Tallagh] Icon_minitimeSam 17 Mar - 19:57

[Si vous avez des commentaires, écrivez-les dans le flood Very Happy]

Assis à son bureau, dans la petite maison qu’il avait offerte à sa fiancée, Tallagh était penché sur un parchemin encore vierge, silencieux et concentré. Une bougie vacillait près de lui, mais le jeune homme gardait les yeux fixés sur sa feuille, comme s’il y déchiffrait quelque chose que nul ne pouvait voir.

Trempant sa plume dans le flacon d’encre posé à ses côtés, le dragonnier commença à écrire, comme s’il était seul au monde


A mon Père…

Pourquoi est-ce que j’écris cette lettre, alors que je sais pertinemment que tu ne la liras jamais ? Pour autant que j’en sache, Mère et toi êtes peut-être au Surda maintenant, ou tombés en chemin. Je l’ignore, et je ne le saurais probablement jamais. En tout cas, il y a fort peu de chance pour que tu lises ces mots un jour, sans compter que je ferais certainement brûler cette lettre après l’avoir écrite. Pour quoi alors, pourquoi dépenser de l’énergie, du temps à faire une chose que je sais d’avance complètement inutile ? La réponse est simple : j’en ai besoin. J’ai besoin de te parler, même si c’est au travers d’une plume. J’ai besoin de toi, mon Père, j’ai besoin d’explications, de vérités, pour pouvoir enfin me détacher de toi, de tes mensonges. Tu ne m’as jamais aimé, et même si je sais pourquoi, je voudrais l’entendre de ta bouche, je voudrais que tu me le dises en face : Pourquoi n’as-tu jamais accepté ton propre fils, la chair de ta chair, qui faisait tout pour être à la hauteur ?

Il s’est passé beaucoup de choses depuis votre départ, à toi et à Mère. Tellement de choses que parfois, j’ai l’impression de perdre pied et de ne plus pouvoir faire face. J’aimerais tellement arrêter de lutter, me cacher la tête sous l’oreiller et entendre la voix de Mère me dire que tout va bien aller… mais ce ne sont que des illusions, et les illusions n’ont pas leur place dans la vie d’un homme. Un autre de tes fameux proverbes !

Peu après votre départ, donc, je suis rentré au service du Roi, plein de colère et surtout, bercé par les récits de bravoure et d’honneur que j’entends depuis que j’ai trois ans. J’ai découvert une toute autre réalité, mais pourtant, je n’ai jamais lâché prise. Je suis aussi têtu que tu peux l‘être, et je m’étais juré de ne jamais abandonné. Finalement, à force de patience et de souffrances, j’ai obtenu ce que je voulais, ce dont je rêvais : une place dans ce monde bouleversé. De l’honneur, du confort, de la reconnaissance : tout ce dont tu avais refusé de me faire don depuis que je suis né, depuis que Talenka s’est lié à moi. Je ne vais pas revenir sur ça, ne t’inquiètes pas. Tu n’as jamais accepté l’idée que je devienne soldat, et encore moins dragonnier de l’Empire. Pourquoi ? J’avoue que même maintenant, je l’ignore. Etais-ce la peur que je meure au combat, ou un brusque accès de culpabilité lorsque tu as réalisé qu’un jour ou l’autre, je saurais que tu m’as élevé dans le mensonge ? Un monde tout beau, tout rose, ou rien ni personne ne souffre, car souffrir, c’est réservé aux traîtres et aux gens sans éducation. Des mensonges dont toute ma vie, on m’a assuré la véracité. Des mensonges…

J’ai travaillé dur pour devenir un dragonnier acceptable, et encore plus pour devenir un soldat dévoué à ce Roi que j’admire, et dont, les derniers moments, tu m’as dit tant de mal. Je ne suis pas aussi naïf que tu peux le penser : je sais que Galbatorix fait du mal, tue, et parfois, pour une cause bien plus sombre que son combat. Mais Père… ce n’est pas un traître à l’Alagaësia, au contraire ! Il essaye de reconstituer l’ordre des Dragonniers, il fait tout ce qu’il peut, malgré les oppositions, pour redonner à l’Alagaësia sa force et son honneur d’antan, en s’efforçant de remettre sur pied un pays déchiré par les luttes. Un chef, même cruel, vaut mieux que pas de chef du tout. Galbatorix est cruel, dénué de bonté, mais il reste un chef exceptionnel. J’ai étudié les grands monarques, et je sais qu’il en fait partie. Ses méthodes sont peut-être discutables, mais son rêve… Son rêve est fou, mais réalisable. Il peut unifier l’Alagaësia, et sortir de la misère tous ses habitants. Seulement, les oppositions sont de plus en plus nombreuses, et il n’a d’autres choix que de sévir. Elfes, Vardens… tout y passe, et d’un côté, je suis d’accord avec lui. Comment réunifier le pays en laissant la haine de certains envahir le cœur des habitants ?

Mais je ne suis pas là pour parler politique, je suis là pour parler de moi, ton fils. Si tu voyais ce que je suis devenu, tu serais fier de moi, je le sais. Et la plus belle chose qui m’est arrivé se nomme Louve. Oui… c’est une elfe, et je crois que ce serait bien la seule raison pour laquelle tu ne l’apprécierais pas. Elle est… si merveilleuse, si belle et si … tellement bien que je me demande encore comment je suis parvenu à la séduire. Quand je l’ai vu pour la première fois, je n’ai pu m’empêcher de l’admirer : c’est une guerrière, et elle dégage une telle aura… Mais je ne voulais pas croire que c’était de l’amour, seulement une attirance due à son statut d’elfe. Mais quand je l’ai revu, j’ai su que je me voilais la face. Elle hantait tous mes rêves, toutes mes pensées : j’avais du mal à vivre loin d’elle, je n’avais plus faim, plus soif, plus envie de rien. Si c’est ça l’amour… c’est affreux mais en même temps, tellement bon. Quand je la vois, j’ai l’impression que mon cœur s’arrête de battre, que mes jambes vont se dérober sous moi, que je vais mourir de bonheur. Tal’ se fiche de moi à chaque fois, mais je n’y peut rien. Je l’aime, et je suis complètement sous son charme quand elle est près de moi. Et pourtant…

C’est une elfe. Je suis dragonnier. Et voilà bien le problème : on ne peut pas être ensemble. J’ai ordre de traquer les opposants à l’Empire, elle travaille pour les Vardens. On a des idées diamétralement opposées, des idéaux presque contraire. Et pourtant, je l’ai demandé en mariage. Je dois être complètement suicidaire, mais je suis tellement heureux que je m’en fiche. Oui, Père, ton fils est fiancé. A la femme la plus belle qui puisse exister.
J’aimerais tellement que tu la connaisses, que tu la rencontres. Elle vous plairait, je le sais : elle ferait votre conquête aussi facilement qu’elle a fait la mienne.

Mais si on se voyait enfin, j’aurais tellement d’autres choses à te dire, à t’expliquer !

Mais peux-tu seulement m'entendre? Quand j'étais petit, tout petit, je devais avoir cinq ou six ans, tu m'as pris sur ton cheval, Perchil, tu te souviens? Qu'est-ce que je le détestait! J'avais toujours l'impression qu'il allait me mordre, avec ses grands yeux qui me fixait dès que je sortais de la maison pour aller dans la grange. Bref, tu m'a pris sur ta selle, et nous sommes partis pendant trois semaines, pêcher dans un lac où tu te rendais avec ton propre Père. Tu m'as raconté tellement de choses ce jour-là, tellement de secrets, de confidences et de secrets que le soir, je refusais d'aller me coucher pour que tu continues. Je finissais par m'endormir dans tes bras, comme un rituel, et je me réveillais le matin, enroulé dans ta couverture tandis que tu étais déjà debout, assis sur un petit banc, et que tu me regardais.

Je me souviens de tout : l'odeur de notre feu de camp, les arêtes qui craquaient sous les dents, les bruits de la forêt. Je crois que ces trois semaines ont été les seules de ma vie où j'ai eu l'impression que je comptais pour toi, que tu étais fier de moi et que je ne te décevrais pas. Ca peut paraître cruel, mais tu étais comme ça : jamais de câlins, jamais un seul geste montrant que tu t'intéressais à moi. Et pourtant, ces trois semaines, tu m'as enfin montré que tu étais mon Père. Je pense que toute ma vie, je me souviendrais de ce que tu m'as dit, alors qu'on repliait la tente et que tu chargeais notre cheval de bât.

Il y a un temps pour tout dans la vie, et celui d'aimer vient de disparaître.

Pourquoi? Que t'es-t-il arrivé pour que tu ne puisses pas montrer que tu aimais ton fils? M'aurais tu mis en danger, tes adversaires se seraient-ils servit de moi? Mère me l'as expliqué, tu sais. Tu ne l'as jamais appris, et même sur son lit de mort, je pense qu'elle ne révèlerais pas notre secret, mais je savais. Je savais que tu avais décidé de cesser de m'aimer. A cause de qui j'étais, et de qui j'allais devenir. Un Dragonnier. Pourquoi crois-tu que je ne disais rien, et que je subissais, jour et nuit, l'entraînement que tu voulais à tout prix me donner? Pourquoi crois-tu qu'un gamin de huit ans accepterait de rentrer chez lui avec le nez en sang, le corps couvert de marques de coups, de bleus et d'entailles? Par amour pour un Père qui n'en avait rien à faire? Crois-tu vraiment que j'ignorais ma destinée? Je savais tout, tout, depuis mes 6 ans.

Je savais pour l'histoire de l'oeuf, de l'épée. Je savais pour la voyante. Je savais pour mon destin et, paradoxalement, tu étais le seul à ignorer que je le savais. Pourquoi ne pas m'avoir tout dit, je n'aurais pas protesté! J'aurais au moins eu la certitude que tu m'aimais, même si tu essayais de toutes tes forces de faire comme si je n'étais pas ton fils. Pourtant, je n'étais pas si différent de toi : je te ressemble, je pense la même chose que toi. Pourquoi tu ne voulais pas de ce destin pour moi? Si un jour je te retrouve, ce sera la première question que je te poserais. Pourquoi?

Talenka vient de se réveiller, il a jeté un regard sur ma lettre mais n’a rien dit. Il comprend… peut-être bien plus que tu ne pourrais comprendre, toi. Tu n’as jamais rien compris, de toute façon, tu es resté aveugle jusqu’à la fin. Me faire changer d’avis, c’était si simple pourtant, il aurait fallu un mot, une marque de tendresse, mais tu étais incapable de ma la donner. Pourquoi crois-tu que j’ai voulu devenir soldat, par bonté d’âme ? Je n’en ai rien à faire de sauver des vies, surtout celle des habitants les plus pauvres de l’Alagaësia. Tu comprends ça ? Rien à faire ! J’avais juste envie qu’on s’occupe de moi, qu’on me donne quelque chose que tu étais incapable de me donner : l’impression de compter aux yeux de quelqu’un. Je n’ai jamais eu cette impression, jamais.

Cette lettre a des airs de procès, et en fait, je me demande si ce n’en est pas un. Comme je l’ai dit, je suis convaincu que tu ne la liras jamais, mais ça fait tellement de bien de m’épancher ! Je ne peux pas dire que je te déteste, ce serait un mensonge : tu es mon père, et je te respecte pour ça. Mais c’est tout : ma vraie famille, mes vrais parents, c’étaient les soldats, et Talenka. Il a toujours été là pour moi : quand j’avais du remords, du chagrin, quand je doutais de moi ou de ce que je faisais, il n’a jamais flanché. Il est présent près de moi, plus présent que tu ne le seras jamais.

Tu te souviens d’une question que je t’avais posée, le jour de mes 12 ans ? Pourquoi tu ne me donnais pas un frère… tu te souviens de ta réponse ? Elle était si simple pourtant, si facile à donner, et en même temps si cruelle pour un gamin de douze ans qui croyait que son père était le plus grand héros du monde.

J’ai déjà un fils, m’as-tu dit, quelle utilité d’en avoir un deuxième ? Le premier est un bien assez lourd fardeau comme ça.

Tu imagines ce que ça fait, d’avoir 12 ans et de comprendre que mon père me déteste ? Je me suis trompé, au début de cette lettre, et je viens juste de m’en rendre compte. Je croyais que malgré tout, que malgré ton absence d’amour et d’affection, tu m’aimais. Je viens juste de réaliser que j’avais faux sur toute la ligne : tu ne m’a jamais aimé, jamais. Je représente à tes yeux tout ce que tu aurais aimé être, et tu ne supportes pas que ce soit moi, plutôt que toi. Tu me détestes parce que tu m’envies. Tu veux savoir quelque chose ? Il n’y a rien à envier, jamais tu n’aurais pu devenir ce que je suis, tu n’avais pas assez de qualités pour ça. Comment as-tu pu devenir aussi riche, comment as-tu pu te marier à une femme aussi admirable que Mère, personnellement, je penche entre la sorcellerie et les menaces. Jamais une femme comme Mère n’aurait du t’épouser.

Ecrire cette lettre me fait me souvenir de tous ces tourments d’enfant mal-aimé, de tout ce à quoi j’aspirais. Peut-être que je ne la terminerais pas, c’est beaucoup trop dur de se souvenir, beaucoup trop dur… j’ai assez de problèmes comme ça, sans m’accabler encore d’autres !

Oh fait, j’ai repris la maison, tu sais, celle des Plaines de Marna, près de la rivière [la rivière de notre enfance Xd] Je ne sais pas si tu te souviens, mais j’adorais cette maison, je passais mes journées à pêcher et à courir dehors. Maintenant, c’est devenu notre maison, à Louve et à moi. Notre maison… c’est étrange de dire ces mots, et je le mesure maintenant. Mais tout est étrange dans ma vie depuis que je l’ai rencontrée et bizarrement, ça ne me déplaît pas. Parfois, je m’assois sur le petit banc, celui que j’avais construit avec le jardinier. Je me souviens encore de ma fierté quand je l’avais amené, de la joie de Mère et de regard que tu m’as lancé, en me disant qu’un enfant de la noblesse n’avait pas à se salir les mains, surtout pour des choses aussi futiles. Mais bref… parfois, le soir, quand je m’assois sur ce banc pour regarder le coucher de soleil, je me surprend à rêver de famille, d’enfants courrant en poussant des cris de joie, de ma femme, pleine d’un enfant que j’attend avec impatience, de bonheur et de petits riens qui forment une famille heureuse. Une famille… dire qu’il y a à peine deux ans, je m’étais juré de ne pas avoir d’enfants, car je ne voulais pas devenir comme toi. Mais depuis que je suis fiancé à Louve, j’ai presque oublié mes peurs et mes souffrances. Elle a un don pour me remonter le moral et surtout, pour augmenter ma confiance en moi. Pourtant, jamais je ne lui ai parlé de toi, jamais, d’ailleurs, je pense ne jamais le faire. Elle a assez, nous avons assez de problèmes sans parler de mon Père et de ma peur de devenir, à mon tour, papa.

Sans compter que ce n’est pas pour tout de suite, enfin j’espère ! Parce que si, ces derniers temps, nous nous réunissons une fois par semaine, c’est vraiment un exploit ! Galbatorix est sur les nerfs en ce moment, il exige des résultats et je ne suis pas apte à lui en donner. Dire que ça risque de chauffer est un doux euphémisme… Et d’ailleurs, ça commence à m’inquiéter. Car plus que moi-même, j’ai maintenant deux êtres à protéger, Tal’ et Louve.


Dernière édition par le Sam 17 Mar - 19:58, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Lettre à mon Père [Monologue de Tallagh]   Lettre à mon Père [Monologue de Tallagh] Icon_minitimeSam 17 Mar - 19:57

Talenka. Je me souviens encore de ta réaction quand j’ai expliqué qu’il avait choisi ce nom. Talenka, mon conte préféré. L’histoire d’un petit garçon à qui il arrivait les pires malheurs, mais qui s’en sortait toujours grâce à ses parents et l’aide de ses amis. Tu te souviens de la dernière phrase ? Je suppose que non, seul un père digne de ce nom s’en souviendrait. A la fin de l’histoire, Talenka disait toujours : l’Amour est la plus belle des armes, et l’Amitié est son plus fidèle allié.

Cette phrase est resté gravée dans mon cœur d’enfant, et je ne l’ai jamais complètement oubliée. Même Talenka la connaît, alors qu’il n’a jamais entendu l’histoire. Mon dragon a bien grandi, si tu le voyais. Il mesure près de 5 mètres, maintenant, et ses ailes sont d’une envergure telle que honnêtement, je n’ai pas mesurée. Il a pris du poids, de l’assurance, et il crache du feu. Il a toujours un avis très tranché sur ce que je dos faire ou ne pas faire, mais c’est le petit frère que tu n’as jamais voulu me donner, et nous sommes plus liés que tout. Tiens d’ailleurs, là, il vient de s’approcher. Il lit dans mes pensées, même ce que j’essaye de lui cacher. De toute façon, c’est peine perdu : un dragon et son dragonnier n’ont pas de secrets l’un pour l’autre. Peut-être était-ce de ça que tu avais peur : je suis plus lié avec mon dragon qu’avec mon propre père. Parfois, je me demande quelque chose : si je n’étais pas destiné à être un dragonnier, si cette augure s’était trompée, si…. Est-ce que tout aurait été différent ? Est-ce que tu m’aurais accordé l’attention que je réclamais tant ?

Je ne pourrais jamais répondre à cette question, jamais, et ça ne fera que me torturer l’esprit si j’y pense. Pourtant… si seulement tu pouvais être là, si seulement tu pouvais répondre à toutes mes questions, te défendre de toutes mes accusations ! Parfois, quand je suis seul le soir, je regarde les étoiles et je me dis que tu es toi aussi, quelque part je ne sais où, et que tu penses toi aussi à moi, à tous tes mensonges, à ta trahison.

A son crédit, Galbatorix ne m’a jamais traité comme étant le fils d’un traître, et pourtant, je suis persuadé qu’il sait pourquoi vous vous êtes enfuis, Mère et toi. Je suis quasiment sur qu’il l’a appris, et pourtant, il ne me l’a pas fait payé, m’a donné une éducation, et m’a rendu mes terres. S’il était le monarque cruel que tout le monde s’efforce de croire qu’il est, je ne serais plus de ce monde, et je n’éprouverais plus de haine pour toi, que je continue à appeler Père malgré tout. Parce que c’est plus fort que moi, c’est le seul nom que je t’ai jamais donné. Comment pourrais-je t’appeler autrement, de toute façon ? Je suis ton fils, et rien de ce que je peux éprouver ne changera jamais.

Si tu es au Surda, tu as dû entendre parler de Murtagh, et d’Eragon ? Non non, ce n’est pas un changement de sujet. Je suis triste de ne les avoir jamais rencontré, ni l’un, ni l’autre. Ils auraient pu m’apprendre des choses, comme vivre avec le souvenir d’un Père absent. Bien sûr, ce sont des traîtres, tout les deux. Mais quand j’y pense, nous avons quelques points communs. Pas grand-chose, je te l’accorde, mais… arf, pourquoi je pense à ça, moi ? Parce que j’aurais enfin l’occasion de parler à quelqu’un qui pourrait comprendre ce que je ressens, quelqu’un qui pourrait me parler, pas comme ce stupide bout de papier ? C’est une idée stupide. Celui qui est le plus à même de me comprendre, c’est Tal’. Ou peut-être pas.

Personne ne peut savoir ce que ça fait de vivre avec un père qui ne vous aime pas, de vivre avec un homme que vous cherchez toute votre vie à contenter, et qui ne sera jamais content, et pour cause : il vous envie, il vous hait parce qu’il voudrait être à votre place.

Me hais-tu, Père ? Encore une question qui restera sans réponse, encore une question que je pose en sachant pertinemment que je n’aurais jamais la réponse.
Mais ce n’est pas grave, non. Je n’ai pas besoin de toi, je n’aurais jamais plus besoin de toi, et il m’a fallut écrire cette lettre pour le comprendre. Je n’ai pas besoin d’un Père, parce que je n’ai jamais compté sur toi. Inconsciemment, je savais que je n’avais rien à attendre de toi, mais je ne pouvais m’empêcher de chercher à obtenir un mot, un geste. Toutes nos disputes, tous nos heurts… et il me fallait cette lettre pour comprendre.

Du moment où tu savais, du moment où tu savais qui j’étais, tu as cessé d’être mon Père. J’ai compris. Je suis un homme, je suis capable de mener ma vie tout seul : je n’ai jamais eu besoin de toi, hier, aujourd’hui ou demain. Je ne peux compter que sur moi, sur mes amis, sur ma fiancée. Comment disait ce conte déjà ?

L’Amour est la plus belle des armes, et l’Amitié est son plus fidèle allié.

Je n’ai pas besoin de toi, j’ai l’Amour et l’amitié, et eux m’aideront à me forger un avenir, un avenir que je choisirais moi-même. Au moins, tu m’as aidé à ouvrir les yeux, et pour ça, je pense que je dois te remercier. Merci Père.

Oh, encore une chose. Contrairement à ce que j’ai pu écrire ou même penser, je ne te déteste pas, je ne t’ai jamais détesté, même si pendant des années, j’ai essayé de me persuadé du contraire. Non, je ne t’ai jamais détesté, et cela pour une seule raison. Tu es mon père, et même à contrecœur, tu as participé à faire de moi l’homme que je suis maintenant. C’est peut-être le plus beau cadeau que tu pouvais me faire : m’aider à devenir moi-même.




Tallagh reposa la lettre, et la relut attentivement avant de regarder le dragon, qui, par la fenêtre, posait ses yeux sur lui. Avec un pâle sourire, le jeune homme se leva et, tendant le bras, lança la lettre dans l’âtre vide.

Brisingr

Chuchota-t-il, contemplant le parchemin qui, doucement, se consumait, avalé par les flammes suscité par l’ancien langage.

Ainsi finit la haine, ainsi commence l’oubli.

Murmura-t-il avant de se détourner.
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MessageSujet: Re: Lettre à mon Père [Monologue de Tallagh]   Lettre à mon Père [Monologue de Tallagh] Icon_minitimeMar 29 Mai - 23:10

J'ai verrouillé le sujet, dimanche il sera mis à la corbeille sauf avis contraire de votre part.
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MessageSujet: Re: Lettre à mon Père [Monologue de Tallagh]   Lettre à mon Père [Monologue de Tallagh] Icon_minitime

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